Céline Sciamma (Portrait de la jeune fille en feu) passe l'industrie du cinéma français au lance-flammes

La Rédaction | 22 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58
La Rédaction | 22 février 2020 - MAJ : 09/03/2021 15:58

La réalisatrice de Portrait de la Jeune Fille en Feu et de Tomboy met le feu au sexisme du secteur cinématographique en France.

Interviewée par The Guardian au sujet de son dernier film Portrait de la jeune fille en feu, primé à Cannes et applaudi dans de nombreux pays du monde, la réalisatrice Céline Sciamma n'y est pas allée avec le dos de la cuillère sur la mentalité de l'industrie du cinéma en général, qu'elle estime sexiste et grossière. Entre quelques réactions à chaud sur Abdellatif Kechiche, les nominations de Roman Polanski aux César et l'affaire Adèle Haenel (dont elle est l'ex-compagne), elle balance :

 

Photo Adèle HaenelAprès Adèle, Céline


"En France, ils ne trouvent pas le film chaud. Ils trouvent que cela manque de chair, que ce n'est pas érotique. Il semblerait qu'il y ait des choses qu'ils ne soient pas aptes à recevoir. C'est une industrie très bourgeoise. Il y a de la résistance à la radicalité, et il y a également moins de jeunes aux commandes. Est-ce qu'un film peut être féministe ? Ils n'en savent rien, ils ne connaissent même pas le concept. Ils ne connaissent pas le concept du male gaze. On peut dire que c'est un pays où il y a beaucoup de sexisme et où la culture patriarcale règne."

 

Photo Adèle Haenel, Noémie MerlantAdèle Haenel et Noémie Merlant



Difficile de dire de qui la réalisatrice parle lorsqu'elle parle de la tiédeur de la réception de son film. Elle ne semble pas venir du monde de la critique, puisque le film trône à une moyenne presse de 4/5 sur Allociné - un concert de louanges auquel nous avons vivement participé.

En revanche elle pourrait faire référence à l'intérêt du public : si le film semble très apprécié également de ce côté-là (là encore la moyenne Allociné est à 4/5 et la note SensCritique à 7,5/10), il a en revanche été assez peu vu. Tiré sur plus de 200 copies, Portrait de la jeune fille en feu a pourtant été retiré des écrans dès la troisième semaine et a péniblement réuni un peu plus de 300 000 spectateurs. Un score correct compte tenu du budget de 4,9 millions d'euros mais loin d'être mirobolant.

 

PhotoAdèle Haenel

 

Il est possible également qu'elle fasse référence à une éventuelle difficulté à faire produire le film et à convaincre les financeurs de participer à son oeuvre, mais impossible d'en savoir plus sans les chiffres de production et le plan de financement. Quoi qu'il en soit, et quel qu'eût été le destin de Portrait de la jeune fille en feu, toujours est-il que le secteur cinématographique de la France est plus que jamais sous le feu des critiques et ne vit pas ses heures les plus glorieuses.

Rien que les nominations contradictoires de Roman Polanski, accusé de plusieurs viols sur mineurs, et Adèle Haenel, devenue une icône après avoir dénoncé des faits d'attouchements sexuels qu'elle aurait subis des mains d'un réalisateur, à la même cérémonie des César en dit long sur la désorientation du secteur. On se demande bien comment ils vont partager l'estrade... Les César promettent d'être chauds cette année.

 

affiche finale

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commentaires
Simon Riaux
16/03/2020 à 13:25

@Deny

Alors rassurez-vous, ces cases, il les coche toutes.

Deny
16/03/2020 à 13:23

Quel intérêt ce genre de film au cinéma? Je préfère le voir tranquilou quand il passera sur Arte. Le cinéma c'est des grandes images qui t'enveloppent, du son qui te fait vibrer, une immersion dans un monde. Pas sur que ce film rentre dans ces cases...

Flo
26/02/2020 à 14:19

...il faudrait déjà utiliser autre chose qu'un mot anglais comme "Male/Female Gaze"...
Ce n'est pas rendre service au cinéma français que de trop prendre exemple sur des particularisme trop anglo-saxon (qui sonne plus "cool" à l'oreille)...
Et préférer parler Diversité avec les propres mots de notre Culture.

Rocco l'asticot
24/02/2020 à 21:28

Vous êtes tous en train de vous echarper sur le système de production du cinéma français alors que le vrai sujet soulevé ici c'est le mâle gaze et ses horribles répercussion sur la couche d'ozone !! Réveillez vous bon sang !!

Madina
24/02/2020 à 16:58

Enfin un excellent film tout en pudeur et dans les regards..avec une peinture sur la condition des femmes qui sonne juste..
On peut comprendre que vos commentaires en défrisent certains..chacun son chemin!!

Chris11
23/02/2020 à 21:38

@Captp : donc il faut forcément être une lesbienne pour filmer correctement des lesbiennes? Une femme pour filmer des femmes et les sublimer? c'est quoi ce délire?

corleone
23/02/2020 à 10:32

MacReady : la seule que je vois chouiner, c'est mademoiselle Sciamma, ici... les autres font juste part de leur désarroi face des pleurnicheries d'une telle immaturité.

fedor85
23/02/2020 à 09:13

Bizarrement elle ne se plains pas du système de financement du cinéma en France. Elle n'a pas besoin de faire des films rentables, qu'elle ne se plaigne pas, sinon elle réaliserais des épisode de camping paradis.

RobinDesBois
22/02/2020 à 17:55

@captp sauf que le sujet n'est pas tant les qualités réelles ou prêtées au film mais la production et la réception de celui ci qui font râler Sciamma. Tout ne s'est pas dérouler précisément comme elle aurait voulu donc elle accuse les autres. C'est très puéril comme comportement. Elle a la chance de vivre de sa passion, de pouvoir faire un film tous les 2 ou 3 ans et elle réagit comme une sale gosse trop gâtée en frisant presque la parano.

captp
22/02/2020 à 17:40

Elle dit juste et à raison , que l'on conçoit et acclame un film sur les lesbiennes du moment qu'il reflète la vision fantasmée que l'on en à. un film gay raconté et filmé par un hétéro masculin comme kechiche qui va les faire baiser comme il le fantasme ça passe .sauf que tout est faux.
Effectivement , Portrait de la jeune fille en feu joue dans une autre catégorie ,
un très bon film qui à réussi à me toucher car justement la naissance de l'amour monte en puissance au fil du récit jusqu’à tout emporter y est palpable .je pensais pas un jour être intéressé par le sujet ... il fallait juste le faire avec beaucoup de féminité.

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