Tarantino critique Netflix et les films de Ryan Reynolds

Eden David-McCrann | 30 mai 2023 - MAJ : 30/05/2023 12:58
Eden David-McCrann | 30 mai 2023 - MAJ : 30/05/2023 12:58

Quentin Tarantino n'est pas très fan des films Netflix, notamment ceux dans lesquels apparaît Ryan Reynolds.

Quentin Tarantino est un habitué du Festival de Cannes. Alors que Reservoir Dogs avait eu le droit à une sélection hors compétition, son Pulp Fiction avait été récompensé par une Palme d'Or, décernée par le jury de Clint Eastwood. Depuis, ses films Boulevard de la mort, Inglourious Basterds et Once Upon a Time... in Hollywood ont tous été dévoilés en compétition.

Et même sans nouveau film, le cinéaste était présent sur la Croisette lors de l'édition 2023, afin de projeter l'un de ses films préférés : le revenge-flick culte écrit par Paul Schrader et mis en scène par John Flynn, Légitime violence. À cette occasion, Quentin Tarantino a accordé une masterclass et plusieurs interviews, brassant de nombreux sujets différents : si Tarantino est revenu sur sa version abandonnée de Casino Royale, il a aussi précisé l'histoire de son dernier film, The Movie Critic. Au cours d'un entretien en particulier, il a expliqué pourquoi il ne voulait pas sortir The Movie Critic sur une plateforme de streaming. 

Once Upon a Time... in Hollywood : photo, Margot RobbieRien ne vaut le grand écran (large)

 

TARANTINO VS NETFLIX

C'est Baz Bamigboye, journaliste chez Deadline, qui a posé cette question. Tarantino a répondu en donnant son point de vue sur les films produits directement en vue d'une diffusion sur petit écran :

« Je vais sûrement faire The Movie Critic avec Sony, puisqu'ils sont le dernier studio d'Hollywood qui s'engage absolument à préserver l'expérience de la salle de cinéma. Ils ne font pas des films pour nourrir leur plateforme de streaming [...] Ils calculent le succès de leurs films en fonction du nombre d'entrées. Et pour Sony, leurs films sont des succès s’ils parviennent à être dans l'air du temps, à marquer leur époque et l'imaginaire collectif. Ils ne se contentent pas de faire un film à gros budget puis de le diffuser sur une plateforme de streaming, où personne ne le verra.

 

Red Notice : photo, Ryan ReynoldsAprès Ghosted, trop c'est trop


Je ne tiens à viser personne, mais apparemment, Ryan Reynolds a été payé 50 millions de dollars pour chacun des films qu'il a faits avec Netflix.  Pourtant, je ne connais pas ces films. Je ne les ai jamais vus. [...] C'est t
ant mieux pour lui s’il se fait autant d'argent. Mais ces films n'existent pas dans l'imaginaire collectif. C'est presque comme s'ils n'existaient pas du tout. »

Depuis 2019, l'acteur a effectivement enchaîné les productions destinées aux plateformes de streaming : 6 Undergound, Red Notice, Adam à travers le temps, ou encore Spirited (sans compter un caméo dans le regrettable Ghosted). Difficile de contester le constat de Quentin Tarantino : aucun de ces projets ne s'est véritablement fait une place dans la culture populaire, et ce malgré des chiffres d'audience gigantesques – Red Notice reste le film le plus visionné sur Netflix lors de ses 28 premiers jours (en heures vues). Toutefois, que Tarantino se rassure : les deux prochains films de Ryan Reynolds sortiront en salles. Il s'agit de la comédie If, le 22 mai 2024, et du super-héroïque Deadpool 3, le 6 novembre 2024.

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commentaires
GTB
02/06/2023 à 12:28

@Cinégood> La contradiction que je soulevais venait justement du fait de souligner à la fois que les films plateformes ne sont pas du cinéma (pour faire court) et parallèlement (et à raison) que beaucoup des films plateformes viennent directement de la salle ou y étaient destinés.
Soit-dit en passant, distribuer des films qu'on a pas produit est le rôle premier de la plupart des distributeurs. Quelques uns sont devenus suffisamment puissants pour produire eux-mêmes. Mais ils continuent à distribuer des films qu'ils ne produisent pas. Bref, rien de plus normal dans l'industrie.

Si votre discours ne concernant pas le catalogue, mais spécifiquement les productions directes...on va faire très court : Netflix ne sont quasiment jamais producteurs directement. Ils délèguent en général (et surtout achètent des projets plus ou moins déjà avancés). Tous ces films lambdas qu'on aiment à pointer du doigt ne sont pas plus des productions plateformes.
Red Notice par exemple n'est pas une prod Netflix. Ils ont acheté les droits. Le film s'est monté et fait dans son coin (en fonction de l'acquéreur il aurait pu tout à fait terminer en salle, comme d'autres). Pinocchio de Del Toro est par contre une prod Netflix (avec d'autres).

Dans la majorité des cas, ceux qui font les films sont les mêmes, peu importe où termine le film. Acteurs, réal, scénaristes, maison de production, boites FX, costumiers, budget, etc...

Ce que vous dites demeure vrai malgré tout. Il y a bien sûr beaucoup de choses oubliables, des lignes éditoriales, il y a aussi parfois des productions pensées plateformes. Mais en faire une généralité est erroné. Les plateformes sont des paniers fourre-tout, voilà ce qui me semble être le plus proche des faits. Et c'est un peu le cas de la salles également. En moyenne les français vont voir 3 films par an. Il y a entre 15 et 20 films qui sortent par semaine. Ils n'en suivent pas l'actualité, ne suivent pas les retours critiques, ne sont même pas au courant de l'existence de la plupart. En d'autres termes, ils n'ont aucune foutue idée de la qualité moyenne des films salles. Et rien qu'en parcourant ecranlarge, pourtant loin de couvrir tous les films, on peut déjà constater qu'il y a aussi beaucoup de médiocres, raté, oubliables...sur le fond comme sur la forme.

Mais il est beaucoup plus facile de constater qu'un film est merdique quand, le soir dans son canap, on lance sans conviction la/les nouveautés en home SVOD...que d'aller se traîner jusqu' au cinéma et claquer 10 x n € pour aller jeter un oeil aux 5-10 films à l'affiche dont on a jamais entendu parler.

Cinégood
31/05/2023 à 23:55

@GTB
Aucune contradiction dans mon discours. Netflix a acheté des films qui ne pouvaient sortir en salle lors de la période Covid. Ils ne les ont donc JAMAIS financé contrairement à d'autres qui sont conçus comme des téléfilms de luxe (pour certains).

Ensuite je n'ai JAMAIS dit que tous les films étaient bons ou supérieurs aux téléfilms, ce n'est pas la même expérience, ni la même façon de produire.
Si vous voulez entrer vraiment dans le débat, alors oui, votre exemple de Qu'est-ce qu'on a fait est entièrement produit par UGC et TF1 pour le prime time de ce dernier. Mais ça, c'est une des dérives du financement des films français. Peu d'entre eux peuvent se passer d'une chaîne. Vous verrez la différence en lisant le générique entre ceux uniquement financés par Canal+, Arte ou Orange, FranceTV et TF1 ou M6.

Rorov94m
31/05/2023 à 17:47

Vu le prix, l'état des salles,l'accueil et les projections pourries(merci les exploitants!)
Dans moins de 10 ans y'en aura plus...comme le Tang, la Cinq, Château Vallon, Teletactika, Patrick Topaloff...

Cmdtp
31/05/2023 à 14:13

Tarantino est un fétichiste du cinéma, l’art comme le lieu, normal qu’il pense ainsi. Maintenant 2 choses: Reynolds n’a pas besoin de Netflix pour jouer dans des bouses ^^ et ensuite l’expérience cinéma est selon moi (et j’espère me tromper) vouée à devenir un peu surannée comme l’opéra ou le théâtre.

GTB
31/05/2023 à 14:04

Encore et toujours ce débat vain où déboule tout un tas d'arguments foireux...se contredisant eux-même au passage comme Cinegood qui nous explique que les films salles sont au moins conçus pour la salle cad avec un minimum d'exigences, ce qui n'est pas le cas des plateformes...et qui dans le même temps explique que beaucoup de films Netflix sont des films salles distribués/récupérés par Netflix.

Argumentez autant que vous le voulez, cette différence "noble" entre salles et plateformes n'existe que dans l'esprit de ceux qui la prétendent. Tarantino a raison....sauf que son propos n'a rien de spécifique à Netflix. Des films oubliables, Reynolds en a fait pleins en salles. Salles qui sont blindées d'un sacré paquet de films mauvais/médiocres/moyens oubliables, que peu vont voir, et qui ne laisseront pas la moindre marque; et qui peuvent être très inférieures aux meilleures productions plateformes.
Que ceux qui prétendent la salles plus nobles en terme de proposition, prennent conscience qu'ils ont une vision biaisées, limitées à leurs propres choix d'aller claquer 10 balles pour un film judicieusement sélectionné parmi ce qui sort de mieux (au moins à leurs yeux). Qu'ils se coltinent pendant quelques mois TOUTES les sorties cinéma....et on en reparle après en toute bonne foi :). Les films médiocres qui se limiteraient à la TV et aux plateformes est un mythe.
Quant à l'expérience salle; elle n'est pas parfaite et surtout reste secondaire par rapport à ce qui est visionné. Le Parrain en salle est préférable au Parrain sur petit écran; mais le Parrain sur petit écran est mille fois préférable à Qu'est-ce qu'on a fait en salles.

Et soit dit en passant, top 10 Netflix/Amazon/Autres et Box-Office salles même combat : il y a peu de Cinéma. Fast X, Ant-Man 3, 65, Scream VI, La Petite Sirène, Cocaine Bear, Shazam 2, L'Excorciste du Vatican, MayDay, Asterix & Obelix...je trouve ça au moins aussi déprimant.

leduk
31/05/2023 à 09:51

Tarantino vire vieux con des fois. Désolé mais depuis des années je ne vais plus au ciné, ça m'emmerde. Je ne vois aucun intérêt à voir des films au cinéma je préfère limite regarder sur mon téléphone que dans une salle climatisée bourrée de blaireau et sans pouvoir mettre pause pour aller pisser.
Les films de reynold sont tous nuls car ils sont nuls et lui un acteur très mauvais.
Mais deadpool est sorti au cinéma et pourtant c'était une sombre bouse...
En attendant jai jamais vu un tarantino au ciné et je n'ai rien raté. Dailleurs depuis les 8 salopards que jai pas réussi à finir aucun de ses films n'a réussi à me plaire.

Cinégood
31/05/2023 à 09:47

@Xav (bis)
100% d'accord avec toi pour ce qui est de la culture ciné qui se fait majoritairement sur petit écran (normal, la vie d'un film sur grand écran dépasse rarement quelques semaines !)
Cependant, cela reste des films pensés pour le grand écran avec, pour les meilleurs, des exigences scénaristiques, visuelles ou autres. Ils ne sont pas conçus directement par des diffuseurs pour plaire à leur public cible. Ce sont des oeuvres théoriquement plus libres, plus créatives, plus artisitiques, plus risquées et pour les blockbusters, avec des budgets plus élevés. Tu me contrediras sur ce dernier point avec quelques productions Netflix, Apple ou Prime, mais ce ne sont que des projets qui servent "l'image" de ces plateformes, rien de plus.

Cinégood
31/05/2023 à 09:42

@Xav
Beaucoup des films ont été diffusés par Netflix et pas forcément produits par la plateforme, mais récupérés faute de pouvoir les diffuser en salles à cause de la crise Covid.
Ceux produits à 100% par Netflix et qui valent le coup, sont une minorité dans un océan de médiocrité, voir de merde tout court.

Xav
31/05/2023 à 09:21

Et quoiqu'en disent certains, la culture cinéma qu'on s'est faite chacun d'entre nous, on se l'est faite devant un écran de télé.
Certes, l'expérience ciné, c'est le top, et les films marquent bien plus quand on les voit dans une salle mais 90% des films qu'on a vus, on les as vu chez nous et pas dans une salle. Et en général, les films qui ont forgé notre culture ciné, c'est comme ça qu'on les as vus et le fait de les voir jeune fait aussi que ça s'imprime plus que lorsqu'on est plus vieux et qu'on a vu beaucoup de films.
Ceci explique cela, sans vouloir défendre Netflix pour autant

Xav
31/05/2023 à 09:13

Même si je suis d'accord pour dire que la majorité de ce qu'on se tape sur Netflix est pourri, il faut pas oublier que grace à la plateforme, on a eu ces films :
- War machine de David Michod
- Roma de Alfonso Cuaron
- Okja de Bong Joon ho
- The babysitter de McG
- Un 22 juillet de Paul Greengrass
- Le Bon apotre de Gareth Evans
- Outlaw king de David MacKenzie
- De l'autre côté du vent d'Orson Welles
- La Balade de Buster Scruggs des frères Coen
- Mowgli de Andy Serkis
- In the shadow of the moon de Jim Mickle
- Dans les hautes herbes de Vincenzo Natali
- The Landromat de Steven Soderbergh
- The Irishman de Martin Scorsese
- Mank de David Fincher
- 6 underground de Michael Bay
- La Femme à la fenêtre de Joe Wright
- Army of the dead de Zack Snyder
- Chasseurs de trolls/Le Cabinet des curiosités/Pinocchio de Guillermo Del Toro
- Wendell & Will de Henry Sellick
- Troll de Roar Uthog
- The Pale blue eye de Scott Cooper
+ quelques films francais et coréens.
Ca a eu au moins ce mérite qu'on oublie souvent (même moi)

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