2001, l'odyssée de l'espace, Blade Runner... Douglas Trumbull, génie des effets spéciaux, est mort

Mathieu Lapon | 9 février 2022
Mathieu Lapon | 9 février 2022

Douglas Trumbull, directeur d'effets visuels ayant travaillé sur Blade Runner, L'Odyssée de l'espace et Star Trek, est décédé le 8 février 2022.

Il a opéré sur Blade Runner, Star Trek, 2001, l'odyssée de l'espace... et sans lui, le monde des effets spéciaux aurait été très différent : Douglas Trumbull s'est éteint à 79 ans des suites d'un cancer et d'une tumeur au cerveau, comme l'a relayé Variety. Directeur des effets visuels, cette figure hollywoodienne de l'ombre avait été nommée à trois reprises aux oscars des meilleurs effets visuels pour Rencontres du troisième typeStar Trek : Le film et Blade Runner de Ridley Scott.

C'est sa passion pour la science-fiction et son père qui l'ont mené au monde des effets spéciaux. Son père, Don Trumbull, était ingénieur mécanicien et travaillait dans les effets visuels cinématographiques (notamment sur Le Magicien d'Oz).

 

 

Pourtant, il rêvait de devenir architecte. Finalement, il devint illustrateur, et frappa à plusieurs portes avant de rejoindre Graphic Films, qui reçut durant cette période (1964-1965) un contrat pour la Foire internationale d'exposition de New York. En résulta le film To the Moon & Beyond, qui fut projeté dans une salle circulaire abritée sous un dôme, avec un procédé baptisé Cinérama 360. L'image était circulaire et en 70mm, et le film fut tourné en 24 images par seconde.

Ce format, inhabituel pour l'époque, fit des étincelles à la projection... notamment pour le célébrissime Stanley Kubrick, présent dans la salle. Le réalisateur cherchait à mettre sur pied un film à la fois réaliste et de science-fiction, et vit Douglas Trumbull comme la pièce manquante du puzzle pour ce faire. Ainsi, sa carrière de directeur d'effets visuels était sur les rails, et lui permit de délivrer 2001, l'odyssée de l'espace en septembre 1968.

 

Star Trek : Le film : photoUn regard hors du commun

 

Douglas Trumbull a expliqué en 2016 à Allociné qu'il vouait une admiration sans limites pour le réalisateur, même s'il n'adhérait pas toujours à son comportement (comme de nombreux associés du réalisateur, qui le trouvaient dur, très exigeant, parfois même tyrannique). Toujours est-il qu'il décrivait avant tout l'auteur comme son école à lui, et qu'elle l'a toujours guidé dans sa carrière.

Grâce à la fulgurance offerte par Kubrick, Trumbull s'est essayé à la réalisation de son propre film de science-fiction avec Silent Running (1972), une fable écologique assez pessimiste sur la condition humaine, dans un univers où la Terre a totalement été dévastée et que les ressources humaines sont préservée dans des vaisseaux spatiaux. Un essai mitigé dans l'ensemble (mais très apprécié des fans du genre), qui a conduit le technicien à revenir à ses fondamentaux. 

 

Blade Runner : photoTrumbull ou la démocratisation de cyberpunk au cinéma

 

Ce petit pas en arrière a d'autant plus été bien exécuté qu'il lui a permis de travailler sur Rencontres du troisième type (1978) de Steven Spielberg, Star Trek : Le Film (1980) et Blade Runner (1982) de Ridley Scott. En 1983, il fait son baroud d'honneur à la réalisation avec Brainstorm, un thriller de science-fiction où la mémoire des autres peut être lue dans un casque avancé.

Une prise de risque assez novatrice sur la réalité virtuelle (car c'est ainsi que s'affichent les souvenirs pour l'utilisateur du casque), qui a malheureusement été un enfer de production, notamment à cause de la mort tragique de Natalie Wood (l'actrice principale du film), quatre semaines avant la fin du tournage. Sa sœur servit de doublure pour finir ses scènes.

Son dernier travail officiel en tant que directeur des effets visuels a été The Tree of Life de Terrence Malick. Du reste, il a réalisé un certain nombre de courts-métrages (Night of DreamTour of the Universe) et producteur sur quelques films (The StarlostIn Search of the Obelisk). Son lègue dans le domaine des effets spéciaux a redéfini la science-fiction et permis sa démocratisation à grande échelle au cinéma.

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commentaires
Neji
11/02/2022 à 01:32

Rares sont les personnes qui peuvent porter le titre de grand maître .
Lui ça lui allait comme un gant.
Respect à tout jamais.

Kouak
10/02/2022 à 10:00

Yoh !!
Quand un esprit créateur et inventif choisi un "corps de métier" dans lequel il peut s'en donner à cœur joie cela donne Douglas Trumbull...
Au même titre que Georges Méliès, que l'on oublie bien trop souvent, au tout début du cinéma.
Reposez en paix "maître" Trumbull...

Ray Peterson
10/02/2022 à 00:01

Là, on a perdu un grand. Brainstooooooorm. L'édition Blu-ray (je crois de 2012) m'avait mis KO par sa def. Pour dire, le gars impliqué au tournage sur la meilleur résolution. Un génie. Jamais eu un oscar ptiiiiiiiin (sauf pour carrière... mouais)....

Kyle Reese
09/02/2022 à 22:45

Une pointure immense. Un génie. Il m'avait donné l'idée de vouloir bosser dans les SFX quand j'étais ados en découvrant d'abord Rencontres du 3 ème type puis évidement la claque énorme et indélébile de Blade Runner. Son Los Angeles d'anticipation m'a marqué à vie. Et puis évidement 2001. Là ou il est maintenant il doit voir pleins d'étoiles ...

Cameron doit être particulièrement triste.

Yamcha
09/02/2022 à 20:23

Le documentaire 'Trumbull Land' (2018) était bien sympa ; on y voit notamment ses dernières recherches pour créer des mondes extraterrestres en mélangeant des liquides colorés.

W. Pearlson
09/02/2022 à 18:45

La fin d'un certain savoir faire...

RIP
09/02/2022 à 18:10

Quel talent, et quelle carrière....

70 mm,
09/02/2022 à 16:30

ah, le SlitScan sur 2001, les types y ont passé, 2 ans voir 3an s, pour le mettre au point, le raffiner et l'executer sur la sequence "Jupiter et au delà", en stop motion , en manuel, tout à la main, sans ordinteur, ni outils motorisés pour gerer les mouvements tres delicats de la cam sur rails, on se rend pas compte!

Eddie Felson
09/02/2022 à 15:03

Quel héritage. Un grand parmi les grands. RIP