The Witcher : 5 raisons de craindre l'adaptation en série par Netflix (et 5 raisons d'espérer)

Lino Cassinat | 17 décembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Lino Cassinat | 17 décembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Depuis que Game of Thrones a vécu, chacun veut le sien. Netflix se lance donc dans la fantasy pour adultes avec The Witcher, et ça pourrait passer... ou casser.

La série The Witcher s'annonce comme le plus gros évènement de cette fin d'année sur Netflix. La dark fantasy pour adulte a plus que jamais le vent en poupe depuis le vide intersidéral laissé par Game of Thrones, et la plateforme de streaming est sûre de frapper un grand coup grâce à l'absence de concurrence sur ce créneau et en s'attaquant à une licence qui a le double avantage d'être issue d'une littérature conséquente et d'être déjà bien identifiée du public grâce aux jeux vidéo à succès.

Mais parce que caster une super-star dans le rôle principal, déverser des brouettes d'argent, copier une formule gagnante... ne marche pas à tous les coups (coucou Justice League) et que la promo a soufflé le chaud et le froid, on partage avec vous nos craintes et nos espoirs.

 

 

CRAINTES

1. FAIRE OPPORTUNÉMENT DU GAME OF THRONES

Parce qu'il n'y a rien de pire que de copier en moins bien un univers extrêmement populaire à la limite de la monoculture, surtout quand le grand frère était lui-même régulièrement épinglé sur certaines lourdeurs narratives et stylistiques.

Si l'on n'a pas encore de vraie raison concrète de s'inquiéter de cela, on connaît la tendance de certains producteurs à vouloir se contenter de servir la soupe pour satisfaire les fans d'un genre. Il va sans dire que personne ne veut d'un Game of Thrones bis/ter/quater avec quelques swap-colors, une perruque argentée sur la tête d'Henry Cavill et des yeux violets pour Anya Chalotra.

 

photoMais que font ces gens derrière toi Geralt ?

 

Par extension, si, comme Game of Thrones, l'univers de The Witcher est cru, voire cruel, ce serait pénible de le voir réduit à des morts violentes et des scènes de sexe endiablées sur fond d'amours incestueuses, d'intrigues politiques avec 47 noms propres, de viols et de massacres, bref, tout ce à quoi se réduirait Game of Thrones dans la tête d'un producteur fainéant.

Et un certain visuel de Geralt et Yennefer (masquée...) en pleine orgie ne rassure pas du tout sur ce point. Il y a tout cela dans The Witcher, mais il y a aussi autre chose à creuser - notamment sur les questions de racisme -, donc on ne force pas le trait, c'est pas la compète des edgelords, et on reste modéré sur les appels du pied s'il vous plaît, merci.

 

photoTu veux qu'on se tire l'oreille ?

 

2. SURVOLER OU MAL TRAITER LES THÈMES CLÉS

Corollaire du point précédent, ce ne serait pas la première fois qu'on verrait des thèmes politiques passionnants, sur le papier, essorés en lénifiantes dissertations de philo à l'écran, ou encore des conflits on ne peut plus sérieux réduits à de simples prétextes à oppositions narratives.

On peut reprendre l'exemple du racisme et de l'exclusion par exemple : pas besoin d'avoir fait une thèse sur Aimé Césaire ou de connaître par coeur l'histoire de Martin Luther King pour voir que c'est le thème qui agite l'univers des X-Men en général, et tout le monde a bien vu également que c'est - entre autres -  parce que ces thèmes-là étaient centraux dans X-Men et X-Men 2 qu'ils avaient beaucoup de panache.

C'est un peu la même chose pour The Witcher. La peur et le rejet de l'autre sont plus que de bien pratiques casus belli. Quiconque a en tête les évènements de Blaviken racontés dans la nouvelle Le Moindre Mal, ou s'est frotté à cette grosse enflure de Radovid dans les jeux, aura du mal à accepter de voir ces sujets relégués en toiles de fond (comme dans X-Men : L'Affrontement final par exemple) ou édulcorés pour faire passer l'idée en gros à un public plus large.

 

photo, Henry Cavill, The Witcher Saison 1Il y a même du racisme envers les Sorceleurs

 

3. LE KITSCHO-FÉÉRIQUE

Faut-il plus d'explications que la photo test balancée par Netflix fin octobre 2018 sur Twitter (et visible ci-dessous) ? Très bien, alors disons que ce qui passe dans un livre ou dans un jeu vidéo ne passe pas toujours bien à l'écran et peut même devenir franchement hideux, et ce visuel test d'Henry Cavill buvant une potion en aura été la preuve par l'exemple.

Pourtant il y a tout l'attirail (à part les cicatrices), les cheveux argentés, la tenue en cuir noir, les yeux orange, l'éclairage so dark, les sourcils froncés... mais non ça marche terriblement mal. Heureusement d'autres visuels sont venus calmer le jeu et rassurer, mais quand on note quand même dans la bande-annonce et dans certaines images une certaine tendance au kikoulol féérique dégoulinant (le bal, un arbre géant à l'aura violette...), on se pose des questions.

 

 

Un peu de contexte cependant : les histoires originelles de The Witcher ont été écrites par Andrej Sapkowski dans les années 90, une décennie pendant laquelle les séries Hercule avec Kevin Sorbo et Xena, la guerrière avec Lucy Lawless ont été renouvelées cinq fois chacune et ont généré de nombreux téléfilms.

Bref, The Witcher est née à une époque où le monde n'avait pas la même idée du cool, et par certains aspects, son univers commence déjà à dater un peu, même s'il a connu une très belle seconde jeunesse avec les jeux vidéo. Inutile de dire qu'en 2019, la fantasy ne ressemble plus à une pochette animée d'un album perdu de Manowar, et si on n'en est pas à s'attendre à Conan le destructeur, les pantalons en cuir moulant, les chemises ouvertes jusqu'au nombril sur des pectoraux luisants et les grosses épées renvoient à un imaginaire assez daté.

 

photo, Henry CavillOn ne s'en lasse pas

 

4. UN BESTIAIRE AU SERVICE MINIMUM

Au jeu des comparaisons d'univers, c'est peut-être là que The Witcher a le plus de chances de se démarquer franchement de Game of Thrones, et d'une belle manière en plus : dans The Witcher, on chasse des monstres, c'est littéralement à ça que sert un Witcher (Sorceleur en français).

Alors oui on connaît, "parfois les pires monstres ce sont les humains", bla bla bla. N'empêche que : pas de monstres, ou des monstres au rabais genre araignée géante ou zombis pourris, pas de The Witcher qui tienne. Nous, on veut les strigas, les couvins, les ekimme, les noyeurs, le leshen, les kikimorrhes et même les célicoles. Et pas la peine de venir se la péter si on a juste droit à trois-quatre elfes et une demi-goule qui se battent en duel, surtout après les dragons des dernières saisons de Game of Thrones.

 

photo, The Witcher Saison 1Un des seuls bouts de monstre aperçus jusque-là

 

Le problème c'est qu'évidemment, faire des monstres, avec du maquillage ou de la CGI, ça demande du temps et de l'argent, et qu'on se doute bien que Netflix ne va pas immédiatement allonger un pognon de dingue pour une série qui n'a pas encore fait ses preuves (mais qui a déjà été renouvelée, allez comprendre).

On va se dire que c'est normal donc et qu'il va falloir s'attendre à un cachet visuel du niveau de la saison 1 de Game of Thrones plutôt que de la huitième. Mais il n'empêche, avoir juste quelques monstres ou des monstres moches ou peu de monstres moches qu'on voit à peine, dans un univers où ils sont aussi présents, ça va avoir du mal à passer.

 

photo, The WitcherEn route vers un monstre ?

 

5. HENRY CAVILL ET LES AUTRES

On n’en a pas beaucoup parlé dans nos colonnes, mais il faut bien admettre que le casting complet de cette série The Witcher manque singulièrement de relief, et donner les rôles de Yennefer et Triss à deux actrices métisses pour se la jouer progressiste ne change rien.

Que ce soit dans les seconds rôles ou dans les rôles principaux, sur le papier, le casting de The Witcher n'a pas de gueule marquante ou d'identité remarquable... et donc manque de saveur. Il y a bien Lars Mikkelsen pour égayer tout cela (frère de Mads Mikkelsen et infect grand vilain de la saison 3 de Sherlock), mais il est annoncé dans un rôle tellement mineur qu'il vaut mieux ne pas compter sur lui.

Reste le facteur Henry Cavill. Loin d'être un mauvais acteur, mais avec son visage de beau gosse minet et son image de Superman qui lui colle à la peau, il est ici dans un quasi-contre-emploi, même s'il a la carrure physique du rôle. En revanche, même s'il arrive à soulever des montagnes, il n'en reste pas moins que des triangles amoureux ça se fait à trois. Et déjà qu'il est assez cucu en soi, si Triss et Yennefer n'ont rien dans le ventre, et si Geralt a droit au caricatural traitement "mâle mutique désinvesti", il n'y aura rien d'autre à faire qu'attendre que ça passe.

Idem si Ciri passe de guerrière à gamine chouineuse ou que Jaskier devient un pénible comic-relief type Matthew Bellamy qui fait des blagues.

 

photo, The Witcher Saison 1, Anya ChalotraYennefer n'est pas Lopez

 

LES ESPOIRS ET ATTENTES

1. HENRY CAVILL ET SES MUSCLES

Pour autant, Henry Cavill ne fait justement pas beaucoup de mystère sur sa volonté de casser cette image de gendre parfait généré aléatoirement par l'ordinateur central de GQ. Les quelques images de son film le plus récent, Nomis, le montrent en flic hirsute prompt à l'énervement, et surtout on se souvient évidemment de lui dans Mission : Impossible - Fallout, unanimement salué pour son excellent agent de la CIA bourrin, amoral, imbuvable et orgueilleux jusqu'à la bêtise.

Ses choix de casting récent témoignent d'une envie de sa part d'y aller au marteau plutôt qu'au scalpel, de diversifier ses rôles, et il est capable de transformer son charme souriant en anti-charisme impressionnant. Le choix n'était pas le plus évident, mais Superman pourrait donc bien être un excellent Geralt de Riv.

 

the WitcherÀ la castagne !

 

2. UNE SÉRIE DÉJÀ ÉCRITE SUR DE MULTIPLES SUPPORTS

L'univers de The Witcher présente un avantage certain pour une adaptation en série, c'est qu'il a été écrit sur deux tableaux. Les aventures de Geralt sont racontées à la fois à travers de multiples recueils de nouvelles, écrites dans un ordre non-chronologique, tandis qu'il existe également une série de cinq romans constituant une seule et même histoire mettant un terme à la trame de Geralt (enfin, on n’est pas à l'abri d'un retour vu qu'Andrej Sapkowski est toujours vivant, mais disons que la fin est très conclusive).

Du pain béni donc, puisqu'il y a à la fois de l'épisodique et du feuilleton. Il n'y a plus qu'à mélanger les deux pour créer du rythme et raconter des histoires variées tout en gardant un cap dès la saison 1.

Les jeux vidéo sont également passés par là et ont fait un superbe travail d'adaptation et même d'augmentation du récit avec de nombreuses bonnes trouvailles (au hasard le personnage de Priscilla par exemple). En plus, en tant que récit à trous chronologiques, il y a largement la place pour y insérer ses propres idées et sortir un peu des sentiers battus sans prendre le risque d'énerver tout le monde en tripotant un élément trop canon du récit. Non vraiment, il n'y a qu'à se pencher et ramasser.

 

jeu vidéoLe taux de réinstallation du jeu chez les lecteurs d'Ecran Large vient de sensiblement augmenter

 

3. DES COMBATS ÉPIQUES

Depuis Daredevil, le savoir-faire de Netflix en matière de combat au corps-à-corps n'est plus à prouver, et ça tombe bien, ce n'est pas ce qu'il manque dans l'univers de The Witcher. Avec en plus une volonté affichée de ne pas vouloir faire dans la dentelle et un Henry Cavill rompu aux cascades et aux bastons chorégraphiés, cela promet une certaine dose de spectacle et un peu de viande sur les murs. Et si le bestiaire tient debout, là c'est carrément du très très lourd qui pourrait nous attendre.

On attend par exemple assez fermement le combat bien connu des lecteurs comme des joueurs contre la fille métamorphosée du roi Foltest. À la fois, car c'est un passage dramatique capital de l'histoire de Geralt, un grand moment d'émotion... mais aussi une lutte acharnée qui a duré une nuit entière dans un château en ruine et a laissé notre héros pour mort. Avec un peu d'ambition, y'a de quoi tenir une demi-heure haletante juste avec cette seule baston.

 

photo, The Witcher Saison 1Voilà, c'est ça qu'on veut

 

4. LES BANDES-ANNONCES

Tout n'y était pas rose, mais il faut bien admettre que Netflix sait y faire pour vendre ses contenus et que globalement, les multiples bandes-annonces de The Witcher font envie. On y aperçoit notamment un Henry Cavill très impliqué et des morceaux de combats à l'épée aux chorégraphies à la fois élégantes et brutales, fidèles à l'esprit de l'univers. On peut même y discerner quelques traces d'humour froid et cassant bien dans le ton du récit, ce qui n'était pas une mince affaire vu la mode actuelle en termes de production de lol.

Seuls absents regrettables, les monstres. On l'a déjà dit, mais on le répète, un Sorceleur, c'est un chasseur de monstres, donc pas de monstres, pas de The Witcher. Or les bandes-annonces se concentrent énormément sur Ciri et les guerres humaines liées à l'invasion nilfgaardienne, c'est un petit peu dommage, mais cela reste à voir.

 

photo, The Witcher Saison 1, Freya AllanAu cas où vous ne le sauriez pas, c'est la guerre en Ciri

 

5. HUIT ÉPISODES

C'est une tendance chez certaines séries épico-politiques à intrigues multiples qui irrite certains spectateurs : un rythme lent, voire pataud. Seulement huit épisodes ont été annoncés pour cette saison 1, et à moins que Netflix ne retienne les chevaux et essaye d'en garder un maximum sous le coude, cela pourrait signifier que le studio a cherché à resserrer son récit et ne pas trop multiplier les arcs secondaires.

Il faut bien garder à l'esprit que The Witcher est un univers évidemment très politique, mais il y a aussi une grosse composante aventureuse. Et pour faire une aventure captivante, on ne peut pas se permettre de lambiner et d'avoir un rythme poussif. Ce faible nombre d'épisodes pourrait donc être un bon signe.

Rendez-vous le 20 décembre pour vérifier tout ça, jour où Netflix diffusera les huit épisodes de la série The Witcher !

 

Affiche US

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commentaires
Thewitcher007
19/12/2019 à 14:11

Juste pour dire la série est une adaptation, des livres et non des jeux ; mélanger pas tous sachant que c'est complètement différent. Et surtout que les livres the witcher ont été créer avant game of thrones ; donc si il y a des ressemblance ; n'allez pas vous plaindre sur la série sachant qu'elle adapte les livres. Surtout qu'une adaptation de The witcher est prévu depuis longtemps. Le problème était le temps ; en 1 film tu pouvais pas faire une bonne adaptation des livres sans enlevé des choses. Hors tous est important . c'est pour ça qu'ils ont mis du temps a faire le projet. Par chance ils ont eu un accord avec netflix pour la faire en série. Cela leurs permet de faire un meilleures développement

larbitre
18/12/2019 à 21:13

Le gars qui a écrit cet article ne se base que sur les jeux visiblement. Qu'il lise les livres et il se rendra compte qu'il n'y a pas tant de monstres dans the Witcher. Qu'ils se font même plutôt rare.
Triss est rare dans les livres, pas de triangle amoureux. De plus Yenefer dans les images des bandes annonces correspond bien à celle des livres et non celle des jeux qui s'en écartent beaucoup.
C'est pénible ces pseudo geek qui écrivent des articles sur le net.

Mawrdry
18/12/2019 à 18:15

Bande de fumier

Ronty
18/12/2019 à 11:38

Ça pue l'article pro witcher 3 un peu...

Andrew Van
17/12/2019 à 14:06

Attendons de voir, mais l'aspect "Xena la guerrière" kitch est très présent dans cette franchise.

Cela dit c’était pas une mauvaise série, elle avait beaucoup d'autodérision et des épisodes d'un haut niveau produit par des gens de talent (Sam Rémy entre autre).

Boddicker
17/12/2019 à 13:36

Perso j'ai trouvé la bande annonce hideuse et super cheap...

Tom’s
17/12/2019 à 12:48

On attendra les premiers échos pour voir le feeling de la série, j’ai vu un plan dans la bande annonce qui m’as dérangé, une baston filmé n’importe comment entre 2 décors qui font carton, ce serait con pour Cavill tellement bon dans MIfallout