Appel d'urgence : la version apocalyptique de Quand Harry rencontre Sally (oui, c'est possible)

Geoffrey Fouillet | 22 février 2024 - MAJ : 22/02/2024 17:31
Geoffrey Fouillet | 22 février 2024 - MAJ : 22/02/2024 17:31

Avant le destruction porn de Roland Emmerich, Appel d'urgence offrait une respiration ultra-romantique au film catastrophe. Et ça faisait un bien fou.

Séismes, tsunamis, tornades... Oui, mère Nature n'est pas toujours tendre lorsqu'il s'agit de rappeler l'Humanité à l'ordre. Mais on sait aussi très bien précipiter notre propre extinction tout seuls (le privilège de la sagesse dit-on) et le cinéma post-Guerre froide – au hasard Point limite et surtout Docteur Folamour – était là pour nous en convaincre en agitant la menace de l'arme nucléaire. Sorti un peu après la bataille, Appel d'urgence vient s'inscrire dans cette tradition et n'a franchement pas à rougir face à ses illustres aînés.

Signé Steve De Jarnatt, plutôt inexpérimenté à l'époque, le projet met une dizaine d'années avant de voir le jour, faute de pouvoir s'assurer un solide succès commercial. Difficile en même temps de rassurer des producteurs, qui plus est la Warner Bros (premier choix du réalisateur), quand on veut combiner film apocalyptique et love-story à la façon d'un épisode de La Quatrième Dimension. Qu'à cela ne tienne, Appel d'urgence trouve finalement preneur, avec un budget alloué de 3,7 millions de dollars (on a vu pire), et vient apporter une sensibilité nouvelle à un genre trop souvent dopé aux gros effets.

 

Appel d'urgence : photo, Anthony Edwards"Quel est ton film catastrophe préféré ?"

 

L.A. FOREVER

Quand Harry (Anthony Edwards, découvert dans Top Gun) rencontre Julie (Mare Winningham), c'est le coup de foudre. Après avoir passé la journée ensemble, ils se donnent rendez-vous à minuit, devant le diner où Julie travaille en tant que serveuse. Hélas, Harry arrive sur place avec plus de trois heures de retard. Alors qu'il tente de joindre sa dulcinée depuis une cabine téléphonique, il répond à l'appel affolé d'un inconnu qui l'alerte d'une frappe nucléaire imminente sur Los Angeles, en représailles à un tir de missiles américains. Harry n'a alors plus qu'une idée en tête : retrouver Julie et survivre avec elle à l'apocalypse.

Voilà qui promet un contre-la-montre plutôt haletant, n'est-ce pas ? Pour faire éprouver au spectateur le manque cruel de temps dont disposent les personnages, le cinéaste va avoir l'idée de circonscrire peu à peu l'action à quelques pâtés de maisons, et notamment au quartier de "Miracle Mile" (dont le nom sert par ailleurs de titre original au film). Ainsi, plus les minutes défilent, plus les distances parcourues réduisent à vue d'oeil, et c'est ce resserrement spatio-temporel qui crée un sentiment d'impasse grandissant (et croyez-nous, on a mal à notre palpitant).

 

Appel d'urgence : photo, Mare WinninghamSe faire poser un lapin avant la fin du monde : c'est fait !

 

Il n'est donc pas question d'explorer Los Angeles de fond en comble, mais via une poignée de décors auxquels le réalisateur va nous familiariser au fur et à mesure du récit. Entre le diner, le musée d'histoire naturelle et la tour avec l'héliport sur le toit, on appréhende très vite les lieux, à tel point que l'on sait évaluer les distances d'un repère à l'autre ou même situer les personnages comme sur une map de jeu vidéo. Cela pourrait sembler superflu, mais la qualité formidablement immersive du film repose en grande partie sur ces menus détails.

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commentaires
zetagundam
24/02/2024 à 09:35

Visionner hier et j'ai trouvé ça extrêmement mauvais tant par l’interprétation et la réalisation théâtrale, les incohérences en pagaille ainsi que par le manque de contexte (même si je sais que c'est encore la période de la guerre froide) car aucun personnage n'est surpris par les évènements qui arrivent contrairement au spectateur qui lui est obligé d'accepter tel quel le comportement incompréhensible de ces personnages

Nico1
23/02/2024 à 22:39

Le mélange des genres est intéressant,mais Harry est une tête de c*n qui passe le film a prétendre aimer une femme qu'il passe son temps à abandonner!

Prisonnier
23/02/2024 à 08:41

Ah je me disais bien que j'avais déjà lu l'article ^^

Pseudonaze
22/02/2024 à 23:23

Découvert en location VHS dans mon vidéo club (quelle glorieuse époque) , film d'une grande beauté, chaque photogramme est beau, histoire d'amour mélancolique à souhait avec cette ambiance de monde au bord du précipice, la musique de Tangerine dream...un film inoubliable mais qui reste pourtant inconnu du grand public et ça c'est triste et vraiment pas mérité.

Djonnouenn
22/02/2024 à 18:47

film sans prétention et classique instantané de par son propos et ses dialogues.
B.O. de Tangerine Dream en connexion direct (comme le groupe avait su le faire sur le "Sorcerer" de W. Friedkin en 77)
@Prisonnier : bien vu ! Le Geoff Murphy m'avait également marqué à l'époque (avec son dernier plan saisissant)

beyond
22/03/2023 à 09:52

Je l'avais loué à l'époque bénie des vidéos club et je me souviens que ce film (que je n'ai pas revu depuis) m'avait soufflé d'un bout à l'autre. Une belle maitrise du sujet et une tension qui grimpe crescendo jusqu'au final qui nous abandonne dans le même état que le protagoniste principal.

le Waw
19/03/2023 à 08:06

Ce film est un chef d'œuvre. Je l ai vu à l époque au cinema en séchant les cours, j en suis sorti en larmes et traumatisé. Un de mes films cultes.

Mx
18/03/2023 à 21:10

film cité dans la mythique liste "nos 100 meilleurs films fantastiques", dans le non moins mythique n°100, par MAD MOVIES, et oui!!!

Ceci étant dit, je ne l'ai toujours pas vu, lol

galetas
18/03/2023 à 19:53

Le film n'est pas mauvais mais il n'arrive pas à trouver le ton idéal tout du long...

Prisonnier
18/03/2023 à 17:43

Terriblement kitsch, affreusement effrayant, tellement attachant. Le road movie apocalyptique ultime.

Et puis bon, 1h25 de film, tu peux le repasser en boucle.

Après, en terme de film apocalyptique et assez sombre des années 80, quiet earth tient aussi du miracle.

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