Ghost Dog : quand Jim Jarmusch mixe le film de samouraï et le hip hop
Quand Jim Jarmusch s'approprie les codes du film du samuraï, cela donne Ghost Dog, la voie du samouraï, qui revisite les canons du chanbara à la sauce hip-hop.
La voie du samouraï aurait pu être le titre d'un film d'Akira Kurosawa. Honneur, dévouement, courage, obéissance à un code moral inébranlable... L'imaginaire et la mythologie de la figure du samouraï sont riches, denses, et le terreau d'innombrables fantasmes tant littéraires que cinématographiques. Des fantasmes qui s'étendent bien au-delà des frontières du Japon, ayant traversé le Pacifique pour aller se lover dans le cinéma américain, de John Sturges avec Les Sept mercenaires (remake des 7 samouraïs) à Quentin Tarantino avec Kill Bill.
Mais quand le trublion Jim Jarmusch s'empare du mythe du samouraï, ce n'est pas pour le régurgiter comme il l'avait avalé. Le réalisateur prend son pied à le tordre et à le déconstruire, afin d'en extraire la substantifique moelle, pour parvenir à le sublimer. Plus honorable que le plus honorable des samouraïs, plus loyal que le plus loyal des vassaux, et si l'un des meilleurs film de samouraï s'appelait Ghost Dog ?
un samouraï dans le turfu
Le nom Ghost Dog synthétise tout ce qu'est ce personnage incarné par un Forest Whitaker tout en retenue et en subtilité. Il est le chien fantôme. Chien, car sa fidélité et son obéissance sont sans borne envers son "maitre", Louie, un second couteau de la mafia italienne locale, campé par John Tormey. Fantôme, non seulement car personne ne connait son véritable nom et qu'il agit toujours dans l'ombre, mais aussi car il est une figure perdue hors du temps, marchant presque hors de la réalité, un protagoniste vivant selon un code moral vieux de plusieurs siècles.
En ce sens, Ghost Dog est le samouraï parfait : défini uniquement par ses actes, des meurtres commandités par son maitre, il n'existe que pour servir, comme l'exige le terme même de "samuraï" : "celui qui sert" en japonais. Ses seules pensées exprimées sont des extraits du Hagakure (littéralement "à l'ombre des feuillages") de Yamamoto Tsunetomo, livre de 1716 considéré comme le manifeste du coeur, voire de l'âme même du samouraï. Un ouvrage composé d'aphorismes et de préceptes censés décrire ce que doit être le Bushido, la voie du guerrier.
Afin de donner corps à ce guerrier fidèle, Jim Jarmusch a pris le parti d'une mise en scène presque irréelle pour les apparitions solitaires de Whitaker. Marchant la nuit, encapuchonné, il disparait à chaque pas pour réapparaitre quelques mètres plus loin. Au volant d'une voiture volée, référence au Samouraï de Jean-Pierre Melville (comme par hasard), le bitume défile et s'affiche par superposition sur son visage au regard triste.
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10/02/2023 à 19:29
Vu au ciné il y a peu. C'était la première fois que je voyais le film sur grand écran. J'ai passé un très bon moment devant le film.
31/01/2023 à 16:51
une pure merveille...
31/01/2023 à 13:28
Le meilleur Jarmush pour moi aussi, le plus accessible, avec une super BO, et un Forest Witaker au top !
04/04/2022 à 12:55
THE CRYING GAME, GHOST DOG ...
Et il devînt l'un de mes acteurs préférés
03/04/2022 à 12:31
A revoir peut-être car je m'étais royalement ennuyé.
03/04/2022 à 11:07
Génial, un de mes films favoris parmi toutes les œuvres de Jarmush, fascinant et impitoyable.
03/04/2022 à 10:53
Le meilleur de Jarmush pour moi.
Quand je l'ai vu au ciné à l'époque j'étais totalement subjugué et encore maintenant c'est le cas
Et Whitaker dans un de ses meilleurs rôle (certains diront Dernier roi d'écosse ou Bird)
03/04/2022 à 02:33
Un chef d’oeuvre. Un de mes premiers films en Vostfr.
C’etait passé sur Arte à l’epoque.
J’etais completement bouleversé par la poesie urbaine et le decalage complet des protagonistes.
A revoir car pas vue depuis une bonne dizaine d’années.
02/04/2022 à 16:22
Quel film ,belle declaration d'amour au 7ème art.
Il y'au du Melville assumé également, Whitaker aussi froid que touchant. Un film d''hommes'' comme on en voit que rarement.
02/04/2022 à 14:22
Un Jarmush en haut du panier pour moi. Cette BO du RZA, Henry Silva au top et tout ces moments entrecoupés par des phrases issues de Hagakuke. Et bien sûr le Forest en très très grande forme!
@Mx J'avais oublié la séquence de l'oiseau!! Sublime! merci!
C'était bien Jarmush à cette époque même si super discret après son magnifique Dead Man.