The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom - pourquoi on n'a pas testé le jeu

Mathieu Jaborska | 10 juin 2023
Mathieu Jaborska | 10 juin 2023

Plusieurs années après le succès critique et populaire de Breath of the Wild, sa suite directe The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom a fort logiquement séduit de très nombreux joueurs et continue à faire parler d'elle. Toutefois, Ecran Large ne pourra pas, comme initialement prévu, faire un test de ce qui est probablement le jeu le plus attendu de l'année. La personne chargée de l'article s'est expliquée dans une lettre ouverte adressée au rédacteur en chef du site. La voici.

Attention, légers spoilers.

Lettre ouverte au rédacteur en chef d'Ecran Large

Cher Geoffrey,

Tu m'avais commandé, tu t'en rappelles probablement, un test sur The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, la plupart des autres joueurs réguliers de la rédaction étant plus spécialistes des univers dépressifs de Silent Hill, Resident Evil et compagnie que du royaume merveilleux d'Hyrule. Je suis au regret de t'annoncer que je vais décevoir ta bande de journaleux sous Xanax. En effet, je ne vais pas te rendre cet article, pour la simple et bonne raison que je n'ai toujours pas fini le jeu.

De toute façon, il est trop tard. Webedia et Reworld ont posté leurs tests la veille de la sortie. Inutile d'arriver après la bataille pour Google, dans laquelle nous ne sommes que d'humbles figurants. Déjà, les joueurs invétérés et autres speedrunners parachutent leurs Korogus perdus de Boeing 737 en planches et artefacts Soneau, quand ils n'atteignent pas le générique en à peine plus d'une heure (véridique !), soit le temps qu'il faut à un humain normalement constitué pour faire le premier sanctuaire du (long) tutoriel. Inutile donc de prétendre avoir pris le recul nécessaire pour livrer une analyse complète, sous peine d'être la risée de Twitter.

 

The Legend of Zelda: Breath of the Wild 2 : photoMa situation, allégorie

 

Comme tu le sais, nous avons reçu notre copie le jour de parution, le 12 mai, ce qui me laissait peu de temps. Rassure-toi : toutes ces journées où je prétextais ma progression pour échapper au 47e dossier sur le blockbuster du moment n'auront pas été vaines. De tour en tour, d'ilots célestes en gamelles terrestres, j'ai arpenté les grands espaces d'Hyrule, j'ai complété la plupart des quêtes les plus importantes, y compris celle qui donne son nom au jeu, d'une radicalité narrative assez bouleversante. J'ai complété tous les temples et vaincu tous les boss officiels, tous plus inspirés que ceux de Breath of the Wild. Bref, j'ai assez vadrouillé pour en prendre plein les yeux et plein le coeur.

Toutefois, le scalp de Ganondorf n'est pas encore dans mon inventaire. J'ai bien tenté de noyer la carpe enduro et de t'amadouer en anglant un article sur un parallèle avec ta marotte Signes. Mais avec plus d'expérience, il faut bien avouer que les inspirations sont bien évidemment à chercher chez Hayao Miyazaki, plus encore que dans le premier opus. J'aurais bien fait un parallèle avec Skyward Sword, titre mal aimé dont Breath of the Wild tirait déjà pas mal de choses et que Tears of the Kingdom décline avec brio. Mais les réflexions du genre pullulent sur le net.

 

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom : photoJ'ai effectivement atterri sur chaque arbre-champignon bizarre

 

Mon royaume pour un réceptacle

Trêve d'excuses : je dois me rendre à l'évidence. Si j'ai failli à ma tâche, c'est parce que j'ai flâné. Ma conscience professionnelle me dictait de me téléporter de mission en mission, sans me départir d'une approche analytique. Mais ils m'ont eu. Sur ma route vers tel ou tel évènement régional crucial, je me suis arrêté pour attraper un cheval, aider un PNJ, faire un peu de journalisme à la Tintin (beaucoup de péripéties, peu d'articles), m'envoler dans les cieux ou tout simplement grimper sur une montagne qui se découpait sur l'horizon... jusqu'à complètement oublier mon objectif initial.

Déjà impressionnant de ludisme dans Breath of the Wild, le level design est ici poussé dans des extrêmes assez inédits, puisqu'il gagne encore en verticalité. L'absence de tout chargement entre les zones aériennes et terrestres transcende complètement le concept du premier jeu. En chutant, Link peut apercevoir littéralement l'intégralité de la carte et survoler au gré des courants d'air ses prochaines visites. L'idée est largement assumée, les tours de reconnaissance étant carrément remplacées par des sièges éjectables mécaniques. Et qu'importe si les limites techniques de la Switch entachent un peu l'aventure. Le plaisir de la découverte vaut bien quelques baisses de frame-rate.

 

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom : photoDestination ailleurs

 

Évidemment, comme tu as probablement pu le lire chez les médias ponctuels, le gameplay s'adapte en conséquence avec ces nouveaux pouvoirs encore plus permissifs et ces constructions circonstancielles. Alors oui, excuse-moi de préférer bricoler des avions de chasse qui se crasheront lamentablement, quitte à ne pas avancer du tout dans la progression, à une course aux points jaunes qui clignotent.

Bien sûr, j'aurais tout aussi bien pu faire un papier pour tempérer les ardeurs de la presse jeu vidéo américaine, qui ne lésine pas sur les superlatifs, comme à son habitude. Mais ça serait mentir. Certes, Nintendo n'a réinventé ni le crafting ni la fabrication in-game. Mais c'est en incorporant ces mécaniques finalement très simples dans ce level-design méticuleux qu'il donne l'occasion aux joueurs d'exercer leur créativité, si bien que beaucoup de sanctuaires ont été complétés au mépris des énigmes concoctées par les développeurs.

 

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom : photoThey see me rollin' and hatin'

 

Sans masque et sans reproche

Avant ça, la référence des suites directes des The Legend of Zelda, c'était le génial (et très sombre) Majora's Mask. À l'époque, la firme avait choisi de propulser Link dans un tout autre royaume, aux règles et aux codes bien différents, au point d'ailleurs de ne pas inclure la princesse éponyme dans l'aventure. Cet ultime volet fait l'exact inverse : il réinvestit le même terrain de jeu, mais accentue son relief, dans tous les sens du terme. C'est semble-t-il le credo de ce nouveau titre : l'audace de Breath of the Wild est derrière nous, d'autant qu'elle a déteint sur une petite partie de l'industrie. Reste à perfectionner la formule avec tout ce que le jeu vidéo compte d'outils pour donner une impression de liberté.

Certes, j'aurais pu la jouer "petit malin" et en tirer une comparaison entre la quête de l'équipe de Fujibayashi et celle de Link. Tous sont à la recherche d'une forme de liberté pure, presque conceptuelle, que ce soit en affinant avec cette suite ses modalités ou en libérant le monde de la tyrannie de Ganondorf, qui assoit sa domination en privant les Piafs de leur perchoir, en polluant les lacs des Zoras, en dealant du crack aux Gorons, bref, en conditionnant les autochtones.

 

The Legend of Zelda: Breath of the Wild 2 : photoMon bras après 4 heures de jeu aux toilettes

 

J'espérerais presque que ce diptyque miraculeux se transforme dans plusieurs années en trilogie, avec un dernier opus qui ajouterait la mer environnante sur la carte et donnerait l'occasion à ces artistes de poursuivre leurs expérimentations. Toutefois, tu devras plutôt confier son test à un rédacteur un peu plus pro, qui ne mettra pas en pause le destin du royaume d'Hyrule tous les 100m afin d'aider le pire ouvrier de l'histoire à planter son satané panneau.

Toutefois, ça serait peut-être passer à côté de ce que le jeu nous offre, à savoir l'autorisation d'oublier les délais, les réunions de rédaction et les règles de Google pour se balader à notre guise pendant quelques dizaines d'heures. Court-circuiter ces nombreux appels à la liberté pour remplir un planning, c'est ne pas prendre la mesure du plaisir qu'ils peuvent apporter et signer un texte insipide. Voilà pourquoi je n'ai pas pu écrire de test sur Tears of the Kingdom dans les délais qui m'étaient impartis. Pour l'apprécier à sa juste valeur, il faut se soumettre à sa seule exigence : prendre le temps qu'il faut.

Pitié, ne me vire pas,

Mathieu

 

The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom : photo

Résumé

PS : Puis-je prendre encore quelques semaines de congé pour poncer cette aventure chimiquement pure jusqu'à l'os ? Merci.

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Lecteurs

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commentaires
Pulsion
15/07/2023 à 11:20

Et on peut toujours pas faire du sous l'eau ?

Quick62
17/06/2023 à 17:31

Je ne m'attendais pas à ça en lisant le titre.

Meilleure critique de JV, et j'en ai lut de bonnes à l'époque dans Joystick, Console+ et autres tests de Marcus.
Je me suis totalement reconnus dans cette flanerie nonchalente.

J'ai poncé toutes les aventures de Link sur consoles de salon, GBA et DS depuis les origines de la saga.

Bien sur, Totk s'éloigne beaucoup des aventures originales, des Oot, TP, Alttp,..., mais ressemble beaucoup à Botw. Et alors!

Cette nouvelle aventure reprends le meilleur des précédentes et l'améliore grandement.
La liberté est totale et c'est le pied.

La map est immense. J'ai passé dans les 300h sur Botw, je connais la map par coeur, et j'ai pourtant redécouvert de nombreuse zones du jeux sans les reconnaitre.

On peu lui reprocher ses musiques un peu moins grandiosent que dans les précédents opus mais ça ne me dérange pas.

J'adore ce nouveau Zelda, c'est vrai que l'on essaye de sauver régulièrement Zelda depuis près de 40 ans, mais le plaisir est toujours présent et renouvelé, il faut prendre chaque épisode comme une aventure unique et ne pas vouloir tout comparer aux précédents.

Ceci est mon avis personnel.

Et bravo Mathieu pour cette lettre ouverte rafraichissante, mais il faudrait tout de même penser à retourner bosser.

Boustos
14/06/2023 à 22:02

Ce jeu est une déception totale pour moi, grand fan de BOTW au demeurant.
L'impression de refaire le même jeu, en moins bien. Là où la magie opérait dans BOTW, l'ennui prend le dessus dans TOTK. Le monde d'Hyrule est sensiblement le même, on doit donc se le retaper de long en large, avec des nouvelles zones aussi vide qu'inutiles (les profondeurs, le ciel). OSEF de la verticalité, ça n'apporte rien en vrai, de la poudre aux yeux. Tout comme les nouveaux pouvoirs, perso la construction m'a fait chier au bout de 3 minutes, et cela n'a rien à faire dans un zelda pour moi.
Le scénario est aussi bien naze, les pnj, à flinguer, les dialogues et les voix faites de sons, de cris, irritants à souhaits, en plus on ne peut pas les passer, la tannée quoi.
Bref j'ai mal à mon Zelda.
Zelda TOTK est donc une pâle copie sans magie de BOTW, préférez l'original ^^

Et franchement, 7 ans pour ça, wtf !?

Osheridan
13/06/2023 à 15:47

Je suis moi aussi en train de jouer au jeu.
C'est mon premier Zelda après Link of the past que j'avais fais il y a des longtemps et dont j'ai tout oublié.

Mais je dois dire que je ne suis pas conquis.
Toutes les refs de l'article je les ai car j'ai moi aussi bien exploré le monde sans le terminer. Il me manque encore certaines quêtes
à terminer pour avoir un Link plus puissant avant d'aller vers le donjon final mais je dois dire que je suis vraiment déçu du jeu.

Je m'attendais à tellement mieux.
Ok il y a beaucoup d'originalité dans les concepts du jeu mais il y en a pas au niveau du scenar.
C'est tellement creux, sans rebondissements.
Le fait en plus d'avoir un perso unique à jouer qui en plus est muet, ça rend le scénario encore plus simpliste et prévisible.

Non, définitivement ce jeu ne me marquera pas. J'ai pas joué à de nombreux rpg et encore moins à de nombreux Zelda mais Totk est bien sans plus pour moi.
Il manque de fun et de scénario.
Un mode multijoueur pour faire des mini jeux avec des constructions auraient été sympa tout comme un scénario avec du rire, des larmes et de nombreux rebondissements originaux et enlevés.

apprendre à lire
12/06/2023 à 09:19

@Pseudoudou : "Bienvenue sur EcranLarge, le média de l'actualité cinéma, films, séries, jeux vidéo, mangas, comics, bandes-dessinées" C'est sur la page d'accueil. Merci, bonne soirée.

R9+Z5=KB9
11/06/2023 à 20:34

Excellentissime !

iwaboo
11/06/2023 à 17:43

@pseudoudou

aller sur gamekyo en 2023 faut être sacrément courageux. après j'imagine que tu vas aussi faire chier jv.com qui fait tout sauf du jv ? non c'est pour savoir hein

Fred_NTH
11/06/2023 à 17:05

Ahahah, bravo pour cet axe et pour le titre qui fait cliquer (non je n'utiliserai pas le mot pas beau), très bon article.

Frsoa
11/06/2023 à 17:03

J'ai cliqué, j'ai lu, je n'ai pas été déçu !

Pseudoudou
11/06/2023 à 15:43

Y'a des sites spécialisés pour le jv sinon.

Je ne vais pas sur gamekyo pour avoir la critique de la dernière merde sortie au ciné

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