Limbo : on a vu le polar hongkongais le plus noir de ces dernières années

Mathieu Jaborska | 23 septembre 2021
Mathieu Jaborska | 23 septembre 2021

C'est la saison des festivals pour les cinéphiles francophones et Écran Large. Après avoir couvert Cannes, la Mostra de Venise et Deauville, on est revenus s'encanailler à Paris, à l'occasion de cette nouvelle édition de l'Étrange Festival, rendez-vous incontournable des amateurs de bizarreries cinématographiques et de folie figée sur pellicule.

Pour faire suite à nos écrits sur l'anomalie Barbaque, présentée en ouverture, et le titanesque Mad God, lauréat du prix du public, on s'intéresse à un film qui ne hissera pas cet article en tête des lectures du site, mais qui mérite selon nous un petit éloge : Limbo.

 

photoLes yeux écarquillés, le souffle coupé

 

De quoi ça parle ? Dans un Hong Kong crépusculaire, la jeune recrue Will Ren et le flic vétéran Cham Lau font équipe pour arrêter un tueur en série qui s’attaque aux femmes en leur coupant les mains...

C’était comment ? Poisseux, désespéré, mais sublime. Si les passionnés de cinéma hongkongais qui arpentaient les couloirs du Forum des images, aux anges lors de cette édition du festival, trépignaient à l'idée de contempler la nouvelle réalisation de Soi Cheang, beaucoup sont entrés dans la salle par pure curiosité. Le réalisateur de Dog Bite Dog, Coq de combat et surtout SPL 2 est peu connu en occident, ou alors uniquement pour le diptyque du Roi Singe, pas exactement la saga la plus mémorable de ces dernières années.

 

photoUne mise en scène cruelle

 

Pourtant, Limbo a asséné un véritable uppercut aux festivaliers, votre serviteur compris. Le cinéaste s'empare d'un scénario en apparence très classique signé par Kin-Yee Au (auteur de PTU, de sa suite, du Judo de Johnnie To, de Triangle ou même de certains sketchs du futur et très émouvant Septet: The Story of Hong Kong) et sublime ses pointes de noirceur, au point de lui donner un goût d'apocalypse et de faire de Hong Kong un labyrinthe cauchemardesque où la putrescence envahit les esprits, ronge la rue, et inversement.

Il nous plonge dans un décor de décharge à ciel ouvert encore sali par le choix du noir et blanc, où se croisent et s'agressent des personnages soit maltraités par leur environnement, soit prédateurs ultra-violents aux portes de la folie. Le gigantesque dernier acte, où un quatuor de protagonistes patauge dans la crasse et le ressentiment, alors qu'une pluie aux limites du surnaturel laboure le champ, achève de transformer la ville en limbes, à l'image du titre.

 

photoBienvenue en enfer

 

Une démonstration supplémentaire de la capacité des cinéastes hongkongais à sculpter différents portraits d'une grande cité de cinéma, alors même que le spectre de la censure y rôde. Les metteurs en scène de Septet en font une terre de nostalgie, aux mutations empreintes d'une beauté discrète, Soi Cheang en fait un univers sordide aux frontières de l'horreur. On aimerait croire à des signes de vie rassurants plutôt qu'à un sublime baroud d'honneur.

Et ça sort quand ? Aucune idée, malheureusement.

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commentaires
Jo le clodo.
24/09/2021 à 17:19

La BA est dingue.

The insider38
24/09/2021 à 17:14

@retro80 , a mais la copie que j ai vu est nickel au niveau image, ce que j apelle degeulasse c est le fait que ce soit recardé 1:85, au lieu du très beau scope d’origine.

Et ça ne passe pas

Retro80
24/09/2021 à 14:40

@Theinsider38 : pourtant la version que j'ai vu été parfaite.

The insider38
24/09/2021 à 11:01

@Retro80 exactement c est ce que j ai voulu faire, sauf que la copie dispo est une copie degueulasse recardée, j ai donc passé mon chemin

Retro80
23/09/2021 à 20:56

Ba vu que pas de sortie la cible de ce film se fera un plaisir de le regarder illégalement vu que disponible ( malheureusement)

Baretta
23/09/2021 à 20:27

J'aime ce réalisateur bravo d'en parler.