Suicide Squad : Kill the Justice League – Warner veut absolument éviter cette polémique mortelle

Warner Bros. voudrait débarrasser Suicide Squad : Kill the Justice League d’une mauvaise image qui lui colle déjà à la peau.

Vous rappelez-vous d’Anthem ? Ce jeu qui a forcé Bioware à mettre en pause son nouveau Dragon Age et dont le potentiel épique semblait prometteur. Et tout ça pour nous donner une des plus belles douches froides de ces dix dernières années. Ce mauvais souvenir est aussi un cas d’école éloquent sur l'évolution de l'industrie. En 2019, Electronic Arts avait ainsi sacrifié l’ADN du studio Bioware pour leur faire accoucher de ce jeu service sans âme, brisant du même coup leur image de maître du jeu solo, qui durait depuis près de deux décennies. 

Et aujourd’hui, l’histoire semble se répéter. Le fameux Suicide Squad : Kill the Justice League sort le 2 février 2024 et nombreux le pressentent comme le Anthem de Rocksteady, par son contenu payant au long terme et son multijoueur coopératif. Craignant une déchéance façon Bioware, beaucoup sont encore réticents à l'approche du jeu. En réaction, Warner et Rocksteady tentent, tant bien que mal, de nous convaincre que leur Suicide Squad ne sera pas un pur jeu service. 

Quand le battle pass nous prend par surprise

Anthem 2 ?

Cette volonté cupide des éditeurs à transformer de légendaires créateurs de jeux solos en machine à argent ne date pas d’Anthem. Mais il en est un sacré symptôme. Il est d'ailleurs bon aussi de rappeler que l’un des pires jeux de l’année dernière fut Redfall, un titre coopératif calamiteux qui a réussi à ternir le nom d’Arkane Studios, car développé par leur filiale d’Austin. Là encore, le studio a été contraint par son éditeur, ZeniMax (avant d’être racheté par Microsoft), de produire un titre qui ne les intéressait pas et pour lequel il n’avait pas les compétences requises. 

En effet, quoi qu’on pense des jeux services, ils nécessitent aussi un savoir-faire assez précis pour fonctionner à leur sortie. C’est ce qui explique la réussite d’Apex (développé par Respawn, le studio de Titanfall 2) face à la débandade d’Anthem, en 2019. Un développeur de jeux solo, aussi bon soit-il, n'est pas préparé à faire des jeux multijoueurs avec du contenu post-achat. Ainsi, quand on apprenait, l’année dernière, que le très attendu nouveau titre des créateurs d’Arkham Asylum, incluait des éléments multijoueurs et un battlepass, le coup de gueule fut total et Warner n'a pas pu l'ignorer. 

Anthem, le trauma des fans de Bioware

Warner vacille 

Résultat : Suicide Squad : Kill the Justice League a été renvoyé dans les fourneaux et s’est vu repoussé à 2024. Et on a alors presque cru que Warner s'était remis en question. Leur Gotham Knights était, après tout, déjà décevant, et il serait dommage pour la firme de continuer dans cette voie. Malheureusement, un rapport ultérieur de la compagnie a bien confirmé que le contenu post-achat de Suicide Squad n’allait pas disparaître et que la compagnie ne procédait qu’à quelques menus ajustements.

Les craintes persistent donc jusqu'à maintenant quant à la qualité du jeu à sa sortie. Mais, malgré tout, Warner et les développeurs du jeu tentent de nous rassurer. Ils ont bien compris à quel point cette étiquette de jeu service pourrait leur être fatale et cherchent à s’en affranchir. C’est pour cette raison que Darius Sadeghian, directeur produit de Rocksteady, a défendue que Suicide Squad n'appartenait pas à cette catégorie, lorsqu’il a été interrogé par PLAY Magazine. 

Warner devrait se rappeler que Hogwarts Legacy, pur jeu solo, fut un immense succès commercial

jeu suicide (squad)

Selon Sadeghian, Kill the Justice League serait un jeu hybride, à la lisière entre plusieurs genres :

"Nous ne pensons pas vraiment que notre jeu corresponde à une étiquette particulière. [...] Nous savions que nous voulions faire un jeu coopératif à quatre joueurs, et nous avons donc passé beaucoup de temps à imaginer nos personnages. Pour nous, il ne s’agissait pas tant de créer un jeu d’un genre particulier. Il s’agissait plutôt de créer un sentiment de fluidité et de trinité entre tous nos systèmes de jeu.

Cela se reflète dans la façon dont les éléments de déplacement, de mêlée et de tir se fondent les uns dans les autres lorsque vous jouez. [...] Nous voulons que chaque joueur ait l’impression de faire partie de Suicide Squad et, plus largement, de la communauté mondiale de Suicide Squad. Cela a été au cœur de notre développement et le jeu a été conçu dès le départ comme une expérience qui peut être partagée avec des amis."

Le lasso de vérité aurait été bien utile sur ce coup

Il a aussi insisté sur le fait que leur jeu serait toujours à 100% dans l’ADN de Rocksteady et qu’il ne serait donc pas dénaturé par ses éléments multijoueurs. Bref, un discours qui rappelle furieusement celui des développeurs de Bioware lorsqu’il s’agissait d'Anthem, à l'époque. Oui, on y revient encore, mais la comparaison entre les deux est assez inévitable. 

Attention, on n’affirme pas pour autant que ce sera la même chose, ici. Les premiers retours de la presse sont, bien que mitigés, plutôt rassurants. Et dans l’ensemble, on a le sentiment d'apercevoir dans Suicide Squad une vraie campagne solo avec un scénario digne du studio. Néanmoins, comment ne pas avoir toujours en tête le discours de David Zaslav (patron de Warner) de novembre dernier, dans lequel il faisait l’apologie de la formule des jeux services ? Il citait alors explicitement des jeux DC Comics et de leur potentiel monétaire trop sous-exploité à son goût. Et ça, ça n'augure rien de bon.