Zac Efron : l'éternelle carrière ratée d'un bon acteur qui mérite vraiment mieux

Déborah Lechner | 18 février 2024
Déborah Lechner | 18 février 2024

Du téléfilm Disney High School Musical au biopic dramatique Iron Claw, on retrace la carrière étonnante, mais malheureuse de Zac Efron.

Ramener inlassablement Zac Efron à la trilogie High School Musical serait aussi dommage (et bête) que de résumer les carrières de Robert Pattinson et Kristen Stewart à Twilight, ou celle de Jennifer Lawrence à Hunger Games. Les comédies musicales de Disney ont certes servi de tremplin à l'acteur américain, mais celui-ci n'a plus Troy Bolton dans la peau depuis longtemps et a tenté de nombreuses fois de remodeler sa carrière et son image en allant là où on ne l'attendait pas forcément.

Malheureusement, s'il a prouvé plus d'une fois qu'il avait autant de talent que de détermination, il a surtout enchaîné les mauvais choix et dérapages incontrôlés, si bien qu'on peut se demander si ce bon acteur n'est pas condamné à une carrière ratée

 

Iron Claw : photo, Zac EfronLe sacre du champion raté

premiers pas sur scène

La carrière de Zac Efron a commencé comme celle de nombreux acteurs et actrices, dans un mélange de passion précoce, de petits rôles passés inaperçus, de découragement et d'un gros coup de pouce du destin. Après avoir été motivé par ses parents à pratiquer une activité extrascolaire, il s'est inscrit au théâtre dès l'âge de 11 ans, puis s'est exercé au chant et à la danse qu'il a mis à profit dans quelques comédies musicales. En 2002, alors âgé de 15 ans, il a commencé à apparaître ponctuellement à la télévision, principalement comme invité dans les séries Firefly, Le ProtecteurUrgences et Les Experts Miami, en plus d'un rôle plus régulier dans Summerland, de 2004 à 2005. Mais sa carrière peine encore à décoller, et son nom à se faire connaître. 

À 17 ans, alors qu'il était doucement en train d'abandonner l'idée de devenir acteur, il a été invité à participer à une audition pour jouer dans un téléfilm Disney en développement, un certain High School Musical réalisé par Kenny Ortega. Il a finalement été retenu pour le rôle principal masculin : Troy Bolton, le beau gosse populaire et capitaine de l'équipe de basketball de son lycée. Le film est sorti sur Disney Channel en janvier 2006, et c'est à partir de là que tout a changé pour le jeune Zac, qui du jour au lendemain a été propulsé au rang de nouvelle icône des ados (et ce n'est pas la rédactrice de ces lignes qui minimisera le phénomène). 

 

High School Musical : photo, Zac EfronCrush générationnel

 

L'année suivante, il a rempilé avec High School Musical 2, puis en 2008 avec High School Musical 3 : Nos années lycée qui est le seul à être sorti en salles. Toutefois, le succès de la trilogie et son impact culturel n'ont pas été sans revers pour Zac Efron, puisqu'il s'est façonné une réputation très proche de celle du gendre idéal qu'il incarnait aux côtés de Vanessa Hudgens. À l'instar de Kristen Stewart et Robert Pattinson, son idylle très médiatisée avec sa partenaire de jeu ne l'a pas non plus aidé à s'éloigner de cette image de plus en plus figée d'éternel adolescent modèle ni à se débarrasser de l'étiquette Disney, devenue encombrante pour de nombreux autres ex-poulains de l'entreprise.

Quelques mois seulement après le premier High School Musical, il avait pourtant eu l'opportunité d'égratigner un peu ce portrait très lisse en rejoignant le casting de la comédie musicale Hairspray, dans laquelle ont également joué John Travolta, Christopher Walken, Michelle Pfeiffer, Queen Latifah et Nikki Blonsky, pour ne citer qu'eux. Au départ, le réalisateur Adam Shankman pensait que Zac Efron était justement trop "étiquetté Disney", jusqu'à se laisser convaincre par le fait qu'il pouvait attirer un public plus jeune en salles. 

 

High School Musical : photo, Zac EfronBet on it 

 

Mais la mèche pré-Bieber a repris ses droits sur la coupe gominée héritée du King, et Zac Efron s'est un peu plus enlisé dans son rôle de minet sympathique avec la comédie 17 ans encore, aux côtés de Michelle Trachtenberg et Sterling Knight, deux autres anciennes coqueluches de Disney Channel. 

Néanmoins, la volonté de s'écarter de tout ça pour toucher à d'autres registres a rapidement germé en lui. En mars 2009, quelques mois seulement après High School Musical 3, il s'est notamment retiré du projet de remake de Footlose auquel était aussi attaché Kenny Ortega (qui a fini par céder sa place à Craig Brewer). Il a expliqué plusieurs années après au Hollywood Reporter que même si l'envie était là, il se doutait que ce projet risquait de l'enfermer dans les mêmes types de productions et l'empêcher d'étendre son jeu.

 

Hairspray : photo, Zac EfronDerniers pas sur scène

DIVERSIFICATION difficile

Si son rôle dans le film de 2008 Orson Welles et Moi de Richard Linklater s'est perdu entre deux High School Musical et que sa performance d'adolescent autiste dans le téléfilm L'Amour d'une mère est complètement passée sous les radars en 2004, Zac Efron a voulu donner une nouvelle impulsion à sa carrière dès 2010 avec Le Secret de Charlie. Ce long-métrage de Burr Steers devait être son premier grand rôle dramatique, en plus de l'occasion de se retrouver en tête d'affiche et d'incarner, enfin, un jeune adulte. Malheureusement, cet énorme tire-larme a reçu des critiques majoritairement négatives, en plus de se ramasser au box-office. 

Cette déclinaison de Troy Bolton, c'est-à-dire le bellâtre meurtri et romantique, se retrouvera ensuite ponctuellement dans sa filmographie. Dans The Lucky One en 2012, il joue un marine rescapé à la recherche d'une femme qu'il n'a vue qu'en photo. En 2015, il incarne un DJ en mal de succès et d'amour dans We are friends, puis en 2017 un dramaturge aristocrate désespérément amoureux d'une trapéziste dans The Greatest Showman (qui lui a fait remettre un pied dans la comédie musicale). Malheureusement, aucun de ces films n'a vraiment rencontré le succès en dépit de la bonne volonté dont il transpire dans chacun d'entre eux. 

 

Paperboy : photo, Zac EfronBaby driver

 

Toutefois, au-delà de ses rôles de biches blessées, Zac Efron s'est aussi tourné dès le début des années 2010 vers des projets plus ambitieux et variés, qui l'ont davantage mis au défi. Dans le film policier Paperboy (2012), il joue encore un amoureux transi, mais cette fois plus pathétique et violent que ce à quoi il avait habitué son public, qui plus est aux côtés de Nicole Kidman, Matthew McConaughey et John Cusack.

En 2013, il s'est aussi essayé au drame politico-historique avec Parkland, dans lequel il interprète un jeune médecin à qui a été confié le président Kennedy après la fusillade de Dealey Plaza. Là encore, le premier film a beau avoir été en compétition à Cannes pour la palme d'Or et le second à la Mostra de Venise pour le Lion d'or, aucun n'a remporté le prix convoité, ni fonctionné au box-office, ni vraiment marqué les mémoires, contrairement au second tournant, moins noble, qu'allait prendre sa carrière. 

 

Parkland : photo, Zac EfronUn virage sérieux avant l'accident

du muscle et du cul

Après ses tentatives de jouer sur un registre plus sérieux et dramatique, Zac Efron s'est tourné vers des comédies plus potaches, voire graveleuses, mettant bien plus l'accent sur son physique avantageux (les abdos, donc). Il faut dire qu'après une passe sombre, rythmée par l'addiction à l'alcool et aux drogues, l'ex ado star a voulu se reprendre en main, d'abord psychologiquement en suivant une cure de désintoxication et en rejoignant les Alcooliques Anonymes, puis physiquement avec une meilleure hygiène de vie et surtout énormément de sport. 

Ce nouveau virage a commencé en 2014 avec Célibataires… ou presque, une comédie romantique sans grand intérêt, pour laquelle l'acteur a reçu un MTV Movie Award pour la "Best Shirtless Performance" (la meilleure performance torse-nu). Seul point positif, le film a fait passer Zac Efron pour la première fois à la production via la société Ninjas Runnin Wild qu'il a créée en 2010. Hélas, la société a par la suite essuyé plusieurs revers, et connu peu d'activité les années suivantes. Zac Efron a par exemple acheté les droits du roman The Associate de John Grisha après que la Paramount les a laissé tomber, et devait développer une adaptation avec les producteurs Douglas Wick et Lucy Fisher qui ne s'est jamais concrétisée. De même pour le thriller d'espionnage qu'il voulait produire avec Neil Moritz ou le thriller psychologique Black Math qu'il devait apparemment financer. 

 

Célibataires… ou presque : photo, Zac EfronTout se complique...

En attendant, il a donc continué à enchaîner les comédies basses du front et/ou de la braguette, d'abord avec Nos Pires Voisins où il incarne le chef d'une confrérie étudiante qui fait vivre un enfer à ses voisins, joués par Seth Rogen et Rose Byrne, non sans quelques problèmes de pudeur. Résultat : un nouveau MTV Awards pour avoir fait tomber la chemise et 270 millions de dollars au box-office mondial. 

Il s'agissait alors de son plus gros succès commercial derrière... High School Musical 3. Le coprésident de la production chez Universal a expliqué que le public était curieux de voir Zac Efron dans un nouveau type de rôle, plus déluré et antipathique. Toutefois, si le film ne l'est pas, Zac Efron lui a été très sérieux et consciencieux dans son travail, parfois même trop. Comme l'a raconté Seth Rogen, il s'est cassé la main sur le tournage, s'est fait opérer en urgence et est revenu travailler seulement un ou deux jours après, sans demander à modifier le calendrier de tournage, ce qui aurait pourtant été tout à fait légitime et compréhensible. 

 

Dirty Papy : Photo Zac EfronOn n'a pas le contexte aussi...

 

La dégringolade a continué avec Dirty Papy, qui a Robert De Niro au casting, mais clairement pas dans ses meilleurs jours. Comme son titre le laisse deviner, le film est une autre comédie pas très finaude (l'affiche et son accroche pour autre preuve), qui s'en est à peine sortie au box-office en plus d'avoir été torpillée par la critique. Et ce n'est pas Nos Pires Voisins 2 ou Hors contrôle qui ont relevé le niveau. Malheureusement, au-delà de gâcher son potentiel, l'exhibition d'abdos a pris une tournure bien plus préoccupante en 2017 avec Baywatch - Alerte à Malibu qui au-delà d'être un film ridicule (même Dwayne Johnson l'a reconnu), a surtout mis en danger la santé physique et mentale de l'acteur, alors âgé de 28 ans.

Celui-ci a suivi un entrainement tellement intensif pour devenir un autre musclor d'Hollywood qu'il en est ressorti brisé, comme il l'a raconté plus tard dans la presse : "Ce corps dans Baywatch est impossible à atteindre. Je n'avais plus assez d'eau dans le corps, on dirait qu'il était faux, comme s'il était en images de synthèses. Pour avoir ce résultat, il faut prendre des diurétiques puissants [...] J'ai commencé à souffrir d'insomnie et je suis tombé dans une dépression assez grave pendant un moment. Cette expérience m'a consumé. J'ai eu beaucoup de mal à m'en remettre."

 

Baywatch - Alerte à Malibu : photo, Zac EfronL'implosion de Zac Efron

 

RISE AGAIN AND FALL AGAIN

De la même façon qu'il a voulu casser son image de gendre idéal, puis celle de Roméo éploré, Zac Efron s'est donc mis à égratigner son image de sex-symbol chèrement payée après un congé au vert. Il s'est tourné en 2019 vers le rôle du tueur en série Ted Bundy dans le glaçant Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile pour lequel il est symboliquement repassé à la production cinq ans après Célibataires... ou presque. De plus, plutôt que de le présenter comme un monstre sanguinaire, le film de Joe Berlinger a pris le parti de se concentrer sur le manipulateur séduisant, laissant de côté la violence et le sensationnalisme attendus, tout en pervertissant intelligemment la belle gueule de l'acteur. 

 

Extremely Wicked, Shockingly Evil and Vile : photo, Zac EfronÉlu tueur le plus sympa du quartier en 2019

 

C'est d'ailleurs après avoir vu Zac Efron jouer ce tueur au double visage que le réalisateur Peter Farrelly l'a envisagé pour le rôle principal de The Greatest beer run ever. Même si l'ancien soldat moustachu qu'il campe n'est pas un psychopathe meurtrier, il représentait pour l'acteur un défi similaire, celui de rendre sympathique et amical un personnage antipathique, du moins au départ, du fait de sa naïveté dangereuse et de son aveuglement patriotique. L'entreprise de déconstruction a continué en 2022 avec son apparition dans The Beach Bum, de Harmony Korine, pour lequel il a retrouvé Matthew McConaughey, par ailleurs génial dans son rôle de Diogène des temps modernes.

S'il n'apparaît que le temps d'une séquence, celle-ci fait certainement partie des plus mémorables, tout comme le personnage hyperactif et hyperdrogué qu'il interprète pour l'occasion. Avec son look improbable, son oreillette Bluetooth et ses tics nerveux, Zac Efron est parvenu à paraître aussi excentrique et aliéné que son partenaire de jeu connu pour ses délires en tout genre (et ça, c'est très fort). 

 

The Beach Bum : photo, Zac EfronTroy Bolton en 2021, c'est plus la même

 

Il y a aussi eu le discret et contemplatif Gold d'Anthony Hayes, qui lui a permis de s'essayer au post-apo crasseux. Il s'est ainsi glissé dans la peau sale et esquintée d'un vagabond solitaire en plein déclin psychique et physique, jusqu'à apparaître complètement défiguré devant la caméra et surtout anti-héroïque dans une fin particulièrement pathétique et cruelle. Mais sa métamorphose la plus à propos reste la plus récente, dans le magnifique Iron Claw qui s'intéresse au sort tragique des Von Erich, une fratrie de catcheurs victime d'un patriarche despotique.

Pour le rôle, Zac Efron a là encore mis son corps à rude épreuve, mais pas dans le but d'atteindre un idéal hollywoodien nocif et fantasmé. Au contraire. Kevin, l'aîné par défaut des Von Erich auquel il prête ses traits, est un être profondément pathétique et disgracieux, avec un physique tellement boursoufflé qu'il en devient ridicule, extériorisant ainsi parfaitement la tourmente intérieure de ce personnage qui convertit sa peine et sa colère en douleur musculaire.

 

The Iron Claw : photo, Zac EfronUn éternel raté plein de bonne volonté, ça rappelle quelqu'un ça

 

Avec sa coupe vintage (pour ne pas dire grotesque), sa timidité maladive et sa maladresse sociale, Zac Efron a, le temps d'un film, profité d'une autre image, celle d'un acteur cabossé qui a laissé sa belle gueule au vestiaire et cherche l'émancipation. Sauf qu'une fois de plus, si tout le monde (nous compris) y est allé de son éloge en parlant de performance à Oscar, le film comme sa prestation n'ont finalement pas retenu l'attention de l'Académie.

Quant à l'avenir, si Iron Claw aurait réellement pu faire bouger les choses, il paraît de nouveau assez sombre. On reverra prochainement l'acteur dans Ricky Stanicky, la prochaine comédie de Peter Farrelly avec John Cena qui a tout l'air de vouloir le ramener à ses heures les plus sombres. Enfin, et c'est peut-être le plus gros rétropédalage, Zac Efron pourrait également revenir du côté de Disney après s'en être durement extirpé en participant au remake de Three Men and a Baby (ce qui reste cependant à confirmer). Alors de là à parler de malédiction, il n'y a qu'un pas.

Tout savoir sur Zac Efron

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commentaires
Fix
20/02/2024 à 15:43

Il mérite un oscar pour Irow Claw !

Ethan
19/02/2024 à 22:41

Merci pour l'article, je suis très triste moi de ce virage à 180° dans la comédie burlesque. Non pas que j'aime pas. C'est juste décevant lorsqu'on sait le potentiel que pouvait avoir cet acteur à ses débuts. Il a fait les mauvais choix. Je me souviens de baywatch je me suis barré de la salle tellement ça m'a déçu de le voir descendre si bas. Mauvaises fréquentations je pense. Il a aujourd'hui 36 ans et on dirait qu'il en a 50. Non vraiment dommage. Un immense gâchis. Pour moi son rôle phare c'est Mike o'donnell dans la comédie 17 ans encore ou 17 again qui m'a plu chez lui. Je le voyais une carrière très prometteuse comme Tom cruise ou Michael j fox

Reste un garçon attachant et ses documentaires sur le monde doivent être sympa

Storm
19/02/2024 à 10:47

J'ai été bluffer d'une part par son physique et par son jeu d'acteur dans iron claw. Rien que pour ça il mérite une nomination aux oscar.

Truc Bidule
19/02/2024 à 09:33

Une petite coquille, je crois John Grisham et non Grisha, non?

Redwan78
19/02/2024 à 08:08

Il devrait arrêter de chercher la performance physique. Il devrait changer de conseillers et jouer au théâtre. C'est l'un des problèmes des acteurs américains,tout miser sur le physique. Ce que ne fait pas Al Pacino ou d'autres.

Karev
19/02/2024 à 06:39

Il y a plus de bons films sur son CV que ceux de Jason Momoa ou Gal Gadot par exemple !

Hank Hulé
18/02/2024 à 19:39

Il est top dans Iron Claw

Moe12
18/02/2024 à 19:18

The greatest showman n'a pas rencontré le succès escompté ? L'acteur est transparent c'est certain mais le film a eu un beau succès.