Kristen Stewart : pourquoi c'est une super actrice en 10 rôles méconnus

La Rédaction | 29 mai 2022
La Rédaction | 29 mai 2022

Parce que Kristen Stewart a déjà derrière elle une belle et longue carrière, retour sur 10 rôles méconnus qui font d'elle une super actrice.

Révélée au grand public par le succès monstrueux de Twilight dès 2008, restée sous le feu des projecteurs avec le blockbuster Blanche-Neige et le Chasseur et d'autres succès, Kristen Stewart a trop longtemps vu son talent réduit aux balbutiements de Bella Swan.

Malgré son César pour Sils Maria, sa nomination aux Oscars pour Spencer, et une filmographie de plus en plus riche (la preuve avec Les Crimes du futur), l'actrice reste pour beaucoup dans l'ombre de ses succès d'hier.

On a donc décidé de profiter de la sortie des Crimes du Futur, film testament de Cronenberg, pour revenir sur 10 de ses rôles nettement moins célèbres, mais tout aussi fascinants.

 

 

speak 

Sortie : 2004 (inédit en France) - Durée : 1h32

 

Kristen Stewart : photo, SpeakUn personnage abîmé qui la suivra tout au long de sa filmographie

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : Melinda Sordino, une adolescente de 13 ans rejetée par ses amies et devenue quasiment mutique depuis qu'elle a appelé la police lors d'une fête l'été précédant son entrée au lycée. Elle cache en réalité un lourd traumatisme à cause duquel elle s'est repliée sur elle-même, jusqu'à ce qu'elle trouve du réconfort auprès de son professeur d'arts et de son seul véritable ami, qui l'encourage à prendre la parole pour se libérer de son fardeau. 

Pourquoi c'est un rôle essentiel dans sa carrière : Speak, le drame indépendant réalisé par Jessica Sharzer (la scénariste de Nerve et L'Ombre d'Emily), est un des films les plus méconnus de la carrière de Kristen Stewart, alors qu'il s'agit de son premier rôle principal. Du haut de ses 14 ans, l'actrice entre deux âges donne déjà une forte tonalité morose à sa Melinda, dévoilant un jeu sensible et émotif en dépit de son air pensif, de son visage fermé et plus globalement de son attitude apathique.

 

Kristen Stewart : photo, SpeakUn personnage a priori agaçant qu'on veut finalement prendre par la main 

 

Après son rôle de préado renfrogné de Panic Room, Kristen Stewart incarnait une jeune fille plus fragile et constamment en équilibre sur un fil, qui pourrait s'effondrer d'une seconde à l'autre, mais dont la rage intérieure, étouffée et silencieuse, lui confère une force insoupçonnée. Et toute ressemblance avec une certaine Bella Swan n'est évidemment pas fortuite. 

Le film de David Fincher l'a peut-être révélée au grand public, mais Speak est indéniablement celui qui a confirmé son talent, en plus de lui donner une voix (même si elle débite peu de répliques) et une présence affirmée face caméra, en misant sur sa gestuelle timide et son expressivité, qui ne fera que s'intensifier au fil de sa carrière. 

 

adventureland

Sortie : 2009 (DVD) - Durée : 1h47

 

Adventureland : photoUne alchimie qui crève l'écran

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : Emily « Em » Lewin, une jeune employée saisonnière d’un parc à thème local. Fille d’un riche avocat avec lequel elle entretient une relation compliquée, et étudiante en première année à l’université de New York, Em se conçoit comme l’archétype de la fille cool et sexuellement libérée, masquant sous une couche épaisse d’assurance factice une sensibilité à fleur de peau.

Pourquoi c’est une belle prestation : Deux ans après son excellent SuperGrave, Greg Mottola profite allègrement du succès de sa comédie portée par Michael Cera et Jonah Hill, pour concrétiser un scénario semi-autobiographique qu’il peaufine depuis quelques années déjà. Pour donner la réplique à Jesse Eisenberg, qui campe son alter ego, le cinéaste arrête son choix sur la jeune Kristen Stewart, laquelle sort tout juste d'une série de rôles plus ou moins secondaires.  

 

Adventureland : photo, Kristen StewartCool girl

 

Véritable pivot dramatique du récit, Kristen Stewart déploie à travers son personnage toute l’ampleur de son jeu. Énigmatique, intrigante, sensuelle et émotive, elle incarne tout le spleen post-adolescent de son personnage avec une justesse déjà observée dans le très joli Speak.

Roman d’apprentissage brillant par sa sensibilité et son honnêteté, Adventureland offre à l’actrice l’opportunité de déployer avec une aisance déconcertante des atouts simultanément comiques (ce que le public aura fâcheusement tendance à négliger) et dramatiques, au travers de ce portrait touchant, à demi mélancolique, et prodigieusement humain.

 

LES runaways 

Sortie : 2010 - Durée : 1h46

 

Les Runaways : Photo Kristen StewartElectrique VS acoustique

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : Joan Jett, véritable icône américaine du rock responsable, entre autres, du tube I Love Rock ‘n’ Roll. Mais c’est bien avant la gloire qu’on découvre la jeune rebelle, à l’époque où elle devait casser sa tirelire pour s’acheter une veste en cuir. C’est quand elle rencontre le loufoque Kim Fowley (Michael Shannon) qui deviendra le manager du groupe que sa vie prend un véritable tournant. Avec Cherrie Currie (Dakota Fanning), elles forment un groupe aussi sulfureux que leur couple.

Pourquoi c'est à rattraper : Les Runaways de Floria Sigismondi, une cinéaste/photographe aussi punk que son œuvre, revient donc sur les prémices du groupe et sur l’ascension fulgurante de Joan, la jeune fille aux cheveux noirs et toujours la clope au bec qui deviendra cette icône du glam rock. Coachée par Joan Jett elle-même, Stewart s’est immergée dans le rôle à plusieurs niveaux. Si elle n’hésite pas à se couper les cheveux et à prendre l’accent et les manières de la chanteuse, l’actrice pousse également la chansonnette elle-même.

 

Les Runaways : Photo Kristen Stewart, Dakota FanningCheveux gras et look total cuir


Habituée aux rôles de douces rebelles, Kristen Stewart joue ici une dévergondée, une sauvage, un rôle parfaitement résumé par une chanson du groupe intitulée I Wanna Be Where The Boys Are. Car si Stewart joue le rôle d’une femme occupée à boire de la vodka dans des pistolets en plastique, à prendre de la coke dans un avion et à pisser sur une guitare, Jett est surtout le symbole d’une jeunesse prête à rugir pour sa liberté.

Parfaite pour ce rôle de femme magnétique, elle se tient sur scène comme si elle s’apprêtait à dévorer son micro et à absorber son public. The Runaways est également le premier biopic de l’actrice avant qu’elle n'interprète Jean Seberg et la Princesse Diana, un type de rôle qui lui permet à la fois de prouver son talent d’interprétation et sa singularité, car personne d’autre n’aurait pu jouer Jett comme Stewart le fait.

 

THE GUARD 

Sortie : 2015 (VOD) - Durée : 2h01

 

The Guard : Photo Kristen StewartDifficile de se fondre dans la masse

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : Cole, une jeune bleue fraîchement débarquée à Guantanamo. Après une arrivée difficile ponctuée de plusieurs déceptions, dont la réception d’un cocktail d'excréments (littéralement), elle se lie d’amitié avec Ali, détenu dans la prison depuis huit ans. 

Pourquoi c'est un rôle important pour Kristen Stewart : Dans ce centre de détention de haute sécurité où sont enfermés ceux qu’on appelle des “combattants illégaux”, la jeune militaire campée par Stewart fait tache. Déjà parce qu’elle est la seule femme du camp, mais surtout à cause de son opinion divergente. Si le sujet du terrorisme (surtout celui lié au 11 septembre 2001 et surtout aux États-Unis) est très sensible, le film n’essaie pas de se placer d’un côté ou de l’autre, de condamner ou de pardonner.

 

The Guard : Photo Kristen StewartUne relation qui se construit à travers une lucarne

 

Stewart incarne parfaitement cette position, conflictuelle mais jamais ambiguë, à travers ce personnage compatissant mais toujours vigilant. D’abord victime d’une islamophobie intériorisée, le personnage évolue et apprend à connaître la seule personne (détenus et collègues confondus) qui lui porte de l'intérêt. Harcelée moralement par une équipe détestable, c’est auprès de ce détenu qu’elle trouve enfin du réconfort grâce à leurs discussions toujours tenues de part et d’autre de la porte blindée de la cellule.

Droite et sérieuse, Stewart est toujours dans la retenue. Tourné avec un tout petit budget et dans des conditions de pur film indé, The Guard est loin d’être parfait, mais il a le mérite de prouver que l’actrice a les épaules pour un rôle exigeant et politique comme celui-ci ; et surtout qu’elle peut briller en toute circonstance.

 

certaines femmes

Sortie : 2017 - Durée : 1h47

 

Certaines femmes : photo, Kristen StewartKristen Stewart face aux journalistes, à l'aise

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : Une avocate qui donne des cours du soir de droit aux habitants d'une petite ville. Elle croise la route jeune femme introvertie, qui travaille dans un ranch, et se rapproche peu à peu d'elle.

Pourquoi c'est à rattraper : Déjà parce que c'est un film de Kelly Reichardt, l'une des réalisatrices américaines les plus importantes. Avec Old Joy, Wendy et Lucy, La Dernière Piste, Night Moves et First Cow (sans oublier Showing Up, à Cannes cette année), elle a peu à peu construit une filmographie passionnante, où elle filme et raconte la nature et le rural, peuplé d'animaux et d'âmes esseulées. Elle s'est discrètement imposée comme une voix précieuse, d'autant plus en défendant farouchement tout un pan du cinéma américain indépendant particulièrement fragile.

Né d'un désir de filmer de nouveaux paysages, loin de l'Oregon qui servait de décor à quasiment tous ses films, Certaines femmes est un film chorale adapté de nouvelles de Maile Meloy. Kristen Stewart n'y est qu'un morceau d'histoire, et encore, un morceau attaché à un autre : elle n'est pas l'une des principales femmes du titre, mais une autre, qui traverse une ville et une vie, le temps d'une parenthèse désenchantée. Jusqu'au bout, cette Beth restera un mystère pour Jamie ; et donc, pour le spectateur.

 

Kristen Stewart : photo, Certaines femmesStalkée à la sortie du Starbuck

 

A l'époque, Kristen Stewart opère déjà un virage net vers d'autres horizons, avec une idée sous-terraine : redevenir petite, disparaître un peu dans la masse, que ce soit derrière Juliette Binoche dans Sils Maria, Julianne Moore dans Still Alice, ou le film entier dans Un jour dans la vie de Billy Lynn. Dans cette histoire de femmes, elle est derrière tout le monde, et notamment Lily Gladstone.

Certaines femmes est certainement la plus belle démonstration de ce retour à la réalité, et cet ancrage nouveau dans le réel. Kelly Reichardt est peut-être la seule à avoir su (et voulu) filmer l'actrice ainsi, sans fioriture, sans fantasme, sans emphase ni fantaisie. Sous une lumière naturelle, avec une économie de mots, Kirsten Stewart est redécouverte. Ou comment retrouver un peu d'extraordinaire dans l'ordinaire.

 

lizzie

Sortie : 2018 (2020 en VOD en France) - Durée : 1h45

 

Lizzie : photo, Chloë SevignyUne dynamique qui rappelle Carol et Thérèse dans Carol (Todd Haynes)

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : Bridget Sullivan, dite Maggie, la gouvernante d'une famille bourgeoise de Fall River, dans le Massachusetts. Au service des Borden, Bridget fera la rencontre de Lizzie, prisonnière des carcans patriarcaux d’un père aussi sinistre qu’impitoyable. Assez rapidement, les deux femmes s’éprennent l’une de l’autre, conduisant Lizzie à commettre l’irréparable.

En quoi c’est une superbe performance : Réinterprétation du fait divers tristement célèbre de l’affaire Borden, le film réalisé par Craig Macneill, et présenté au festival de Sundance en 2018, ne rencontrera pas réellement le succès escompté en salles, et ne sortira par ailleurs jamais sur les écrans de cinéma français (comme pas mal d'autres films de cet article).

Pourtant mus d’une volonté d’approfondir la caractérisation de Lizzie Borden, Macneill et son scénariste Bryce Kass dépeignent au travers de ce récit une fresque tragiquement romantique, au sein de laquelle Kristen Stewart livre une performance toute en retenue. 

 

Lizzie : photo, Kristen StewartDraps de fantôme

 

Contrainte d’abandonner son nom, et a fortiori, perdre son identité alors qu’elle entre au service de la famille Borden, Bridget essaie tant bien que mal de s’effacer, d’obéir aux ordres, et supporte avec résilience les avances nocturnes du maître de maison. Les détracteurs de l’actrice lui reprocheront sa moue permanente et son maniérisme, lesquels servent pourtant son personnage et lui confèrent une certaine justesse. Kristen Stewart figure ainsi avec une physicalité contenue le désir à fleur de peau, la dévotion sans limites et la profonde empathie qu'éprouve Bridget pour Lizzie, tout en demeurant majoritairement passive, voire statuesque. 

La photographie épurée de Noah Greenberg et la caméra souvent fixe de Macneill s’appliquent ainsi à mettre en exergue une actrice figée dans le cadre comme dans son existence, condamnée à réprimer chacune de ses passions. Les scènes d’amour auxquelles Kristen Stewart s’autorise un abandon simultanément charnel et sensible n’en sont de fait que plus belles.

 

J.T. Leroy

Sortie : 2018 (VOD) - Durée : 1h48

 

J.T. LeRoy : photo, Kristen Stewart, Laura DernVertige des perruques

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : J.T. LeRoy, l'une des arnaques les plus incroyables des années 90. Après avoir écrit un livre sous le mystérieux pseudo de J.T. Leroy, Laura Albert a engagé sa belle-sœur, Savannah Knoop, pour endosser en public ce rôle d'homme transgenre, à l'enfance terrible. Un mensonge dingue, puisque J.T. LeRoy est devenu la coqueluche du milieu chic, l'ami préféré de stars comme Courtney Love, Winona Ryder et surtout Asia Argento, qui a adapté son livre en film, Le Livre de Jérémie. Le canular sera finalement démasqué par le New York Times.

Pourquoi c'est un beau rôle pour Kristen Stewart : Déjà parce que ce rôle est un écho à sa propre trajectoire. Sortie de nulle part et castée dans un rôle, Savannah est propulsée sur le devant de la scène dans un costume un peu absurde et mal ajusté, pour devenir un fantasme romanesque que s'arrache le public. Elle n'avait rien demandé (ou presque), et elle va vite être prise à son propre piège de célébrité. J.T. LeRoy est une rêverie abstraite, et tout le monde se perdra dans ce mirage, y compris son interprète (Savannah) et sa créatrice (Laura).

Toute ressemblance avec la fulgurance Twilight n'est pas fortuite, surtout avec l'idée que Kristen Stewart incarne le pantin d'une écrivaine, et la façade publique d'un phénomène.

 

Kristen Stewart : photo, J.T. LeRoyJT LeVert

 

Au-delà de cette amusante lecture meta, J.T. LeRoy est un bel écrin pour l'actrice, puisque Laura Dern et elle sont les meilleures raisons de (re)voir ce film écrit et réalisé par Justin Kelly. Pour incarner ce LeRoy, Kristen Stewart invoque sa propre caricature d'éternelle ado boudeuse, qui semble gênée par son corps et le regard des autres, et qui jongle entre le féminin et le masculin. C'est un peu la fin d'une époque, et peut-être même le début d'une nouvelle ère pour elle.

 

seberg

Sortie : 2020 (sur Amazon Prime) - Durée : 1h43

 

Seberg : Photo Kristen StewartA bout portant

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : Jean Seberg, une des icônes artistiques et politiques des années 60/70, et totem de La Nouvelle Vague grâce à À bout de souffle de Godard. Engagée auprès des défenseurs des droits civiques aux Etats-Unis, mais aussi particulièrement vocale pour dénoncer les dérives du Maccarthysme, elle est dans l’oeil d’un cyclone qui va croissant à partir de la fin des années 60.

Dénigrée comme une traîtresse culturelle ainsi qu’une activiste anti-américaine, elle fait face à la pression des services de renseignement américains, ainsi qu’une presse à scandale qui étale sa vie privée, lui oppose un puritanisme délirant, tout en prenant soin de scruter le moindre aspect de sa vie privée. C’est cette période de crise sur laquelle se concentre son rôle dans Seberg.

 

Seberg : photo, Kristen StewartUne âme fractionnée

 

Pourquoi Stewart est si bien Seberg ? Parce qu’à la faveur de ce film souvent imparfait, et au scénario boursoufflé, l’actrice livre une performance d’une intensité et d’une précision exceptionnelle. Et pour cause, chaque séquence vient brouiller un peu plus les frontières entre hommage, interprétation et incarnation. Car à bien des égards, le chemin de croix artistique, affectif et médiatique que traverse la protagoniste fait écho au passé tout récent de son interprète. 

Porté aux nues grâce à la saga Twilight, transformée en sex symbol adolescent et petite fiancée du grand public prépubère planétaire à l’occasion d’une idylle puissamment médiatique avec son partenaire à l’écran, la jeune femme est scrutée par des millions de fans et de téléobjectifs. Une oppressante pression qui vire au cauchemar quand sa liaison avec le réalisateur de Blanche-Neige et le chasseur est révélée par une presse affamée de scandale. Désignée à la vindicte de tous, dans une atmosphère de sexisme irrespirable (qui n'est pas sans rappeler l'actuel traitemet d'une certaine Amber  Heard), elle aura forcément trouvé dans cette expérience le matériau brut pour offrir une vision à fleur de peau du parcours de Jean Seberg.

Son jeu est sensible, étincelant, et elle traverse ce récit inégal telle une pointe de diamant, qui nous donne à percevoir ce que pu être le labyrinthique cauchemar dans lequel elle finit par se perdre. Il s’agit probablement du plus beau rôle de la comédienne qui peut, à travers la figure de Seberg, nous livrer son regard subjectif sur une épreuve d’une injustice absolue. Un écho rendu d'autant plus évident par les différences de perception de Stewart entre les deux rives de l'Atlantique, où elle se retrouve alternativement superstar et égérie de cinéma d'auteur.

  

ma belle famille, noël et moi

Sortie : 2020 (VOD) - Durée : 1h42 

 

Ma belle-famille, Noël, et moi : photo, Kristen Stewart, Mackenzie DavisPower couple

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : Abby, une jeune femme qui, conte de Noël oblige, exècre les sapins et les guirlandes, mais souhaite toutefois profiter de l’occasion pour demander sa petite amie en mariage. Conviée pour la première fois chez sa belle-famille, Abby découvre en chemin que sa partenaire n’a nullement fait son coming-out auprès de ses parents conservateurs comme elle le lui avait promis, et se retrouve contrainte de dissimuler son couple, et par extension sa sexualité, près d’une semaine durant.

Pourquoi c’est un super rôle :  Initialement prévu pour une sortie sur grand écran, Ma belle-famille, Noël, et moi s’est retrouvé, pandémie oblige, confiné au petit écran sur la plateforme de streaming Hulu aux Etats-Unis. Mais qu’à cela ne tienne, la proposition est trop alléchante pour se lamenter. Après tout, qui n’a jamais rêvé de voir Kristen Stewart et Mackenzie Davis interpréter un joli petit couple, dans une mièvre de Noël version queer ? 

 

Ma belle-famille, Noël, et moi : photo, Kristen StewartC'est oui

 

Actrice multifacette, dotée d'un potentiel comique trop souvent oublié, Kristen Stewart livre au travers de cette comédie romantique de Noël une performance des plus rafraichissantes, bien loin des moues boudeuses et antipathiques qui caractérisent bon nombre de ses personnages. Brillante d’un plaisir manifeste et d'une maladresse naturelle qu’elle infuse sans retenue à son personnage, Kristen Stewart navigue entre rire et larmes avec aisance, pour mieux livrer un portrait qui semble par ailleurs faire écho à son propre parcours. 

Longtemps prisonnière de la médiatisation extrême et des carcans hétéronormatifs que suscitait sa relation avec son partenaire de Twilight, Robert Pattinson, Stewart a su par la suite affirmer une bisexualité libératrice. La malhabilité avec laquelle s'illustre Abby alors que cette dernière est forcée par sa petite amie d'étouffer son orientation sexuelle, n'est ainsi pas sans rappeler la conduite perpétuellement rougissante et réservée dont faisait preuve l'actrice avant son propre coming out. Une prestation personnelle, intime, et profondément attachante, conférant au métrage toute son charme.

 

underwater

Sortie : 2020 - Durée : 1h35

 

Underwater : photo, Kristen StewartSous l'océan...

 

C'est quoi le rôle de Kristen Stewart : Norah Price, employée de Tian Industries, dont la routine matinale est perturbée par un gigantesque tremblement de terre. Détail important : elle travaille au fin fond de la fosse des Marianne et se réfugier sous la table ne suffira pas à lui sauver la vie. Elle va donc devoir s'organiser, retrouver ses collègues et tenter de remonter à la surface en quelques heures.

Pourquoi c'est un sacré rôle de survivante : La sortie d'Underwater étant somme toute assez récente, la performance de Stewart n'est pas encore tombée dans l'oubli. Toutefois, le film réalisé par William Eubank n'a malheureusement pas remporté le succès escompté au box-office, loin de là, avec à peine 40 millions de dollars récoltés dans le monde pour un budget bien supérieur.

Et c'est dommage, parce que Kristen Stewart y brillait dans le registre de la survie pure, clouant le bec aux grincheux qui ne la voyaient pas revenir au cinéma de divertissement américain.

 

Underwater : photo, Kristen StewartQuelques secondes de respiration

 

La comédienne s'était très tôt frottée à l'exercice dans le Panic Room de David Fincher, mais les scénaristes Adam Cozad et Brian Duffield l'ont poussé au degré supérieur. L'ouverture du film, in medias res, donne le ton. La pauvre Norah ne profite que de quelques plans de tranquillité avant que le monde n'explose littéralement autour d'elle. S'ensuit une course folle à travers les couloirs pour sauver sa peau et celle du maximum de ses collègues, soit... une personne. La suite ne ralentira qu'à peine.

Pas facile pour une actrice ou un acteur d'incarner un personnage privé de toute caractérisation, qui se définit par sa spontanéité en situation d'urgence. Et Stewart s'en sort très bien. D'autant plus que le tournage a en grande partie été possible grâce à la technique du "dry for wet". En d'autres termes, il a fallu mimer les scènes sous-marines, lestée par les encombrantes combinaisons, avant que les effets spéciaux ne renforcent l'illusion. Des conditions assez particulières et un crescendo dans la tension (sans spoiler, le film réserve quelques surprises) que la comédienne gère d'une main de maitre. On aimerait voir plus de séries B à gros budgets du genre, et on espère la voir dedans.

Tout savoir sur Kristen Stewart

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commentaires
Flo
22/08/2023 à 13:03

– « The Guard »…
Huis-clos sur des êtres fragiles et solitaires, en plein Guantanamo post 11 Septembre.
Dur, le film de Peter Sattler maintenant le suspense sur la voie que va prendre l’héroïne, idéalement interprétée par Kristen Stewart. Parce-que il y a une évidence à la voir tout le temps gênée et réservée, au milieu d’un corps de métier qui vous enjoint d’être solide. Ça fait partie de l’identité de l’actrice.
S’y développe une relation amicale avec le prisonnier le plus prolixe (Payman Maadi) qui, comme dans une relation amoureuse, nécessite de donner de soi à un moment donné, quitte à prendre le risque d’être trahi un jour.
Surtout quand il n’est pas évident de savoir qui est, ou non, un cerveau criminel (on y cite justement Hannibal Lecter). Et que l’endroit où ça se passe est si cloisonné que l’on ne peut qu’y restreindre l’espoir, l’imagination, sans jamais pouvoir en sortir tellement on y marqué à vie.
À moins que le pouvoir de la Fiction… Surtout quand c’est une fiction (littéraire, vous verrez) qui possède une vraie fin.

Geoffrey Crété - Rédaction
30/05/2022 à 09:48

@Wallybatou

Comme expliqué dans l'intro : on a privilégié des films moins connus ! D'où l'absence d'Into the Wild (parmi d'autres), puisque le film est très connu et populaire.

Wallybatou
30/05/2022 à 06:30

Quel dommage que vous ayez oublié l'une de ses meilleures prestations... "Into the wild", à voir, point.

Tom Ward
29/05/2022 à 13:52

@Jean-Baptiste : Vous êtes au courant que le concept même d'un avis, c'est d'être subjectif ?

Jean-Baptiste
29/05/2022 à 12:46

"Réponse subjective en dix petites madeleines"