Tonnerre sous les Tropiques : Robert Downey Jr. ne regrette pas du tout sa blackface dans le film

Aujourd'hui, on se scandalise pour un rien et on a tendance à penser qu'on ne peut plus rien dire. Ce qui est faux, parce que ça a toujours été le cas. C'est simplement que, maintenant, avec les réseaux sociaux, ça se voit plus quand on n'est pas d'accord.

Quand on y pense, un film comme l'extraordinaire Tonnerre sous les Tropiques de Ben Stiller ne pourrait peut-être plus se faire aujourd'hui, justement parce que chacun peut déclencher un scandale online et que les gros studios ne veulent surtout pas s'aliéner un public potentiel. Mais voilà, en 2008, ce n'était pas encore aussi sensible et immédiat qu'aujourd'hui et donc Stiller a pu nous montrer un cas de détournement de blackface irrésistible et très intelligemment fait.

La fine équipe

Pourtant, à l'époque déjà, ça avait gueulé, certaines personnes avaient très mal pris la chose avant même d'avoir vu le film. Un risque de scandale qui aurait pu être fatal au film et surtout à Robert Downey Jr., pas encore couronné par Iron Man et qui se relevait tout juste d'une traversée du désert conséquente. Si le comédien a évidemment pesé le pour et le contre avant de dire oui, il a assumé son choix jusqu'au bout et nous a probablement livré sa meilleure performance à ce jour.

Un choix qu'il n'a d'ailleurs jamais regretté et qu'il défend encore aujourd'hui, comme il vient de le faire récemment au micro du podcast The Joe Rogan Experience :

"What do you mean by 'Your People' ?"

"Ma mère était terrifiée, elle m'a dit qu'elle avait un mauvais pressentiment, et moi aussi d'ailleurs. Quand Ben m'a appelé pour me dire qu'il allait faire ça, je crois d'ailleurs que Sean Penn a refusé le rôle, à juste titre peut-être, je me suis dit que j'allais le faire et que j'allais le faire juste après Iron Man (ndlr : bien que sorti trois mois après, Iron Man a été tourné avant). Et j'ai commencé à réfléchir. Je me suis dit que c'était une très mauvaise idée. Puis je me suis dit qu'il fallait que je sois honnête et que je suive mon coeur. J'avais l'habitude de m'imaginer noir pendant un été, donc là, il y avait quelque chose pour moi.

L'autre chose, c'est que j'allais pouvoir critiquer cette grande hypocrisie des acteurs qui s'impliquent totalement dans leurs rôles, ce qui est fou, et le fait qu'ils peuvent le faire à certaines occasions. Ben savait exactement où il allait avec ça et, pour y arriver, il était impossible de ne pas être offensant. 90% de mes amis noirs m'ont dit que c'était génial et si je peux comprendre les 10% restant, je sais ce que me dicte mon coeur.

Chef-d'oeuvre de la comédie

Je pense que faire quelque chose de déplacé ou hors de son époque n'est jamais une excuse, mais, selon moi, on a explosé ce problème à ce moment-là. Avoir une morale psychologique est notre premier métier. Parfois, il faut se dire qu'on a fait n'importe quoi, mais, pour ma défense, Tonnerre sous les Tropiques critique justement le principe de la blackface, donc je fais une exception."

Et il a évidemment raison, tant le point de vue satirique du personnage et de son engagement surréaliste dans son rôle est évident. Et c'est bien ce qui fait la très grande force du film, cette critique acide et à la sulfateuse de toute cette bien-pensance utilisée dans le but de faire de gros succès. Et puis, avouons-le, ce monde serait infiniment plus triste sans l'existence de ce bon vieux Kirk Lazarus.