Watchmen : tous les indices qui annonçaient l'énorme twist de l'épisode 7

Alexandre Janowiak | 3 décembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58
Alexandre Janowiak | 3 décembre 2019 - MAJ : 09/03/2021 15:58

Le twist final de l'épisode 7 de Watchmen nous a tous mis une belle claque, et pourtant on aurait tous pu le voir venir.

On avait fait un petit bilan de la série Watchmen après avoir vu les six premiers épisodes en avance au début du mois d'octobre. Et si on notait quelques tâtonnements ici et là, on remarquait surtout la maestria de l'ensemble autant techniquement que scénaristiquement parlant. Après tout, quoi de plus logique, quelques années après The Leftovers, que Damon Lindelof réussisse à offrir un récit où les mystères s'accumulent avant de se révéler avec une cohérence magistrale (et aussi beaucoup de surprises) au fil des épisodes.

C'est évidemment ce qu'il s'est passé avec la diffusion de l'épisode 7 de sa série Watchmen dimanche dernier nous en disant plus sur un personnage phare du comics de Alan Moore et Dave Gibbons. Pour éviter de vous gâcher la surprise, on vous prévient que ça va spoiler comme des cochons dans la suite de l'article.

 

Photo Jessica Camacho, Andrew Howard"Ok dac, on attend la révélation du coup, on est dans la série donc on veut savoir"

 

La grande révélation dont on parle concerne bien entendu Dr Manhattan. À la fin de l'épisode 7, le personnage d'Angela Abar, aka Sister Night incarnée par Regina King, casse le crâne de son mari Cal (Yahya Abdul-Mateen II) car son corps cache en fait la présence du Dr Manhattan, réfugié dans son corps depuis plusieurs années.

Et si la surprise a été absolue pour une grande majorité des spectateurs, de nombreux éléments présents dans les six épisodes précédents nous mettaient déjà la puce à l'oreille. En effet, chaque détail compte, des réactions des personnages bien sûr jusqu'au nom d'un sex toy. On fait donc le point sur les indices qui présageaient de cet énorme twist-cliffhanger de l'épisode 7 de Watchmen.

 

photo, Watchmen Saison 1Dissimulé mais toujours capable de se dédoubler ?

 

RELATION LAURIE BLAKE - ANGELA ABAR - CAL

Si la plupart des héros du comics Watchmen n'existent pas à l'écran dans la série HBO, on retrouve en revanche celui de Laurie Blake alias Spectre soyeux (et aussi Ozymandias, mais on s'en fiche ici) au coeur de l'intrigue. Désormais membre du FBI, dans l'épisode 3 qui lui est consacré, on la voit appeler "John" (prénom originel du Dr Manhattan) dans la cabine prévue à cet effet et surtout avoir un énorme gode bleu pour les bons souvenirs (on y reviendra à la fin de l'article).

Cependant, durant les épisodes de la série, Laurie Blake ne cache jamais son attirance pour Cal Abar, le mari d'Angela Abar, commentant souvent son charme. Si cela ressemblait à une obsession peut-être un peu déplacée, on peut finalement imaginer qu'elle reconnaissait inconsciemment Dr Manhattan en lui (physiquement en tout cas) au vu de la proximité qu'a été la sienne avec le surhomme.

Par ailleurs, l'énervement d'Angela suite à la visite de Laurie chez Cal pour lui poser quelques questions sur l'enquête prend tout son sens. Si son agacement semblait démesuré, il cachait finalement sa crainte de voir Laurie se rapprocher de son mari (alors qu'il est justement l'ex de Laurie dans une autre peau).

 

Photo Jean SmartLaurie Blake - Angela Abar, une relation houleuse

 

L'ATHÉISME DE CAL

À la fin de l'épisode 1 de Watchmen, Judd Crawford (Don Johnson) est pendu et retrouvé mort par Angela. Le lendemain (dans l'épisode 2), les enfants d'Angela et Cal Abar se posent légitimement des questions sur la vie après la mort. Au vu de leur jeune âge, la majorité des parents auraient sans doute caché une partie de la vérité en essayant d'enjoliver l'idée de la mort (ou en tout cas de parler de l'idée de paradis pour ne pas les affoler).

Cependant, la réponse de Cal à ses enfants est beaucoup plus brutale. En effet, il explique que Judd venait de rien et est redevenu rien. Concrètement, il est né poussière et va redevenir poussière. Une vision sur la mort et la vie finalement proche, voire identique, à celle du Dr Manhattan ; et donc une explication également moins surprenante après cette révélation.

 

Photo Yahya Abdul-Mateen IIUn plan qui en disait déjà long sur la double identité de Cal

 

L'APPARENCE DU DR MANHATTAN

Durant l'épisode 2, lorsqu'Angela questionne Will Reeves dans sa cachette à propos du meurtre de Judd Crawford, il lui affirme qu'il est en fait Dr Manhattan caché sous une forme humaine. Une réponse que refuse de croire Angela, notamment parce qu'elle affirme que le Dr Manhattan est incapable de prendre une apparence humaine.

Une affirmation que ne comprend pas Will Reeves expliquant qu'après tout il est capable de se dédoubler en deux lieux différents, de grandir de 30 mètres ou de changer de couleur, alors qui sait s'il pourrait prendre la forme d'un humain ? Un dialogue qui semblait anodin, mais qui, encore une fois, cachait un sous-texte et une future révélation.

 

PhotoUn Dr Manhattan qui avançait, lui aussi, masqué finalement...

 

LA NUIT BLANCHE

Les policiers dissimulent désormais leur visage et leur véritable identité aux yeux du monde à cause de l'attaque simultanée de la 7e Kavalry sur les maisons de plusieurs familles de policiers. Un événement retranscrit à travers quelques flashbacks du personnage d'Angela, mais dont on ne connaît pas toute la teneur. En effet, on ne sait pas, par exemple, comment Cal a survécu à cette attaque ?

Maintenant qu'on sait que l'identité de Cal cache celle du Dr Manhattan, on peut imaginer que le personnage interprété par Yahya Abdul-Mateen II a révélé son vrai visage le temps de quelques instants pour sauver sa famille. Après tout, les suprémacistes blancs de la 7e Kavalry (ou des anciens Cyclopes) sont loin de pouvoir inquiéter un être quasi invincible comme Dr Manhattan.

Par ailleurs, il est possible que l'identité secrète de Cal ait été découverte par les membres de la 7e Kavalry expliquant pourquoi le groupe s'intéresse autant à Angela et la maison familiale des Abar.

 

photoUne représentation du Dr Manhattan version théâtrale par Adrian Veidt dans sa prison lunaire

 

LE TITRE D'UN ÉPISODE

Les titres d'épisodes de Watchmen sont, depuis le début, soit des clins d'oeil au comics, soit des clins d'oeil aux destins des personnages de la série ou encore aux situations ou aux musiques utilisées dans le show... dissimulant un niveau de lecture ou un sous-texte souvent pertinent. Et évidemment, le titre de l'épisode 8, qui fera donc toute la lumière sur l'identité du Dr Manhattan (et a fortiori Cal) était un indice majeur.

Dans sa version originale, le titre est A God Walks into a Bar (soit Un Dieu entre dans un bar en version littérale française). Cependant, si l'on y regarde de plus près et surtout écoute attentivement, le titre cache lui aussi une autre interprétation "A God Walks into Abar" soit "Un Dieu entre dans Abar" soit concrètement Dr Manhattan entre dans Abar (dans la peau de Cal). Tout est dit.

 

 

LE GODE BLEU

Sans doute le clin d'oeil le plus amusant et le plus déconcertant. Lorsque dans l'épisode 3, Laurie Blake (Jean Smart) sort un énorme gode bleu de sa valise secrète, à l'effigie du Dr Manhattan, on était totalement sur le cul (se demandant quel était l'intérêt réel de voir ceci à l'écran, exception faite de créer l'étonnement chez le spectateur). Pourtant, ce n'était pas anodin.

En effet, on apprenait dans le même temps que Laurie donnait un nom à ce gode : Excalibur. Et si l'on regarde de plus près, écoute encore attentivement et décompose le mot, cela se rapproche de Ex.Cal.Abar, soit l'ex de Laurie, Cal Abar. Comme quoi, tout a vraiment un sens avec Damon Lindelof. Vivement l'épisode 8 et 9 pour plus de twists qu'on n'avait pas vu venir et qui étaient pourtant sous nos yeux.

 

photo

Affiche

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commentaires
Moore is less
21/01/2020 à 11:14

Depuis le final de Lost, ce mec devrait être interdit de télé. C’est invariablement prétentieux, plein de bondieuseries, faussement complexe et finalement assez fadasse (cousu de fil blanc pour faire des blagues à Lindelof).

Nico1
13/12/2019 à 22:02

Après le coup de je me déguise en humain en oubliant qui je suis fais furieusement penser à Doctor Who quand même

Nico1
13/12/2019 à 21:06

Damon Lindelof a vraiment compris l'écriture d'Alan Moore et en ai le digne successeur avec cette série , tout en gardant la patte qui a fait de the Leftovers un chef d'oeuvre.
Concernant ces histoire de suprémacistes blancs et de haine envers les noirs, mon avis est que beaucoup d'européens et de français jugent ce genre d'histoire par le prisme de notre propre société, ce qui est une erreur. Je pense que l'on est loin de prendre la pleine mesure des problèmes raciaux des états-unis, et à quel point ce qui transparaît dans cette série est encore d'actualité dans leur pays.

steph 972
09/12/2019 à 13:31

Franchement pensez que cette serie critique les blancs etc.. c'est vraiment ne pas l'avoir regardé.. Car en fait, elle montre les dérives d'un système trop bien pensant et l'absence de liberté que cela pourrait occasioner

Mechanic
05/12/2019 à 15:49

Faut une sacrée arrogance pour affirmer que quelque chose est à l'opposée du travail d'une autre personne. C'est un avis ça, pas une évidence. Surtout quand le travail de Moore a été si mal compris et interprété, et vidé de son véritable sens selon Moore lui-même, lorsqu'il a parlé des "fans" et "experts". Et ce prisme moral est là dans Watchmen, ou du moins ça se défend largement - encore une fois, opinion, pas fait.

Et c'est quoi exactement "les éléments de pensée Democrats US et ses relais dans les classes aisées" ? Qu'on soit précis et concret parce que ces éléments de pensée justement, on les retrouve quasiment mot pour mot chez pas mal de gens qui critiquent Watchmen ou quantité d'autres films et séries qui abordent les questions du racisme et des inégalités.

Lecteur depuis l’origine
05/12/2019 à 13:33

Effectivement cette série convoque les éléments de pensée Democrats US et ses relais dans les classes aisées. De ces éléments qui font qu’ils ne comprennent plus la société US, l’élection de Trump etc. Car ils utilisent un prisme moral et non social.
Pour le comic, c’est une adaptation donc Lindeldof fait ce qu’il veut. Avec son style faussement complexe ( exposer des situations sans donner les informations primordiales mais en montrant leur effet). On aime ou on aime pas.
Sur le fond, on reste à l’opposé de Moore.

brucetheshark
05/12/2019 à 09:45

"les méchants blancs gnagnagni gnagnagna" , les membres du KKK sont rarement chinois ou je me trompe ?

Micju
05/12/2019 à 01:11

Maurice
C’est triste que tu penses ça , mais en même temps . Je suis sûre que les auteurs savaient que certaines personnes ne verraient que le premier degré. Ça rend la série encore plus intéressante.Et penser que l’œuvre originale est bafoué par cette série alors qu’elle est magnifier et enrichie par cette incroyable écriture et compréhension du comics.C’est un peu désolant.

MacReady
05/12/2019 à 00:57

Et il ne suffit pas de sortir "série pro démocrate où les blancs sont méchants", pour avoir un argument convaincant. C'est simpliste, et à côté de la plaque puisque certains personnages noirs sont plus que douteux tandis que certains personnages blancs sont très positifs, par ex. Sans oublier que Manhattan était caché derrière un visage noir, preuve que dans cet univers décalé, la lecture ne saurait être aussi simpliste... surtout quand l'événement majeur présenté dès le pilote, est un fait réel et assez méconnu de l'histoire américaine. Et pas que dans les bouquins des méchants démocrates.

L'héritage d'Alan Moore ayant été piétiné et bouffé à toutes les sauces (Moore est le premier à cracher à la gueule des "fans" qui considèrent son Rorschach comme un héros, alors qu'il l'a écrit et pensé comme le contraire total), difficile de prétendre qu'on le connaît, comprend et défend.

Lindelof n'a pas pris le chemin facile et paresseux de tout reprendre et continuer, ce qui aurait été le truc attendu (retrouver les héros survivants et vieux, une nouvelle génération à former, ce genre de schéma) : il propose une continuation qui, tout comme le comics, s'installe dans son époque pour en parler, sans avoir peur d'y aller frontalement. Evidemment ça peut ne pas plaire, ne pas toucher, ne pas convaincre, et tant mieux - c'est mieux qu'un truc insipide et tièdasse.

Maurice
05/12/2019 à 00:10

Série politisée jusqu'à la moelle, pro démocrate et manichéenne (gentils noirs contre méchants blancs). Il ne suffit pas de placer des éléments de fan service pour se prétendre de l’héritage d'Alan Moore.

Et reprendre le titre d'une franchise culte pour vendre une toute autre œuvre n'est pas très fin.

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