Daredevil Jaune : critique d'un chef d'œuvre haut en couleur
S'il n'a sans doute pas la même aura que Spider-Man ou Wolverine, Daredevil est bel et bien l'un des héros les plus importants de Marvel depuis ses débuts en 1964. Popularisé par le film honni de 2003, puis réhabilité par la superbe série Netflix, le personnage a surtout une riche histoire en comics, sublimée par plusieurs récits essentiels. Parmi ceux-ci, Daredevil Jaune est un classique qui n'a pas pris une ride, et probablement la meilleure revisite des origines de l'Homme Sans Peur.
Yellow Devil
Daredevil Jaune s'inscrit dans une série de récits anthologiques menés par le duo de choc Jeph Loeb (au scénario) et Tim Sale (aux dessins). L'idée est de revisiter les débuts des grands héros de Marvel, avec pour base esthétique une couleur (foncez lire le somptueux Spider-Man Bleu d'ailleurs). Les auteurs en profitent pour s’amuser quelque peu avec le canon, sans toutefois le trahir.
Cette mini-série est donc un point d'entrée idéal et un hommage appuyé aux origines du héros. Mais aussi et surtout un exercice de style mené d'une main de maître par le regretté Tim Sale (décédé en 2022). Pas étonnant, quand on connaît le pedigree du monsieur (qui a notamment livré le magnifique Batman : Le Long Halloween chez DC), qui fait ici le choix d'un quasi monochrome jaune pour traiter Daredevil.
La vie en jaune (et rouge un peu)
Le jaune, et pas le rouge comme on pourrait s'y attendre. Non seulement il s'agit de la couleur du premier costume iconique du héros, mais il trouve aussi sa signification dans son histoire personnelle (en l'occurrence son père boxeur). Ainsi, la vision du monde si particulière de Matt Murdock, aveugle, pour rappel, se reflète dans une belle dichotomie, ses couleurs vives tranchant avec le New York poisseux et grisâtre qu'il défend.
Loeb et Sale associent également cette couleur à Karen Page (sa chevelure blonde, ses vêtements jaunes), l'un des grands amours de Matt. La mort iconique du personnage s'inscrit dans la tragédie de Daredevil Jaune, avec un héros qui narre sa vie de ses premiers pas à son ancienne compagne. Pourtant, et c'est là la vraie force de ce récit, le drame du héros ne prend jamais le pas sur sa résilience.
Une esthétique mise au service du récit
Au delà de la tragédie
Les récits anthologiques sur Daredevil sont assez nombreux, et ils sont par ailleurs souvent des réussites. Et, au vu de la période explorée, on pourrait facilement rapprocher Daredevil Jaune de L'Homme Sans Peur, autre véritable chef-d'œuvre considéré comme la meilleure origin story du héros. Pour se différencier du classique de Frank Miller, Loeb et Sale adoptent donc une approche plus optimiste, sans déroger aux aspects fondateurs du personnage.
Ainsi, jamais le duo ne laisse de côté l'enfer de Hell's Kitchen au moment de présenter la naissance de Daredevil. Là encore, la force visuelle du récit donne du corps et du sens à l'antre du héros, d'abord par le biais de la pègre (liée à l'assassinat de son père), puis par les premiers super-vilains qu'il affronte.
Daredevil vs Electro
Daredevil Jaune use de ses couleurs vives pour établir un sinistre parallèle entre un affrontement flamboyant contre Electro et l'exécution du meurtrier du père de Matt sur la chaise électrique, presque en noir et blanc. Sale s'amuse également à mettre en scène le terrifiant Homme Pourpre et ses pouvoirs de contrôle mental, toutes ses victimes prenant elles-mêmes la couleur violette du méchant.
Daredevil vs Peine de mort
Cependant, si la tragédie du héros n'est jamais effacée, elle ne constitue pas le pilier final de son histoire. Matt se débarrasse du jaune de son costume, hommage à son père défunt, et adopte le rouge, couleur préférée de Karen. De la même manière, la conclusion du récit pourrait s'attarder en longueur sur la fin tragique de celle-ci, mais choisit une autre voie, sans d'ailleurs introduire Elektra dans l'équation.
On est habitué à voir Daredevil se morfondre en ressassant ses erreurs, à la manière d'un Batman, mais Jaune se détache en lui permettant de les accepter et d'avancer, de voir ses rares instants de vie simples (un bowling, un verre au bar...) plutôt que ses défaites. Un acte fondateur qui fait de lui un des meilleurs récits consacrés au personnage, sombre et tragique, oui, mais surtout plein d'espoir.
23/04/2024 à 12:18
Pour Morcar. En fait jeph Loeb a fait 4 mini séries liées aux couleurs.
Hulk gris
Daredevil jaune
Spiderman bleu
Captain America white.
Ces 4 séries sont des incontournables pour les fans de Marvel.
Puis dans l origine story m, Daredevil porte du jaune au début de ses aventures.
Pour Prouttom. Renaissance est bien le Zenith de Daredevil. Miller a revolutionné le perso
22/04/2024 à 20:20
@ Prouttom
Il va sans dire et David Mazzuchelli, quel dessinateur !!
22/04/2024 à 19:08
Article intéressant, qui me donne presque envie de le rajouter à ma liste d'achats papier (d'autant plus que les récits solo de DD sont souvent de qualité, je confirme, en ayant quelques uns pour ma part). Mais tant qu'à faire des articles comics, pourquoi ne pas aborder d'autres éditeurs ? En ce qui me concerne je suis pas mal fan de Valiant (quasi toutes leurs séries sont des pépites! ), mais il y a aussi de très bonnes choses à prendre et à lire du côté d'Image ou Dark Horse, sans parler des indés comme Dynamite Comics! (très versés dans le style Fantastico-Horrifique), il y a largement de quoi faire.
Parce que oui, Marvel et DC possèdent assurément dans leur catalogue quelques unes des séries/personnages les plus connus et appréciés du grand public, mais ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, selon l'expression consacrée...
22/04/2024 à 15:08
Puisqu'il est aveugle, qui l'aide à choisir la couleur de ses costumes ? Est-ce elektra? Son mentor ? Le diable ?
22/04/2024 à 13:12
Le Jaune, c'était surtout pour symboliser la lâcheté...
22/04/2024 à 11:32
Daccord avec Prouttom
Born again(renaissance) est un monument de la bd et le sommet du personnage.
22/04/2024 à 09:58
Ils vont faire toutes les couleurs des Power Rangers ?...
21/04/2024 à 19:44
Le chef d oeuvre sur daredevil reste et restera born again de Miller et mazzuchelli. Daredevil jaune est du même niveau que le run de nocenti et romita junior.