L'Exorciste 3 : oui, c'est la grande suite incomprise au chef-d'œuvre de Friedkin

Malgré son insuccès à sa sortie, L'Exorciste 3 est loin de la suite opportuniste attendue, et s’offre même quelques grands moments d’effroi.

L’Exorciste n’a pas seulement créé un sous-genre de l’horreur que personne n’a réussi à transcender depuis. Le film de William Friedkin, sorti en 1973, reste à ce jour l’un des phénomènes les plus passionnants du cinéma d’horreur, au point où, en ajustant ses recettes à l’inflation, il est le neuvième plus grand carton de l’histoire du box-office américain (avec plus d’un milliard de dollars), entre le Docteur Jivago et Blanche-Neige et les sept nains.

Pour autant, la suite de la saga est loin d’être sans intérêt, malgré des réceptions critiques et publiques peu clémentes. Si l’on est déjà revenu en détail sur la géniale bizarrerie de L’Exorciste 2 : L’Hérétique, il est bon de rappeler que le film de John Boorman a été assassiné par William Friedkin et William Peter Blatty, l’auteur du roman original. C’est pourquoi l’écrivain a fini par rédiger sa propre suite en 1983, Legion, avant de l’adapter lui-même sur grand écran dans L’Exorciste 3, ou plutôt L’Exorciste, la suite, pour faire table rase du précédent épisode. Et le résultat est aussi déroutant que passionnant.

 

Avec un super George C. Scott

 

Heart of Darkness

Si L’Exorciste 3 ignore les événements de L’Hérétique, William Peter Blatty n’avait à l’origine aucune envie de donner suite à son classique. Face aux pressions des fans, et même de William Friedkin, Legion a fini par voir le jour, en s’éloignant néanmoins des codes du premier roman. Quinze ans après l’exorcisme de Regan McNeil, le lieutenant Kinderman (qui était très secondaire dans le premier volet) se retrouve à enquêter sur des meurtres visiblement perpétrés par un tueur en série électrocuté depuis plusieurs années. Le Mal semble de retour, et pourrait même avoir pris possession du corps d’un certain Damien Karras.

De ce postulat, on comprend que Legion n’est nullement un film d’exorcisme, ce qui a posé problème lorsque la société de production Morgan Creek a insisté pour appeler le projet L’Exorciste 3. Aujourd’hui, le long-métrage est d’ailleurs connu pour ses méandres de production, entre le refus de Friedkin de le réaliser et les reshoots imposés par le studio. Dès lors, ce troisième opus est une œuvre assez bicéphale. Alors que l’ensemble est porté par le rythme lancinant de son enquête, teintée de film noir macabre qui s’approche petit à petit du fantastique, il est ponctué par quelques soubresauts contre-productifs, à commencer par un exorcisme final spectaculaire, aux élans gore assumés.

 

Sacré confessionnal