Test Gotham Knights : une Bat-family perdue sans son Batman

Arnold Petit | 27 octobre 2022 - MAJ : 28/10/2022 00:36
Arnold Petit | 27 octobre 2022 - MAJ : 28/10/2022 00:36

Depuis 2015 et la sortie de Batman : Arkham Knight, troisième et dernier épisode de la fabuleuse saga Arkham de Rocksteady, les fans de comics et les joueurs attendaient de pouvoir se replonger dans un jeu se déroulant dans l'univers de Batman. Sous la direction des studios Warner Bros. Games Montréal (Batman : Arkham Origins), Gotham Knights tente de poursuivre l'oeuvre du justicier avec les héros de la Bat-family, mais est-ce que ce nouveau jeu d'action en co-op est un digne successeur du Chevalier Noir ?

REQUIEM

Gotham Knights n'est pas une suite d'Arkham Knight se déroule dans un tout autre univers, mais de nombreux éléments rappellent les heures passées aux côtés de Batman. Les héros se déplacent toujours de toit en toit avec leur grappin dans un monde ouvert, enchaînent toujours les combats en un contre un face aux gangs, éliminent toujours silencieusement leurs ennemis en se glissant au-dessus d'eux et doivent toujours ramper dans des conduits d'aération pour mener leurs enquêtes.

À première vue, donc, cette nouvelle version de Gotham ressemble quasiment à celle des précédents jeux consacrés à Batman et la comparaison est plus que tentante étant donné le nombre de similitudes qui apparaissent d'emblée au niveau du gameplay.

 

Gotham Knights : photoOn ne s'est pas déjà vu quelque part ?

 

Cependant, même s'il s'appuie sur l'héritage de la saga développée par Rocksteady, le jeu des studios Warner Bros. Games Montréal veut sortir de l'ombre du Chevalier Noir pour vivre sa propre aventure, à l'image de ses personnages.

Cette volonté de faire table rase pour entamer un nouveau chapitre se traduit directement dans le point de départ du récit, révélé dans les bandes-annonces, mais aussi dans l'atmosphère qui règne au début du jeu : Batman et le Commissaire Gordon sont morts, l'asile d'Arkham est abandonné et les membres de la Bat-family se réunissent pour enterrer Bruce Wayne et prendre la relève.

 

Gotham Knights : photoPurple Rain

 

Désormais, au lieu de seulement incarner Batman, le joueur a le choix entre quatre personnages : Nightwing (Dick Grayson), premier protégé de Bruce Wayne devenu un héros aussi acrobatique que charismatique ; Batgirl (Barbara Gordon), génie de l'informatique qui surmonte la mort de son père et de son mentor en appliquant leurs enseignements du mieux que possible ; Robin (Tim Drake), troisième version de l'acolyte de Batman et adolescent brillant qui cache son insécurité par son humour ; et enfin, Red Hood (Jason Todd), ancien Robin devenu un anti-héros meurtrier et impulsif encore traumatisé par sa mort et sa résurrection, qui ont altéré sa personnalité.

 

Gotham Knights : photoEn rouge et noir

 

KNIGHTFALL

Alors que les criminels profitent de l'absence de Batman pour instaurer le chaos, le scénario avance grâce à des missions scénarisées appelées "dossiers", qui sont consacrées aux différents méchants. Les héros doivent faire face à Harley Quinn, Gueule d'Argile, Mr. Freeze, mais aussi une mystérieuse menace qui peut être liée à la disparition du Chevalier Noir, la Cour des Hiboux, ainsi que d'autres adversaires du Chevalier Noir.

D'autres crimes à déjouer s'ajoutent aux missions principales tandis que Nightwing, Batgirl, Robin et Red Hood arpentent les rues en traquant les sbires des super-vilains. Mais passées les premières intrigues pour prendre ses marques, Gotham Knights se change rapidement en un tout autre jeu, avec une structure linéaire, répétitive et un système proche du RPG qui s'avère aussi pénible qu'inutile.

 

Gotham Knights : photoEntre hommage et réinvention

 

En progressant, le joueur doit fabriquer et améliorer son équipement grâce aux matériaux récupérés lors des combats, des défis et des missions. Des "effets élémentaires" (comme la glace, le feu ou le poison) s'ajoutent aux tenues et aux armes pour les rendre plus efficaces face à certains types d'ennemis et des "puces" peuvent être fusionnées et installées pour gagner encore plus de puissance.

Néanmoins, en plus de son interface confuse, cet aspect du jeu (qui englobe une grande partie du contenu avec les différents types de ressources ou la personnalisation des costumes) casse le rythme et semble surtout destiné à rallonger la durée de vie d'un jeu qui se termine en une vingtaine d'heures.

 

Gotham Knights : photoKaraté Kid

 

Les missions secondaires autour des autres méchants que la Cour des Hiboux ne sont plus intégrées à l'histoire, mais se débloquent à partir d'un certain niveau et sont seulement accessibles depuis le Beffroi, qui fait office de salon d'accueil et de QG où les héros retournent à chaque fin de "patrouille" pour mettre à jour leurs objectifs.

Sur le chemin, le joueur croise d'autres figures emblématiques, comme le Pingouin, l'inspecteur Montoya, Lucius Fox ou le Dr Thompkins, mais ces personnages ne servent qu'à donner des missions et des défis anecdotiques pour gagner de l'expérience ou des matériaux.

 

Gotham Knights : photoArmure de protection numéro 83

 

Au final, plutôt que de venir compléter le récit, l'exploration de Gotham et les différentes activités annexes s'apparentent plus à une corvée. Dès lors, les nuits finissent par suivre la même routine : interroger des voyous ou élucider des meurtres pour découvrir des crimes plus gros qui ne sont pas forcément liés à une mission, accomplir tous les objectifs, rentrer au bercail, regarder une cinématique, améliorer son équipement et recommencer. Inévitablement, la lassitude se fait ressentir au bout de quelques heures.

 

Gotham Knights : photo"Je crois que j'ai jeté un froid"

 

KILLING JOKE

Même avec son côté simpliste et répétitif, Gotham Knights pourrait être plaisant si les affrontements (sur lesquels repose en grande majorité le jeu) n'étaient pas aussi chaotiques. Pour se distinguer de la saga Arkham et de son système de combat révolutionnaire fondé sur des contres dévastateurs, WB Games Montréal a repris un modèle beaucoup plus basique, proche de celui du jeu Marvel's Spider-Man, reposant sur des esquives et des attaques spéciales disponibles grâce à une jauge "d'élan" qui se recharge à force de tabasser les ennemis.

 

Gotham Knights : photoRafale cryogénique dans la face

 

Certaines capacités sont plus efficaces que d'autres, les styles bien distincts des quatre justiciers apportent de la diversité durant les combats et les animations assurent le spectacle les premières fois.

Mais après avoir constaté que les caprices de la caméra et les mouvements approximatifs de certains ennemis empêchent toute esquive, la plupart des combats consistent à marteler sa touche en variant entre attaques lourdes et légères jusqu'à ce que plus personne ne bouge. Les combats de boss, eux aussi, sont identiques, avec un affrontement dans une arène où il faut frapper l'ennemi à répétition pour espérer lui faire des dégâts.

 

Gotham Knights : photoTu vas manger du tonfa, l'ami

 

En outre, les déplacements, les cinématiques ou même les échanges entre les personnages sont lents, rigides et manquent cruellement de dynamisme. Plusieurs bugs, des ennemis invisibles et des gestes imprévus de la part des héros ponctuent régulièrement le jeu, si bien que Gotham Knights donne souvent l'impression d'avoir presque dix ans de retard techniquement.

Parcourir la plus grande et la plus fidèle version de Gotham City en incarnant un des membres de la Bat-family est forcément réjouissant pour n'importe quel fan de l'univers de Batman, mais la sensation de vitesse du Bat-cycle, la puissance des coups durant les combats ou la menace de la Cour des Hiboux ne se ressentent jamais en dépit de la jolie direction artistique et de l'ambiance néo-noir de la ville.

 

Gotham Knights : photoNéon-noir, plus exactement

 

Hormis pour la cinématique d'introduction et quelques passages qui lorgnent vers le genre horrifique (comme les hallucinations causées par l'Épouvantail à l'époque), la mise en scène se contente du minimum et ne parvient jamais à donner un quelconque sentiment héroïque au récit (ou seulement en mettant la même musique faussement épique à chaque trajet en moto).

Tout un tas de références à l'univers de Batman se glisse dans les décors ou les dialogues et Gotham Knights puise dans les comics avec un amour sincère, en particulier ceux de Scott Snyder et Greg Capullo, mais l'histoire est trop courte, trop prévisible, et la fin du jeu (pressentie dès le début) confirme définitivement la déception.

 

Gotham Knights : photoTu vas prendre pour les autres

 

UN DEUIL DANS LA FAMILLE

À défaut de proposer une histoire surprenante, Gotham Knights brille pour son travail autour de la ville et l'écriture de ses quatre héros, qui doivent apprendre à vivre sans Batman tout en essayant de ramener l'ordre à Gotham.

Chacun des membres de la Bat-family suit son propre arc narratif à travers de courtes cinématiques qui se débloquent au fil des missions. Des séquences pas forcément mieux réalisées que les autres, mais plus calmes, plus mélancoliquesdans lesquelles le groupe de justiciers apparaît comme une bande de gamins perdus, brisés. Des gosses qui continuent d'avancer coûte que coûte en se soutenant les uns les autres (et en pouvant compter sur Alfred, fidèle allié toujours aussi bien représenté dans les jeux).

Si des passages frôlent le mélodrame, ces quelques cinématiques parviennent à faire ressentir l'absence de Batman et ce qu'il pouvait représenter aux yeux de chacun des personnages, y compris certains super-vilains.

 

Gotham Knights : photoÀ feu et à sang

 

Comme les quatre héros, le joueur répète ce qu'il a appris, mais doit lui aussi apprendre à vivre sans Batman et adapter son style de jeu en fonction de la personnalité de celui qu'il incarne. Les points de compétences acquis peuvent être utilisés avec les quatre personnages, ce qui invite à passer du temps avec chacun d'eux et les faire évoluer.

À ce niveau, la coopération (limitée à deux joueurs en attendant le mode "Assaut héroïque" le 29 novembre) est peu contraignante : chaque joueur peut faire ses missions et ses tâches de son côté avant de se retrouver pour le reste de l'histoire principale. Plusieurs missions donnent même l'impression d'avoir été d'abord conçues pour plusieurs joueurs et sauf quelques problèmes de connexion, le mode co-op apporte un vrai plus à l'expérience.

 

Gotham Knights : photo"C'est 1,2,3 et on frappe ou on frappe à 3 ?"


Toutefois, au bout de la campagne et de plusieurs heures, Gotham Knights peut convaincre certains joueurs d'errer dans Gotham et peut-être même d'y revenir pour jouer avec d'autres amis, mais dans les faits, le jeu consiste essentiellement à aller d'un point à l'autre en enchaînant les combats pour ramasser des informations ou des ressources pour améliorer son équipement.

Et parfois, il y a des missions prenantes et un peu mieux écrites autour de quatre héros qui essaient de trouver leur place et de rendre hommage à celui qu'ils considéraient comme un père spirituel. L'intention est louable, pleine de sincérité, mais ce jeu n'est pas celui que les fans méritaient, ou même celui dont ils avaient besoin.

Gotham Knights est disponible depuis le 21 octobre sur PC, PlayStation 5 et Xbox Series X|S.

 

Gotham Knights : photo

Résumé

Malgré une réelle volonté de se démarquer des jeux Arkham de Rocksteady et une sincérité qui se ressent dans l'écriture des personnages, Gotham Knights n'est jamais aussi plaisant qu'il devrait en raison de ses limites techniques, de sa structure répétitive et de son récit médiocre. Les fans de l'univers de Batman seront ravis de pouvoir à nouveau parcourir les rues de Gotham, mais le jeu de WB Games Montréal est une amère déception.

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commentaires
Fredimax
02/11/2022 à 13:26

pire déception de l'année pour moi, j'ai acheté le jeu sur Steam et demander un refund au bout de 2h.
lent , pas du tout optimisé (le RT ne sert à rien , ah si ça vous amène du stuttering qui rends le jeu quasi injouable...) , les déplacements à moto une véritable corvée , l'impression d'aller moins vite que sur un vélo , un combe !
Si encore l'histoire était sympa mais même pas , les 4 héros sont très bofs niveau charisme , il ne reste pas grand chose à ce jeu.
Sinon effectivement , Spiderman Remastered , malgré les points communs a au moins le mérite de proposer quelque chose de largement mieux en terme d'histoire de joaubilité etc etc...

Leduk
29/10/2022 à 09:03

Les gens qui disent vouloir jouer a Spider Man, je lai pris et cest un sous batman. Pas nul, mais vraiment pas terrible et totalement surcoté

C.Kalanda
28/10/2022 à 11:26

@ecranlarge.con (ndlr bonne vanne quand même): êtes vous certain surtout d’avoir joué au jeu

Simon Riaux
28/10/2022 à 10:09

@Écran large.con

Êtes-vous bien certains d'avoir lu les articles qui vous agacent ?

Écran large.con
28/10/2022 à 10:04

Même ligne éditorial que chez Jv.con en fait... Vous êtes vraiment les mêmes pitres en terme d'écriture !

Plus personne ne sait faire une critique sans se montrer égocentrique ou virulent... Ça fait pitié, mais pas au point que je vous jette une pièce.

C.Kalanda
27/10/2022 à 21:52

Complètement raccord avec la critique. Ce jeu est une absurdité. Un ersatz de Spider-Man, sans les trucs sympa de spider man. Et surtout un vol absolu de la « licence ». On a l’impression d’avoir dans les mains le mauvais jeu qu’aurait pu être batman arkham s’ils avaient pris toutes les pires décisions. C’en est presque brillant de les avoir toutes prises d’un coup, 12 ans plus tard. Et l’absence de congés - pour un jeu de la licence sérieux - pour ce système tout moisi d’esquives ?? Passez votre chemin les amis, et attendez de le faire à 30 balles, ça vaut pas plus.

Kyle Reese
27/10/2022 à 19:23

Ayant lu tout un tas d’autres critiques et malgré ma grande affection pour cet univers et ayant bcq aimé les jeux Arkhams, ce sera sans moi. Pas envie de jeux répétitif, l’impression de perdre mon temps. Me ferait le Marvel’s Spider-Man remake HD sur pc à la place.

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