Conan le Barbare : critique du grand retour du guerrier culte après sa période Marvel

Conan Origins Story

La première nouvelle rédigée par le créateur de Conan, Robert E. Howard, ne raconte pas les exploits d'un héros fougueux. Au contraire, Conan est un vieux roi ressassant ses péripéties passées. Et pour cette nouvelle série de comics, Jim Zub va à l'inverse de cette idée. Ici, le Cimmérien est un jeune guerrier – même s'il a déjà la corpulence d'un bœuf gladiateur – explorant depuis peu ce monde de fantaisie. Mais s'il franchit dès l'introduction la frontière de la Cimmérie d'où il est né, le cœur du récit s'articule autour de son retour forcé dans sa région natale pour sauver son peuple.

Ce tome 1 représente donc le héros musculeux comme décrit par Howard, car loin de l'archétype de la brute auquel on l'a trop souvent associé, Conan est un curieux dans l'âme. De ce fait, par ce retour aux origines du guerrier, l'auteur Jim Zub – qui a écrit sur le personnage chez Marvel, mais aussi Dark Horse – dépeint le baroudeur hyborien comme un combattant accompli, parlant peu, mais sagement et animé par un appel viscéral de l'aventure.

Conan découvre l'open world

De plus, Zub raconte Conan au travers de son peuple, de sa culture et des terres hostiles desquelles il vient. Sans en dévoiler plus que nécessaires sur les origines du héros, le comics installe l'environnement dans lequel le Cimmérien s'est forgé et duquel il s'est distingué comme un homme hors-norme. Néanmoins, mis à part cet angle d'attaque pour traiter de Conan, l'histoire ne sort pas des sentiers déjà bien parcourus par l'aventurier au travers de ses décennies de publications.

Conan le Barbare met en place le personnage et sa psychologie en restant fidèle à la description faite par Howard et sans détériorer le mystère autour de la légende. En somme, Titan Comics affirme son respect pour l'indomptable Conan, tout en offrant un point d'entrée idéal aux non-connaisseurs du Cimmérien.

Barbare spécialité boucher

Pulp Fantasy

Mais il n'y a pas que dans son récit que Conan le Barbare revient aux sources, puisqu'en ayant Roberto De La Torre aux illustrations, ce tome 1 arbore un style bien éloigné de l'esthétique moderne de la précédente série Marvel. Et tant mieux, car l'artiste, accompagné du coloriste José Villarubia, cherche plutôt à faire vibrer la corde sensible des fans de l'intrépide héros. En effet, les deux hommes vont puiser directement leurs références du côté de l'âge d'or des comics Conan, ceux de Marvel fait par Roy Thomas et John Buscema dans les années 70-80.

De fait, toutes les pages paraissent venir de cette période, avec ce trait fin et précis, accentuant les muscles et les pommettes marquées des personnages. Chaque case exprime l'épique de ce monde de violence au travers de superbes compositions capturant le barbare en plein combat. Les teintes sombres, contrastées par les éclaboussures de sang, installent parfaitement ce climat de danger perpétuel à l'aube de l'humanité. Conan le Barbare retrouve cette puissance élégante des meilleurs comics sur le personnage.

Conan contre des zombies, on est content

Cette ambiance de contes guerriers s’incarne également dans la narration littéraire et posée de Jim Zub. Sans inonder les planches de textes, ils sont suffisamment présents pour accompagner l'action et donner cette aura de récits légendaires répétés au coin des feux de camp en terres d'Hyboria. Encore une fois, le comics renvoie à la façon d’Howard de mettre en scène les exploits de Conan.

L'éditeur Titan, avec Jim Zub et Roberto De La Torre, invoque toute la grandeur de Conan en piochant dans ce qui a été fait de meilleurs sur le héros vagabond. Autant dire que ce début d’aventure est prometteur, jonglant habilement entre prises de risques mineures et respect du plus célèbre des barbares.

Conan le Barbare T01 : Liés à la pierre noire est disponible à partir du 20 mars 2024 chez Panini Comics France.