Oubliez Troie : c'est ça, le grand film oublié sur l'Antiquité

Léo Martin | 22 juillet 2023 - MAJ : 24/07/2023 19:44
Léo Martin | 22 juillet 2023 - MAJ : 24/07/2023 19:44

Oubliez Troie, Exodus et compagnie. Le dernier grand film du genre, c'est Agora d’Alejandro Amenábar (Les Autres, Ouvre les yeux), avec Rachel Weisz et Oscar Isaac. Et c'est aussi un immense portrait de femme : celui de la philosophe Hypatie d’Alexandrie.

Presque tout le monde l'a oublié, mais le film Agora apparaît comme l’un des derniers grands péplums ("Film à grand spectacle reconstituant des épisodes de l'histoire ou de la mythologie antiques", selon Larousse) vus au cinéma. Ironiquement, le film est arrivé en 2009 au début du déclin du genre, alors qu’il raconte lui-même un épisode historique annexe à la chute de l’Empire romain. Tandis que La Colère des Titans, en 2012, tuait les dieux grecs et de la même façon racontait implicitement la mort de la mythologie antique à Hollywood, un parallèle similaire peut être aussi fait avec Agora.

À sa sortie en 2009, Agora a été vendu comme une fresque épique dans la lignée d’un Troie ou d’un Alexandre. Ça ne l'a pas empêché d'être un énorme bide en salles, avec à peine 40 millions au box-office pour un budget officiel de 70. Après lui, les non-succès de Pompéi (2014), la suite de 300 (2014), Exodus (2016) et Gods of Egypt (2016) ont confirmé la tendance.

Mais peu importe. Agora est un grand film, dont il faut reparler.

 

Agora : photoEn attendant l’aube

 

Si Alexandrie m’était contée 

Dans ce contexte crépusculaire, Agora a été injustement boudé, malgré toute la puissance de son récit qui s’attarde sur un chapitre méconnu de la fin de l’Antiquité. Alors qu’une révolte fait basculer la cité érudite d'Alexandrie vers une administration chrétienne, la philosophe Hypatie s’évertue à poursuivre ses recherches décisives pour l’astronomie moderne. En centrant son intrigue autour du portrait singulier et inspirant d’Hypatie (interprété par Rachel Weisz), Agora explore des thématiques extrêmement modernes sans être anachronique.

Le film prend sa protagoniste comme modèle (ou plutôt comme repère) pour angler toute sa narration. Sans s’attacher à une fidélité immaculée des faits historiques, Agora utilise son point de vue subjectif assumé pour définir ses sujets clés : la lutte des classes et des religions, mais aussi et surtout, une allégorie du progressisme (philosophique et scientifique) et la façon dont celui-ci est court-circuité et tué.

 

Agora : Photo Rachel WeiszRachel Weisz a rarement eu un rôle autant à sa mesure

 

Plus qu’un simple film historique ou documentaire de luxe, Agora a donc pour lui de mettre en avant des thèmes à la fois liés à l’épisode qu’il raconte (le basculement des forces à Alexandrie) et intemporels. En somme, le cadre spatio-temporel du film n’enferme pas son propos ni ne bride la pertinence des problématiques qu’il soulève. Avec Agora, le but d’Amenábar est de toucher à une certaine universalité, afin de rendre plus tangible le drame de son héroïne et de donner à son symbolisme une portée contemporaine.

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commentaires
Scarlett
25/07/2023 à 08:31

De l'abandon de la mythologie philpsophique au profit des religions monothéiites obscurantistes, et un merveilleux portrait de femme! Le meilleir film sur l'Antiquité avec Gladiator depuis Ben-Hur et Spartacus!

Nyl
24/07/2023 à 19:00

Je l'ai vu en DVD et c'était quelque chose...

Gilles2
24/07/2023 à 13:59

Vu à Montpellier à l'époque, salle presque vide hélas et le placeur qui discutait sans vergogne pendant le film... Revu sur Canalsat deux ans plus tard beaucoup moins intéressant que trois ou 300.

Bubble Ghost
23/07/2023 à 14:13

Vu. Et sans même avoir lu l'article ou les commentaires, c'est un grand oui. Grande histoire. Immense péplum. Tout ce qu'il lui manque, c'est juste un petit rafraichissement de certain CGI. Jetez-vous dessus.

Evelyne Vigny
23/07/2023 à 13:09

Très beau film sur un sujet rare au cinéma ! Professeur de grec ancien, je le faisais étudier à mes hellénistes qui avaient lu de plus le roman Hypatia d’Arnulf Zitelmann ; même si le film ne suit pas exactement le roman, il met en valeur le personnage historique de cette philosophe et scientifique, et la prise de pouvoir du christianisme aux dépens du paganisme.

Karev
23/07/2023 à 01:21

ah ba, il y a déjà eu un article sur Body of Lies !

Karev
23/07/2023 à 01:18

vu seulement une fois lors de sa sortie en DVD, j'avais bien aimé, peut-être le premier film ou je repère Oscar Isaac avec Body of Lies de Scott (tiens Ecran Large, possible de revenir un jour sur ce film sous-estimé dans la filmo du père Scott?) mais peu de souvenir hormis un moment de mise en scène hallucinant, quand ils détruisent la bibliothèque avec la caméra qui filme le plafond et tourne en même temps

Karev
23/07/2023 à 01:16

Désolé, Troie en version longue, ça enterre le gros des blockbusters d'aujourd'hui.

steve
22/07/2023 à 21:01

Très grand film, qui interroge d'une manière claire l"antagonisme foi religieuse / recherche scientifique et l'attaque de la bibliothèque est un grand moment !

Adam
22/07/2023 à 20:30

J’étais très enthousiaste en voyant l’affiche car je pensais que ça traiterait du déclin de l’empire romain dans une autre partie que Rome. J’ai arrêté au bout de 10minutes de visionnage quand j’ai réalisé que ça traiterait essentiellement de religion et pas de manière subtile…Elle peut bien aller au bûcher, pas question que je retente

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