Pirates : oubliez les Caraïbes et Johnny Depp, bouffez du rat avec Polanski

Simon Riaux | 20 février 2022
Simon Riaux | 20 février 2022

Avec PiratesRoman Polanski devait passer à l'abordage du box-office.  Il en résultera naufrage industriel et une création mal-aimée. À tort ?

Cannes, 1986. Les cinéphiles sont restés sans nouvelles de Roman Polanski huit longues années, et se demandent comment ils retrouveront, presque une décennie après le triomphe de Tess. Son grand retour doit donc s’effectuer sur la Croisette, avec Pirates, présenté hors compétition, en ouverture des Festivités. Pour qui n’aurait pas déjà compris quel sera le sujet du long-métrage, la campagne délirante qui s’ouvre alors ne laisse guère de doutes. 

En effet, un vaisseau pirate mouille dans le port de la ville, baptisé Neptune. On y a même vu lors de son arrivée le réalisateur et tout son casting, posant fièrement, épée à la main et en costume s’il vous plaît ! Il s’agit d’un véritable bâtiment, conçu pour le film, qui a coûté à lui seul quelque 8 millions de dollars, ce que ses producteurs crient à tue-tête.

Budget massif, largement dépassé durant le tournage, faste des décors, des costumes, profusion d’accessoires, tout concourt à faire du long-métrage un évènement. Sauf que personne ne sait vraiment de quoi il est question. Les financiers qui ont misé sur le retour de Polanski craignent d’avoir eu les poches percées par un corsaire qui a réalisé quelque chose qui tranche franchement avec sa carrière passée, le cinéaste veut retrouver l’esprit aventureux du cinéma flibustier de son enfance et le public s’attend à une sympathique croisière. 

Un bide stratosphérique et une incompréhension générale plus tard, le film, souvent désigné comme le pire de son auteur, aura laissé presque tout le monde à quai, y compris son formidable Neptune, qui mouillera quinze années supplémentaires dans le port de Cannes. Un abordage raté, pour un film qui mérite grandement sa réputation, puisqu’il s’agit du meilleur Pirates des Caraïbes

 

Pirates : AfficheUn programme bien salé

 

JACK MATTAU 

Pour une nouvelle génération de spectateurs, la piraterie est désormais synonyme de démarche mal assurée, entre le funambule et le sac à vin, de maquillage épais et de scènes d’action dantesques, grâce aux trois premiers Pirates des Caraïbes de Gore Verbinski, et notamment grâce à la performance irrésistible d’un certain Johnny Depp. Il y interprète Jack Sparrow, capitaine du Black Pearl, pas tant un égorgeur des mers qu’un loufiat toujours en quête d’arnaques et trésors divers. Son apparente nonchalance et ses airs de génie de la lampe arraché au cinéma muet vont instantanément impressionner la pellicule et la mémoire collective. 

Mais, contrairement à ce qu’on a pu écrire un peu vite, Sparrow n’est pas tout à fait un Errol Flynn beurré comme une otarie. Disons que ce modèle est bien insuffisant pour comprendre l’équation de Depp, dont on a beaucoup de mal à se dire qu’il n’a pas revu le Pirates de Polanski avant d’embarquer pour les Caraïbes. La mésaventure de Polanski s’ouvre d’ailleurs presque comme celle de Verbinski, puisque nous découvrons l’emblématique corsaire sur une embarcation de fortune. 

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commentaires
Miami82
21/02/2022 à 13:31

Pas vu depuis très longtemps; de mémoire, je n'avais pas accroché.

Kojak
21/02/2022 à 10:12

Un film très drôle. Vivement une nouvelle comédie de Polanski, il sait faire (voir le bal des vampires)


21/02/2022 à 09:57

Ca tombe bien ça fait quelques temps que je veux le voir, mais difficilement trouvable en VOD.
Peut etre chez orange, je testerais ça plus tard.

Bel article qui donne envie en tout cas!

Julien
21/02/2022 à 06:15

Dans ma vidéothèque je n'ai aucun film de Polanski et ce n'est pas seulement parce qu'il est un pédophile .

Fox82
20/02/2022 à 23:53

Réalisateur pédophile.

Pieriku
20/02/2022 à 21:07

L'un de mes films préférés, tout simplement.

Pat Rick
20/02/2022 à 20:15

Un film sympathique.

Kyle Reese
20/02/2022 à 13:41

Beaux décors, beaux costumes, bons interprètes mais assez lourd tout comme le bateau à manœuvrer.
Pourquoi Pirates des Caraïbes a fonctionné. Parce que Deep a crée une sorte de mélange de Charlot et de Buster Keaton qui attire tous les regards. Et les films sont très cinétiques même si trop long a mon goût.
Walter Matthau aurai pu faire un superbe capitaine Haddock.

Ray Peterson
20/02/2022 à 13:10

Mouais, assez fan du Walter, mais franchement ce film est pas mal chiant non ?
Pas la période de Polanski que j'aime (malgré son Frantic après et encore) jusqu'à La Jeune Fille & la Mort. Bon il a pas fait beaucoup de film sur cette période mais ça se sent. Pour en revenir au film, les décors sont fabuleux, les comédiens et tout... Mais looooooong. Après, belle tentative d'essayer de remettre ce genre de film au gout du jour. Une co prod européenne qui peine.

rientintinchti
20/02/2022 à 13:09

Le film n'est franchement pas terrible. Polanski a toujours été surévalué et sacralisé artificiellement.
Bien avant de savoir que c'était un violeur pédophile je n'aimais pas son cinéma mais là en sachant ça j'avoue que ça me dégoute encore plus.

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