Erin Brockovich : pourquoi c'est la Wonder Woman que le cinéma mérite

Geoffrey Fouillet | 13 avril 2023 - MAJ : 13/04/2023 15:03
Geoffrey Fouillet | 13 avril 2023 - MAJ : 13/04/2023 15:03

Après une longue traversée du désert, Steven Soderbergh craque pour Julia Roberts et s'offre un trip hollywoodien ultra-malin avec Erin Brockovich.

Mais qu'est-il arrivé à Steven Soderbergh après avoir reçu la Palme d'or en 1989 pour son premier film Sexe, Mensonges et Vidéo ? Était-ce un simple coup de calcaire ou bien le désir d'entreprendre un virage à 180 degrés ? Pendant près d'une décennie, jusqu'à Hors d'atteinte, sorti en 1998, chaque nouveau projet auquel il s'attaque semble l'éloigner de la reconnaissance des débuts. Un esprit frondeur et indépendant qu'il finit par ajuster aux desiderata des studios hollywoodiens à l'occasion de deux de ses films les plus importants, Erin Brockovich d'abord et Traffic ensuite.

Alors que le second lui vaut de remporter l'Oscar du meilleur réalisateur, le premier sert à sa comédienne vedette, Julia Roberts, de rampe de lancement vers le firmament. Au sommet de sa célébrité, l'actrice décroche à son tour la statuette tant convoitée pour ce rôle de loser magnifique, et empoche la modique somme de 20 millions de dollars en guise de salaire (tout juste assez pour arrondir les fins de mois, cela va de soi). "Je serai prête à retourner pour lui dans deux jours", confiera-t-elle lors de son sacre aux Oscars en prenant Soderbergh à parti. Alors là, on tombe (pas du tout) des nues.

En attendant leur nouvelle collaboration sur Ocean's Eleven, Full Frontal et Ocean's Twelve (le hasard fait décidément bien les choses), Erin Brockovich connaît un succès retentissant à l'international (250 millions de dollars récoltés pour 52 millions de budget), sans compter la critique dithyrambique de la presse. Et si Soderbergh avait réalisé, en bon pirate insaisissable qu'il est, son film hollywoodien le plus antisystème ?

 

Erin Brockovich, seule contre tous : photo, Julia RobertsL'arme de séduction/destruction massive, c'est elle

 

EN EAUX CLAIRES

D'abord peu enthousiaste à l'idée de réaliser Erin Brockovich, projet dont il découvre l'existence via un pitch transmis par ses producteurs, Soderbergh révise son jugement lorsqu'il met la main sur le scénario écrit par Susannah Grant. Sur le papier, l'intrigue se développe avec une simplicité confondante autour d'un personnage féminin d'une trempe exceptionnelle, inspiré de la vraie Erin Brockovich. Une approche linéaire que le cinéaste n'a pas encore expérimentée à l'époque et qui a achevé de le convaincre de se lancer dans l'aventure.

"Dans un monde idéal, tout ce sur quoi je travaille viendrait annihiler ce que j'ai fait avant, ou au moins annihiler ma plus récente expérience (...) Je suis toujours à la recherche de nouveauté, et il y a quelque chose qui m'effraie là-dedans. Je dois éprouver une sorte d'appréhension à m'y confronter. Cela peut être une peur pratique, ou une peur créative", déclarera Soderbergh dans une interview passionnante donnée à Filmmaker Magazine à l'occasion des 20 ans de la sortie du film. Et avec Erin Brockovich, la crainte de se fondre, au moins en partie, dans le moule du biopic hollywoodien représente un nouveau challenge stimulant à relever.

 

Erin Brockovich, seule contre tous : photo, Julia RobertsLa sous-estimer, c'est se condamner

 

En cherchant une forme de minimalisme apte à rendre justice aux personnages et à leur combat, le réalisateur choisit de tourner la plupart des scènes avec un dispositif à deux caméras, et de résister plus largement à toute envie d'effets ou de trucages. C'est cette épure logistique qui rend par ailleurs l'expérience du tournage incroyablement plaisante et fructueuse. Les dernières prises de vue sont réalisées plus tôt que prévu et 5 millions de dollars sont économisés sur le budget initial alloué. Autant dire que c'est le rêve de tout producteur et Soderbergh le fait pour les pontes d'Universal Pictures. Quel homme !

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commentaires
Morcar
13/04/2023 à 17:52

Excellent film ! Je me le suis procuré en BluRay il n'y a pas longtemps et l'ai revu récemment. Toujours aussi bon. A titre de comparaison, bien qu'il soit assez bon aussi, le récent "Dark Water" qui joue dans la même catégorie est loin de l'égaler. Dans son domaine, Erin Brockovitch est un maitre étalon.

Mx
13/04/2023 à 15:41

Ray, t'es mon pote!!!

J'aime beau ce film, mais pour ma part, la sainte trilogie soso, sans ordre particulier, c'est l'anglais, traffic, et hors d'atteinte.

L'anglais (the limey) est un film magnifique et envoutant, sublimant le jeu minéral de terence stamp, un film très lent, avec une belle photo, qui rappelle un peu le tempo de ghost dog, quelque chose de très contemplatif, bercé de teintes d'humour, une mélancolie à LA pourrait être le sous-titre de ce film, on en parle pas assez, et quel cast, stamp, fonda, nicky katt dans un rôle que j'adore ("salut, studio city, j'aimerais bien avoir des nichons des fois!!"), bill duke, luis guzman, bref THE LIMEY, quoi....

Ray Peterson
13/04/2023 à 15:21

Soderbergh était on fire à cette période. Il sort du fabuleux "The Limey" (mon Soso préféré et de loin) et enchaîné avec ce film avant d'attaquer comme le dit très bien l'article Traffic, puisLe 1er Ocean (Full Frontal dans une moindre mesure) et Solaris, chef d'oeuvre SF un peu oublié dans sa filmo.
Quand à Albert Finney et Aaron Eckhart dans ce film, ils sont époustouflants pour seconder la Roberts.
Et effectivement le dernier beau et bon rôle de Julia, même si je l'adore plus tard dans un 2nd rôle avec "Confession of a Dangerous Mind".

Ethan
30/11/2022 à 14:25

Le dernier film de julia roberts où on l'adorait

Saiyuk
29/11/2022 à 21:32

Casting aux petits oignons...