Test Dead Island 2 : incroyable, c'est pas une catastrophe (bien au contraire)

Marvin Montes | 18 avril 2023
Marvin Montes | 18 avril 2023

Miraculeusement rescapé d'un développement chaotique qui présageait du pire, Dead Island 2 laisse de côté toute gravité pour enfin tenir sa promesse : offrir quelques heures de fun décérébré et des litres d'hémoglobine, sans trop se poser de questions. Plus de 10 ans après le premier Dead Island, sorti en 2011, test de la bonne surprise Dead Island 2.

Development Hell-A

En 2011, un trailer cinématique sorti de nulle part secouait l'industrie du jeu vidéo. Cette bande-annonce, qui déroule à rebours le funeste destin d'une famille déchirée en pleine invasion zombie, c'est celle de Dead Island, jeu d'action à la première personne développé par les Polonais de Techland et édité par Deep Silver. La vidéo, relayée notamment par Hideo Kojima et Simon Pegg, génère chez les amateurs de zombicide une attente démentielle, qui ne sera malheureusement pas récompensée.

Répétitif, mou et relativement dépourvu d'enjeux dramatiques, Dead Island est, à sa sortie, bien loin de confirmer les espoirs placés en lui. Une extension indépendante, Dead Island Riptidesort en 2013, pour essuyer exactement les mêmes reproches que ceux proférés à l'encontre du jeu original. Techland, cette fois sous la houlette de Warner, continue malgré tout son exploration du survival en vue subjective et parvient à affiner sa formule en 2015 avec Dying Light, en l'affublant d'un cycle jour-nuit intéressant.

 

Dead Island : photoUn trailer qui laisse des traces

 

A l'occasion de l'E3 2014, Deep Silver annonce la sortie de Dead Island 2 pour l'année suivante (et re-tente même le coup du trailer, mais la roublardise ne prendra pas une seconde fois). Vous le savez probablement déjà, rien ne va se passer comme prévu. Les cinq années qui vont suivre consisteront en une valse des équipes de développements se refilant le bébé comme un virus zombifiant.

D'abord entre les mains de Yager Development, puis de Sumo Digital, le jeu atterrit finalement dans le giron des Britanniques de Dambuster Studios (une équipe interne de Deep Silver). Neuf ans après son annonce, Dead Island 2 est enfin prêt à délaisser son ile paradisiaque pour investir le bitume de Californie.


Dead Island 2 : photoLendemains difficiles

 

California dreamin'

Exit donc les palmiers de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (théâtre du premier jeu), place à ceux de la cité des anges, très justement renommée "Hell-A" pour l'occasion (vous noterez la qualité du jeu de mots, digne d'un rédacteur d'Ecran Large un lundi matin). À la suite d'un crash d'avion bien malheureux, notre protagoniste, choisi parmi six tueuses et tueurs aux capacités bien spécifiques, se retrouve parachuté dans un Los Angeles en pleine zombification. Nous aurons à peine le temps d'agripper quelques armes de fortune qu'il faudra déjà trancher dans le vif, pour tenter de trouver refuge dans la propriété d'une starlette de Bel Air, rescapée du crash elle aussi.

Nous ne nous attarderons pas plus sur le fil rouge narratif du jeu, qui ne sera probablement qu'un prétexte suffisant à démembrer sans relâche des hordes de morts vivants. En quelques mots : l'intrigue existe, comporte quelques rebondissements et son lot de rencontres plus ou moins salutaires, et c'est à peu près tout ce qu'on lui demandait.

 

Dead Island 2 : photoC'est donc ça Hollywood

 

Mais alors, quid de ce nouveau terrain de jeu tant mis en avant par la communication de Dead Island 2 ? Et bien, dès les premières minutes de jeu, L.A (ou plutôt, Hell-A) se montre assez plaisante à parcourir. Le surplus d'environnements urbains offre autant de recoins propices à abriter des ennemis que de moyens – plus ou moins improvisés – de leur échapper, tout en justifiant parfaitement la présence d'un nombre déraisonnable d'armes par destination (et heureusement, parce que nos moyens de défense ont tendance à s'user très rapidement). De plus, les premières heures de jeu, axées sur les quartiers les plus huppés de la ville, dressent assez efficacement le contraste entre désolation ambiante et opulence ridicule.

Autre aspect important qu'il convient d'éclaircir : Dead Island 2 ne tente jamais de faire passer son environnement pour un monde ouvert. Nous nous risquerons même à affirmer que la nouvelle fournée de Deep Silver aurait tendance à briller par sa linéarité. Le joueur est invité à progresser de zone en zone (toutes délimitées par un temps de chargement) au rythme des événements de la quête principale, et avec un marqueur d'objectif bien en vue. Il sera possible, de temps à d'autres, de s'écarter d'un chemin tout tracé pour accomplir joyeusement quelques tâches secondaires, mais le jeu placera toujours ces éléments facultatifs sur notre route. D'exploration, il n'est donc pas question.

 

Dead Island 2 : photo"Bonjour, le chemin vers Beverly Hills s'il vous plaît ?"

 

Mais si Dead Island 2 se désintéresse de la tendance (excessive) des mondes ouverts ultra-riches, c'est aussi pour mieux se concentrer sur le coeur de sa proposition : de l'action, du sang, et encore un peu d'action sanglante. Deep Silver semble avoir tiré les leçons du passé et parvient à doter son nouveau jeu d'un dynamisme inattendu. Les coups, les esquives, ou les parades : tout, dans Dead Island 2, va bien plus vite que dans le volet précédent, et le nouveau système de démembrement ajoute une petite dimension ludique assez drôle.

Il est en effet possible d'utiliser certaines armes (évidemment les plus tranchantes) pour cibler une partie bien distincte d'un zombie affamé. Il sera donc bien avisé de s'attaquer aux bras, jambes et tête de l'ennemi le plus féroce pour le rendre aussi inoffensif qu'un chihuahua de Beverly Hills. Notons que l'ensemble de la partie peut être parcourue en coopération, mais que nous n'avons pas profité de cette fonctionnalité durant notre phase de test.

 

Dead Island 2 : photoLes stéroïdes, ce fléau

 

Wild wild west

Vous l'aurez compris, tous les éléments de Dead Island 2 respirent la recherche manifeste d'efficacité, et nous nous risquerons à applaudir la démarche. Le constat est le même en ce qui concerne la collecte de matériel, uniquement dédiée à la fabrication et l'amélioration de notre arsenal meurtrier (le jeu introduit d'ailleurs les armes à feu assez vite). À nous les grandes virées vers Santa Monica armés d'un marteau à viande électrique préalablement confectionné sur notre établi favori.

L'expérience de jeu (comptez une vingtaine d'heures pour voir le bout de l'aventure principale) se révèle finalement assez grisante, et étonnamment adaptative. Au fur et à mesure de ses massacres méthodiques, le joueur débloque en effet un nombre conséquent de nouvelles compétences (présentées sous forme de cartes) qu'il sera libre d'activer ou non. Il est donc assez agréable de pouvoir se fabriquer sa propre expérience en fonction de ses préférences, en mettant l'accent sur l'attaque, la défense, ou encore la mobilité.

 

Dead Island 2 : photoBob le brico-tueur

 

Enfin, il est assez plaisant de constater que Dead Island 2 ne souffre pas tant que cela du poids des années. Notre exploration de Los Angeles s'est déroulée sans heurts, et de manière extrêmement fluide sur next-gen. À l'opposé de son prédécesseur, le jeu ne se prive pas de cinématiques récurrentes, et montre que la vue subjective n'est pas foncièrement l'ennemi de la mise en scène (toutes proportions gardées, on peut penser que Cyberpunk 2077 est passé par la).

Dernier motif de satisfaction : le jeu s'assume pleinement en tant que défouloir bis, sans aucune volonté de dramatisation. Graphique, outrancier et rempli de punchlines d'un gout aléatoire, Dead Island 2 est une sympathique série Z interactive, et a la bonne idée de ne jamais se le cacher. Au revoir Romero (même si les citations au maître sont toujours présentes) et bonjour Snyder et Rodriguez. Ça ira pour cette fois.

Test réalisé sur Xbox Series X. Dead Island 2 est disponible sur Xbox One, Xbox Series, PlayStation 4, PlayStation 5 et PC à partir du 21 avril 2023.

 

Dead Island 2 : photo

Résumé

Fun, décomplexé et d'une efficacité sans pareil, Dead Island 2 est bel et bien le défouloir absurde que l'on n'osait plus attendre. Jamais le jeu du siècle, mais une belle occasion de débrancher son cerveau, tout en en découpant d'autres. Avions-nous besoin d'autre chose ?

Newsletter Ecranlarge
Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Écran Large.

Lecteurs

(2.9)

Votre note ?

commentaires
Cidjay
19/04/2023 à 09:50

Quand j'ai vu le récent trailer de Gameplay, la première chose à laquelle j'ai pensé, c'était que ça ressemblait énormément au premier qui avait eu le don de me décevoir après son mythique trailer... donc, ça m'a pas plus donné envie que ça... c'était fun mais totalement creux, un peu comme les Dead Rising.
On va dire que vous n'avez pas la même exigence en terme de jeux vidéo que de cinéma...
Un jeu, juste fun ne mérite pas 4,5 étoiles... 3 c'était déjà pas mal.

votre commentaire