Thelma et Louise : le pamphlet féministe ultime du cinéma américain ?

Gaël Delachapelle | 31 juillet 2022 - MAJ : 07/09/2022 18:33
Gaël Delachapelle | 31 juillet 2022 - MAJ : 07/09/2022 18:33

Retour sur Thelma et Louise, le road-movie féministe de Sir Ridley Scott, avec Geena Davis et Susan Sarandon en cavale.

Après avoir fait une entrée fracassante dans le cinéma américain, avec ses trois premiers chefs-d’œuvre (Les Duellistes, Alien, le huitième passager et Blade Runner), le cinéaste britannique Ridley Scott a enchaîné les échecs commerciaux, malgré une filmographie aussi dense que fascinante, grâce à sa cohérence thématique et formelle. Que ce soit le conte fantasmagorique Legend, véritable suite spirituelle à son Blade Runner, ou encore le polar Black Rain, avec Michael Douglas au pays des yakuzas.

Mais bien avant de faire renaître de ses cendres le genre désuet du péplum, au début des années 2000, avec Gladiator, Scott va déjà connaître un regain de popularité à l'aube des années 90, avec Thelma et Louise. Un road-movie mettant en scène Geena Davis et Susan Sarandon dans une somptueuse fuite ayant pour toile de fond les paysages de l’Ouest américain, devenu culte avec le temps pour sa dimension féministe intemporelle (et lauréat d’un Oscar pour son scénario original aux antipodes des codes de son époque).

On revient donc sur ce western moderne, véritable anomalie parmi les productions hollywoodiennes 90's, de par sa production et l'approche des genres de son écriture, afin de comprendre pourquoi Thelma et Louise est peut-être bien le pamphlet féministe ultime de son auteur, mais aussi tout simplement celui du cinéma américain tout entier.

 

photo, Geena Davis"Et on prend une jolie photo pour l'envoyer à Ecran Large"

 

Bonnie & Louise

Avant d’être un film signé Ridley Scott, Thelma et Louise, c’est d’abord un scénario écrit par Callie Khouri, dont la gestation est née de sa lassitude face à un constat, à savoir celui d’un cinéma américain peuplé de genres dont les codes sont exclusivement réservés à la gent masculine. En effet, si Thelma et Louise est un film de genres dans le sens pluriel du terme, abordant à la fois les codes du road-movie, du buddy-movie, mais surtout du western, il se démarque avant tout grâce à l’écriture de son scénario, mettant en scène deux femmes dans une cavale à la Bonnie & Clyde à travers l’Ouest américain.

Une note d’intention clairement assumée dans le titre de l’œuvre, qui fait irrémédiablement référence au film d’Arthur Penn sorti en 1968. Un film qui rompait totalement avec les codes du classicisme américain, notamment à travers la violence graphique de sa conclusion anti-hollywoodienne au possible. Et de la même manière que Bonnie & Clyde annonçait le bouleversement que sera le Nouvel Hollywood, Thelma et Louise entend bien changer la donne dans le paysage du cinéma américain des années 90.

 

Photo Faye Dunaway, Warren BeattyBonnie & Clyde, ou les ancêtres de Thelma et Louise 

 

Et comme toujours, le changement fait très peur aux producteurs des majors hollywoodiennes. Callie Khouri essuie de nombreux refus, ambitionnant dans un premier temps de réaliser elle-même le long-métrage (pour la modique somme d’un million de dollars). La scénariste va alors enfin frapper à la bonne porte, celle de Mimi Polk Gitlin (productrice de Traquée, l’un des précédents échecs de Scott), qui va être séduite par cette proposition donnant la part belle à des personnages féminins, au point d’augmenter le budget à 16 millions de dollars et de soumettre le scénario à Ridley Scott.

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commentaires
Mad Maxette
01/08/2022 à 19:02

@Kynapse
Oui parce que c’est une franchise testeronnee. Thelma et Louise ne rentre pas dans cette catégorie.
Ça ne retire rien à la bêtise de ces réactions

Kynapse
01/08/2022 à 15:53

@Uber féministe

Fury road aussi est un chef-d’œuvre, mais ça n’a pas empêché une partie des spectateurs masculins de péter une durite en voyant Furiosa sur l’affiche :o)

free spirit
01/08/2022 à 08:53

On est presque Tous D'accord pour dire que ce film est Super...Et La Bande Son Tout simplement Magnifique...

free spirit
01/08/2022 à 08:51

On est presque Tous D'accord pour que ce film est une Superbe...Et La Bande Son Tout simplement Magnifique...

Uber féministe
01/08/2022 à 07:51

@kynapse
Parce que c’est un chef d’œuvre et que Ridley a probablement un QI élevé
Ce n’est ni manichéen ni surligne ni artificiel et en plus c’est magnifique et la bande son est exceptionnelle
On ajoutera que de Alien (deja une femme) en passant par le Dernier duel et GI Jane et même Gucci, Ridley a dû pour de vue féministe une filmographie exemplaire et surtout très très précoce (Alien 1979 svp)

Kynapse
01/08/2022 à 02:47

@Flash

Certes, mais à l’époque ça gueulait déjà bien fort et je ne doute pas que certains le fassent toujours.

Flash
01/08/2022 à 01:26

@kynapse : peut-être , parce que c’est un excellent film !

Kynapse
31/07/2022 à 22:53

Un article sur un film féministe sur lequel personne ne vient cracher dans la section commentaire ? En voilà, un miracle !

Ethan
18/10/2021 à 13:50

@Purge
Pourquoi la plupart des hommes sont affreux ? Je ne suis pas d'accord.
Ce film ce regarde simplement. Il n'y a pas à se poser des questions de fond. Les années 1990 ce n'est pas les années avant 1960.

Purge
18/10/2021 à 07:58

Again
T&L est incontestablement un chef d’œuvre de la filmographie de Scott dont les images la bande son (Toni Childs…) la maestria de la mise en scène et les acteurs phénoménaux en font un classique
A bien y regarder ce fil fait penser à La petite voleuse … que penser des heroines et des personnages masculins ? Que les heroines sont sans taches et les héros masculins des incarnations du patriarcat ?
Il n’y a que le simplisme le conformisme devant la ce qu’il est de bon ton d’écrire et de penser pour le croire
Une partie du duo est sans neurone et mène l’entreprise à sa perte ; est elle morale ? Non ! Et les hommes ? Sont ils tous affreux ? Pas tous non ! Enfin la plupart … bref c’est juste la vie … relisez les romans d’Oksanen au lieu de vous enivrer de féminisme à 3 balles

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