Pirates des Caraïbes : Disney n'arrive pas à se dépêtrer d'un procès gênant

Mathieu Lapon | 23 décembre 2021 - MAJ : 23/12/2021 17:27
Mathieu Lapon | 23 décembre 2021 - MAJ : 23/12/2021 17:27

Un procès de droits d'auteurs embourbe Disney et la franchise Pirates des Caraïbes, accusés d'avoir pillé et travesti le concept du projet initial.

Il faut croire que derrière chaque grosse franchise se terre un sombre secret de production. Quand c'est Predator, les scénaristes attaquent Disney en justice. Quand c'est Marvel, les auteurs de comics réclament les droits de leurs personnages. Depuis quelque temps, c'est au tour de la saga Pirates des Caraïbes de se faire cuisiner par la juridiction californienne. Une affaire de droits d'auteurs autour de la saga des seigneurs de la mer et de leur exploitation Mickey Mousesque.

Deux producteurs et co-scénaristes à l'origine du concept du premier film se sont plaints que la saga mondialement connue ne soit qu'un ramassis de plagiats opportunistes et de trahisons à l'esprit de ce qu'ils avaient écrit pour Jack Sparrow. Disney n'ayant pas trop aimé les termes avec lesquels les deux monsieurs jouent pour faire valoir leur plainte, le studio s'est braqué et conteste toute accusation. De quoi bien enrayer la franchise, qui patine déjà pour lancer son Pirates des Caraïbes 6 sans Johnny Depp ni Jack Sparrow. Explications.

 

Pirates des Caraïbes : La malédiction du Black Pearl : photo, Johnny Depp, Orlando BloomDrama juridique en vue

 

Comme le relaye The Hollywood Reporter, c'est en 2017 qu'A. Lee Alfred II et Ezequiel Martinez Jr. déposent leur plainte à la justice californienne. Le motif ? Leur scénario préliminaire, envoyé à Disney en 2000, aurait été pillé et déformé à tous les niveaux. Le personnage de Jack Sparrow, à la fois génie et maladroit, voire guignolesque, serait une Frankensteinisation de leur protagoniste (à tel point qu'il ne se serait sans doute même pas appeler Jack Sparrow), qui devait être plus ténébreux et redouté par les arpenteurs de la mer caraïbéenne.

Disney, de son côté, nie l'existence d'un tel pré-développement sur le personnage. Le studio a rétorqué à la justice que le scénario préliminaire n'était rien de plus que quelques lignes de conduite génériques, un début de colonne vertébrale applicable à n'importe quel film de pirates. De ce fait, l'esprit de ce personnage (et toute l'incidence qu'il a sur le reste de la saga), jugé original et estampillé 100% Disney, ne trahirait rien du tout.

 

Pirates des Caraïbes : Le secret du Coffre Maudit : Photo Orlando Bloom, Johnny DeppLes scénaristes, Disney et la Californie

 

Comment tout cela a-t-il été tranché ? En mai 2019, après analyse des complaintes et arguments de chacun, la cour fédérale californienne a pris le parti de Disney, jugeant que le scénario préliminaire de 2000 était effectivement trop vague sur ses personnages et ses situations pour voir dans le Jack Sparrow de 2003 (date de sortie de La Malédiction du Black Pearl) le vol et la trahison d'une vision d'auteur. La bataille semblait gagnée pour Mickey, mais en fait non.

En juillet 2020, la Cour d'appel relance l'affaire, trouvant le premier jugement présomptueux au vu des similarités qu'elle dit déceler entre la version de 2000 et 2003, laissant donc à penser qu'il y avait bien un modèle consistant à soutirer et trahir en cours de développement. Retour à la case départ et rappel du juge. Petit hic : celui qui a déclaré la première victoire de Disney en mai 2019, Consuelo B. Marshall, refuse de rendre un nouveau verdict, jugeant que les témoignages d'experts sont finalement beaucoup trop contradictoires et manquent de clarté.

 

Pirates des Caraïbes : Jusqu'au bout du monde : photo, Johnny Depp, Geoffrey RushLes choses se compliquent

 

De leur côté, les scénaristes Alfred et Martinez appuient toujours plus leur plainte, qu'ils réactualisent. Il faut comprendre que le duo est particulièrement remonté contre Disney. Il lui avait été conseillé (par son entourage professionnel) d'envoyer le scénario au studio, mais il ne lui sera renvoyé que deux ans plus tard, quand la production de La Malédiction du Black Pearl était entamée. Alfred et Martinez, en constatant la dégaine du film, y ont vu un vol en toute impunité de leur matière brute, saupoudré d'un crachat à leur imaginaire.

En décembre 2021, l'affaire n'est toujours pas résolue et appelle à toujours plus de témoignages d'experts, d'études et d'enquêtes. Comme toute affaire de droit à la propriété, c'est un sacré foutoir, où les termes et les limites sont souvent définis au cas par cas, dépendamment des spécificités de chaque secteur artistique. Il semblerait donc qu'on n'ait pas fini d'entendre parler de cette lutte de scénaristes, qui se targuent d'être les grands-pères inavoués et maltraités de la franchise.

 

Photo Johnny DeppIls ne sont pas sortis du marais

 

Un peu comme Marvel et ses super-héros, Disney maintient que le Pirates des Caraïbes tel que nous le connaissons est le fruit de travaux originaux, car le studio aurait beaucoup de gros sous à lâcher, si Alfred et Martinez venaient convaincre de leur influence. Plus encore, cela leur donnerait très certainement un droit de regard sur l'évolution et l'exploitation des personnages de la franchise (au moins celui de Jack Sparrow, a priori).

Et quant à la valeur symbolique d'un tel verdict, cela voudrait aussi dire que Disney aurait volé les travaux de deux auteurs, sans entrevue ni consentement au préalable, pour ensuite mieux les invisibiliser au moment de la rançon. Autant dire que Pirates des Caraïbes 6 n'est pas trop la priorité du studio, ces temps-ci.

Tout savoir sur Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.
Vous aimerez aussi
commentaires
Ioni
30/12/2021 à 02:26

Il faut choisir à la fin, les deux parties de leur plainte sont en opposition et incompatibles.

Si ils avaient écrit un concept de film de pirates avec un pirate craint et respecté, il n'y a pas de plagiat puisque Jack Sparrow n'est ni craint, ni respecté.

Et puis s'ils veulent crier au plagiat sur des bases aussi peu solides, ils ont vérifiés qu'ils ne plagiaient pas un film de pirates existant (Disney en a produit un paquet durant l'âge d'or d'Hollywood)

Mr Patator
24/12/2021 à 14:39

Tout est bon pour faire cracher au bassinet ces escrocs de Disney.
Leurs succès se basent depuis des lustres sur des œuvres plagiées, pour lesquelles ils n'ont pas déboursé un centime.
Il sont la World Company des studio de cinéma et d'animation. Comment les autorités de la concurrence américaine ont pu laisser l'empire Disney racheter autant de studios et de franchises ?

Pulsion73
24/12/2021 à 09:29

effectivement, c'est....roulement de tambour... : "gênant". ^^

Rico
23/12/2021 à 22:10

J’espère que Disney gagnera face à ces aspirants scénaristes sans talents.

Mick
23/12/2021 à 20:20

Disney, cette plaie...oh ça rime.

Disney est l'équivalent pour le cinéma comme le Mcdo pour la gastronomie, de la malbouffe, mais curieusement les deux ont un succès énorme, c'est un peu désespérant et honteux.

Bref une belle bande de voleurs qui n'assument jamais rien.

Chris11
23/12/2021 à 20:17

Je capte pas, ils se plaignent que la version ciné soit très éloignée de ce qu'ils avaient proposé et que le Jack Sparrow ne soit en rien comparable avec le leur? Jcroyais qu'on pouvait porter plainte dans le cas inverse, pas dans ce sens là.
Ca sent le procès à l'américaine pour gratter quelques biftons.