Barbie : 14 ans, 3 actrices et beaucoup de problèmes avant d'en arriver là

Avant Margot Robbie et Ryan Gosling, le film Barbie a failli être très, très différent. Retour sur un développement un peu compliqué, étalé sur 14 ans.

Le très attendu et très rose bonbon film Barbie arrive enfin sur les écrans après des mois d’une promotion acharnée. Mais avant que Margot Robbie et Ryan Gosling ne paradent devant les caméras pour faire la promotion du film de Greta Gerwig, le chemin fut long et semé d’embûche pour la poupée iconique, qui attend depuis très longtemps d’avoir son propre film...

Au commencement, il y avait mattel

Le projet d’un film centré sur la plus plastifiée des blondes devient un sujet sérieux dès 2009. A cette époque, l’entreprise Mattel, qui a donné naissance à la célèbre poupée en 1959, veut voir plus grand et rêve que les aventures de son héroïne soient portées à l’écran.

D’ailleurs, dès 2014, même les Lego ont eu leur propre film, alors pourquoi pas Barbie ? La poupée culte mérite mieux que de n’être qu’un rôle secondaire dans un Toy Story.

Prête à se raser la barb(i)e

C’est donc en 2009 que Mattel signe avec le studio Universal Pictures afin que ce projet puisse voir le jour. A l’époque, c’est Laurence Mark, important producteur hollywoodien, qui doit porter le projet. Mais l’idée est vite abandonnée sur un bureau, et rien ne bouge pendant plusieurs années.

Pour y remédier, Mattel change son fusil d’épaule en 2014 et s’associe cette fois-ci à Sony Pictures pour développer le film. Celui-ci doit alors être produit par Parkes + MacDonald Image Nation, et écrit par Jenny Bicks, scénariste – entre autres – de nombreux épisodes de Sex and the City. Seulement, dès 2015, Sony engage d'autres scénaristes pour écrire plusieurs versions de l’histoire et ne parvient pas à se décider. Si le scénario tend déjà, à l’époque, vers l’histoire d’une poupée propulsée dans le monde réel, aucun scénario définitif n’est validé.

Véronique et Davina

barbie vs lego

Parmi les scénaristes qui se sont cassés les dents sur le projet : Diablo Cody, nommée aux Oscars pour Juno, et qui avait enchaîné sur la série United States of Tara et Young Adult. Elle estime avoir complètement raté la mission, et ne même pas avoir été jusqu'à un vrai premier scénario proposé aux producteurs (dont Amy Pascal à l'époque).

Elle a depuis expliqué le problème à GQ, en 2023 :

"Quand j'ai été engagée pour ça, je pense que la culture n'avait pas encore embrassé la bimbo comme archétype féministe valide. (...) L'idée d'une anti-Barbie avait du sens vu la rhétorique féministe d'il y a 10 ans. Je n'avais pas vraiment la liberté d'écrire quelque chose qui rendait justice à l'iconographie, ils voulaient un twist féministe de Barbie indépendante et ambitieuse, et je n'y arrivais pas parce que ce n'est pas ça Barbie".

Les scénaristes à la fête de fin de tournage

Autre problème : le succès du film La Grande Aventure LEGO en 2014. Diablo Cody explique : "On m'a parlé du film Lego un nombre incalculable de fois pendant le dévelopement, et ça a créé un problème pour moi parce qu'ils avaient vraiment réussi leur coup. A chaque fois que j'avais une idée meta, c'était trop proche de ce qu'ils avaient fait. C'était un stop pour moi. Mais suffisamment de temps est passé maintenant pour qu'ils puissent juste recaster Will Ferrell en antagoniste dans Barbie, comme dans Lego, et tout le monde s'en fiche".

Will Ferrell : le pont entre Lego et Barbie

Barbie humoriste et Barbie brune

Malgré ça, les choses semblent avancer lorsque le casting se précise : en 2016, la comédienne et humoriste Amy Schumer hérite du rôle principal de la poupée et en profite pour retoucher elle aussi le scénario. Est-ce que Barbie tient enfin le bon bout ? Toujours pas, car Schumer quitte le projet en 2017.

Si l’actrice évoque à ce moment-là un conflit d’emploi du temps, elle révèlera plus tard que ce sont les différends artistiques entre elle et la production qui l’ont conduite à partir. Elle expliquait en 2023 sur le plateau de Watch What Happens Live face à Andy Cohen : "Il y a une nouvelle équipe sur le film et ça a l'air très féministe et cool". Avant de confirmer que la version précédente, potentiellement avec elle, ne lui semblait ni cool ni féministe.

Sans Amy Schumer, le tournage qui était prévu pour 2017 ne peut donc plus se dérouler selon le calendrier prévu.

Regardez Inside Amy Schumer, c'est super

Pourtant, ni Mattel ni Sony ne lâchent l’affaire, et en 2018, les réécritures se poursuivent au fil des scénaristes qui se succèdent. Une nouvelle Barbie est choisie : c’est désormais Anne Hathaway qui est destinée à incarner la poupée de toutes les poupées.

Après avoir été révélée au grand public avec des films comme Princesse malgré elle et Le Diable s’Habille en Prada, l’actrice n'aurait pas été un choix dépaysant. Derrière la caméra, c’est Alethea Jones, réalisatrice d’épisodes de série, qui est choisie pour la mise en scène. L’épopée Barbie semble voir le bout du tunnel, sauf que...

Barbie princesse

Et roule ma poule

La durée de l’option de Sony sur le projet finit par expirer, et la plupart des personnes attachées au film sont remerciées lorsque la Warner Bros. reprend les rennes. Un nouveau rebondissement qui verra naître le projet Barbie tel qu’on s’apprête à le découvrir : si la rumeur laisse entendre que Patty Jenkins, forte du succès de son premier Wonder Woman, pourrait réaliser le film, c’est surtout Greta Gerwig et Noah Baumbach qui sont appelés pour écrire le scénario qui sera finalement gardé.

Gerwig a su convaincre avec Lady Bird et Les Filles du Docteur March, tandis que Baumbach est connu pour ses co-écritures sur les films de Wes Anderson et pour ses réalisations telles que Marriage Story et White Noise. Les deux auteurs signent avec la Warner en 2019 et jouissent d’une liberté totale offerte par le studio pour écrire le film, une tâche qu'ils accomplissent durant le confinement.

Tout roule (enfin)

En juillet 2019, une certaine Margot Robbie hérite du rôle de Barbie et devient officiellement l’interprète de la célèbre poupée à l’écran. Révélée par Scorsese, choisie pour incarner Harley Quinn chez DC, nommée aux Oscars pour Moi, Tonya, dirigée par Tarantino dans Once Upon a Time... in Hollywood, l'actrice semble alors être le choix idéal.

Et en juillet 2021, Gerwig signe pour être également réalisatrice du projet, et le film imaginé par Mattel il y a presque 15 ans prend (enfin) vie.

Avec un budget de 100 millions au moins (The New York Times parle de 145 millions) et une promo massive, le film Barbie est finalement devenu l'une des sorties les plus importantes de 2023 (voire LA plus importante selon le Twitter ciné). Et c'est d'autant plus amusant que sa "bataille" avec Oppenheimer, le nouveau Christopher Nolan qui sort en même temps au cinéma, a donné lieu à quantité de blagues, memes et paris.

Reste donc à voir si le film Barbie sera à la hauteur du buzz Barbie.